Emeutes xénophobes, Afrique du sud mai 2008

Emeutes raciales et xénophobie en Afrique du Sud

Les territoires de la mémoire

n°46, octobre-décembre 2008

Depuis plusieurs mois, l’Afrique du Sud doit faire face à des émeutes d’une extrême violence qui opposent certaines populations locales et les nouveaux migrants venus des pays limitrophes à la recherche d’un emploi et d’une vie meilleure. Le pays n’a pas encore fait le point sur son propre passé que des nouveaux drames font déjà leur apparition.

Entretien avec Kathryn Pillay,

Maître de conférence à la « School of Sociology & Social Studies « de l’Université de KwaZulu-Natal à Durban

Julien Paulus : Les médias en Europe ne parlent pas beaucoup des attaques xénophobes et racistes contre les étrangers en Afrique du Sud, on peut dès lors se poser la question suivante : est-ce que c’est vraiment un sujet important dans les médias aujourd’hui ?

Kathryn Pillay : La violence qui a émergé à Johannesburg en mai de cette année et qui s’est répandue rapidement à travers le pays n’est vraiment pas un sujet sans importance ! Les élections démocratiques de 1994, les nouvelles politiques, et l’arrêt des sanctions internationales ont provoqué une augmentation des migrations vers l’Afrique du Sud en particulier des pays limitrophes et d’autres pays du continent africain. Contrairement à une croyance fort répandue, les migrations internationales vers l’Afrique du Sud ne sont pas du tout un nouveau phénomène. La longue histoire des migrations semble avoir été oubliée par le grand public, les médias et les hommes politiques, et, malgré ces mouvements de populations massifs sur plusieurs décennies, il y a clairement des signes d’une xénophobie galopante dans le chef de la population d’Afrique du Sud. Cette xénophobie est orientée contre les migrants en général, contre les migrants illégaux, contre les réfugiés, et tout cela dans une société post-apartheid et démocratique. Ce n’est pas tant la xénophobie en tant que peur des étrangers qui augmente depuis 1994 mais la violence qui accompagne ce rejet. Cette violence place l’Afrique du Sud parmi des pays comme on en trouve en Europe qui ont également des problèmes de xénophobie. Dans une société qui prétend rejeter le racialisme, dans une société où les gens refusent d’inclure ou d’exclure l’autre sur une base raciale, on trouve aujourd’hui des processus de rejet de l’autre et d’exclusion qui rappellent l’apartheid et qui ont une influence sur les flux migratoires et les migrations en général vers l’Afrique Sud. La société en Afrique du Sud est donc visiblement en train de vivre une période de transformation avec de nouvelles réalités et de nouvelles opportunités et, d’une certaine manière, on peut dire que l’apartheid a été remplacé par la xénophobie. Même si mon point de vue peut paraître extrême, la xénophobie est une question sociale qui doit être au coeur du débat si les idéaux démocratiques et « la renaissance africaine « tels que promus par le gouvernement, sont vraiment des objectifs.

Julien Paulus : Quelles sont les nationalités des victimes de la xénophobie ?

Kathryn Pillay : En Afrique du Sud, la xénophobie ne peut pas être considérée comme un rejet des étrangers en général ; il a été remarqué que les Africains noirs en provenance d’autres parties du continent sont bien plus souvent affectés par la xénophobie en comparaison avec les Blancs. Les réfugiés, les demandeurs d’asile et les migrants sans papiers viennent de toute l’Afrique mais plus particulièrement du Zimbabwe, de Somalie, du Burundi, du Mozambique, du Malawi et de la République démocratique du Congo. Ces migrants viennent en Afrique du Sud pour une foule de raisons mais essentiellement pour trouver refuge face à la violence politique dans leur propre pays. Par exemple, les migrants qui viennent du Congo cherchent à fuir une guerre qui a fait quatre millions de morts en dix ans. Ils sont venus en Afrique du Sud avec leur famille à la recherche d’une vie meilleure et plus sécurisante.

Julien Paulus : Pouvez-vous nous en dire davantage au sujet de ces émeutes et comment elles sont répandues à travers le pays ?

Kathryn Pillay : Beaucoup de raisons ont été avancées pour expliquer la terrible violence qui a eu lieu en mai de cette année. Une explication parmi d’autres, c’est que certains citoyens d’Afrique du Sud perçoivent les étrangers comme des « voleurs d’emploi « ou encore des criminels. Les étrangers sont aussi blâmés pour leur prétendue responsabilité dans la propagation du Sida, l’augmentation du chômage et le viol des femmes d’Afrique du Sud. Il y a une croyance très répandue ici selon laquelle les Africains du Sud doivent entrer en compétition avec les étrangers dans un contexte de ressources économiques rares. Ces perceptions vis-à-vis des étrangers sont souvent entretenues par les médias mais aussi par des attitudes ouvertement xénophobes dans le chef des hommes politiques ou des officiels du gouvernement qui font des déclarations xénophobes et des commentaires qui ne sont pas remis en question par la presse. Les médias ne reflètent donc pas seulement le racisme et la xénophobie ambiants mais peuvent également contribuer à l’incompréhension par rapport à la réalité et aux faits. Les étrangers qui vivent et qui travaillent dans les provinces de Gauteng (Western Cape), et de Kwazulu-Natal ont été très touchés par les violences xénophobes. Ce n’est pas seulement la violence qui pose problème mais le degré terrible de celle-ci. Les journaux locaux et nationaux diffusent régulièrement des photos en première page d’étrangers brûlés vifs par leurs ravisseur. s Des reportages à la télévision révèlent des traitements absolument inhumains qui rappellent des scènes que l’Afrique du Sud n’avait plus connues depuis longtemps. La violence a laissé plus de soixante morts et vingt mille blessés depuis le début des émeutes. Et à ce jour, il y a toujours près de trois mille étrangers qui vivent dans des camps de réfugiés à Johannesburg.

Julien Paulus : Qu’est-ce que les autorités font pour faire face à cette violence ?

Kathryn Pillay : Le gouvernement a eu connaissance d’événements xénophobes qui s’étaient produits par le passé mais rien n’a été fait pour lutter contre ceux-ci. Il a fallu attendre l’explosion de violence en mai pour que les autorités reconnaissent finalement l’existence du problème. Plusieurs villes d’Afrique du Sud sont cependant toujours aujourd’hui dans la négation de Kathryn Pillay l’existence de la xénophobie. A Durban, par exemple, les médias ont affirmé que la ville était largement épargnée. La réalité cependant est toute différente : près de deux mille cinq cents étrangers ont dû se réfugier dans les églises et dans les postes de police pendant les attaques. Des bus ont été envoyés des pays limitrophes comme le Mozambique et le Malawi pour embarquer les réfugiés et les ramener dans leur pays d’origine. A ce jour, il y a toujours des victimes qui vivent dans des bidonvilles ou dans la rue alors que la persécution continue contre leurs communautés. Quant aux personnes qui sont toujours sur les sites de réfugiés, ce sont celles qui ne peuvent pas rentrer dans leur pays d’origine et qui ne peuvent pas non plus réintégrer l’Afrique du Sud. Parmi elles, nombreuses sont celles qui ont fui des pays en guerre pour découvrir les atrocités qui les attendaient en Afrique du Sud, pays dit en paix. Fin mai 2008, plus de deux cents responsables présumés des attaques xénophobes ont été arrêtés.

Julien Paulus : Avec le souvenir de l’apartheid et l’idéologie racialisante qui le caractérisait, comment expliquez-vous de tels comportements vis-à-vis des étrangers ?

Kathryn Pillay : Je dirais que l’Afrique du Sud contemporaine est passée d’un rejet de l’autre interne à la communauté nationale, tel que promu par le régime de l’apartheid, à un rejet de l’autre figurant en dehors de cette même communauté : les étrangers. De la même façon que l’apartheid a criminalisé la couleur de peau noire, la nouvelle xénophobie criminalise l’appartenance noire quand elle est associée au statut d’étranger. Dans ce contexte, le nationalisme devient central dans la problématique xénophobe et constitue une dérive de la volonté de créer une nouvelle identité nationale. Pour toute une partie du peuple sudafricain qui n’est que depuis très récemment considéré comme citoyen à part entière, l’ennemi dans la lutte pour l’accès aux ressources et aux services n’est plus l’Etat blanc de l’apartheid, mais celui qui n’est pas citoyen de la Nation : l’étranger.

Julien Paulus : Nous ne sommes donc peut-être pas devant du racisme à l’état pur mais plutôt un combat pour l’accès à l’emploi à la sécurité sociale, êtes-vous d’accord avec cela ?

Kathryn Pillay : Les attaques violentes ont été perpétrées contre des Noirs africains par des Noirs sud-africains. Je dirais donc que la xénophobie n’est pas seulement liée à l’économie et à l’emploi, mais aussi à l’opposition « nous « et « eux «. Cette opposition renvoie à « l’inclusivité « et « l’exclusivité « mais aussi à l’existence des Nations et des Etats-Nations. Je crois qu’il est nécessaire de faire une distinction conceptuelle entre la xénophobie et le racisme. Le racisme peut-être décrit comme un rejet basé sur la croyance qu’il existe des différences biologiques entre les êtres humains et que ceux-ci puissent dès lors être catégorisés et classés en divers groupes homogènes qui entretiendraient des rapports hiérarchiques entre eux. Par contre, la xénophobie caractérise une distinction opérée parmi un groupe d’individus et qui prend sa source essentiellement (mais pas seulement) dans les concepts de nation et de citoyenneté. Même si je maintiens une distinction théorique entre ces deux concepts, je ne suis pas certaine que les gens sur le terrain maintiennent cette distinction. C’est là qu’on voit clairement la différence entre le débat théorique et la complexité du terrain, un terrain dramatique aujourd’hui en Afrique du Sud.

Notes : Traduction : Jérôme Jamin

Retranscription : Jamila Tita

Des milliers d’immigrés fuient l’Afrique du Sud, effrayés par la xénophobie

JOHANNESBURG (AFP) — Des dizaines de milliers d’immigrés, effrayés par les violences xénophobes, continuaient lundi à fuir l’Afrique du Sud ou à se regrouper dans des camps de fortune, bien que le président Thabo Mbeki ait tenté de calmer les esprits, trop tard selon les critiques.

Les violences à Johannesburg, épicentre des attaques qui ont fait au moins 50 morts et des centaines de blessés en deux semaines, semblaient s’atténuer, la police signalant seulement quelques incidents sporadiques.

« C’est très, très tranquille, à part quelques masures vides incendiées à Katlehong », un bidonville de la banlieue est de Johannesburg, a déclaré lundi matin à l’AFP Govindsamy Mariemuthoo, porte-parole de la province du Gauteng, où se trouve la capitale économique du pays.

« Nous faisons des patrouilles et surveillons la situation », a-t-il ajouté.

Plus de 35.000 immigrés ont toutefois déjà déserté les townships pour se réfugier sur des terrains vagues près de commissariats ou dans des centres sociaux, dans des conditions sanitaires préoccupantes en ce début d’hiver austral, marqué par des températures nocturnes voisines de zéro.

Des dizaines de milliers d’étrangers, dont plus de 26.000 Mozambicains, ont préféré rentrer dans leurs pays.

Le président Mbeki, très critiqué pour son absence du devant de la scène depuis le début des violences le 11 mai, s’est adressé pour la première fois à la Nation dimanche soir, condamnant les « actes honteux » qui ont « terni le nom du pays ».

« Jamais depuis la naissance de notre démocratie nous n’avons vu une telle inhumanité », a-t-il continué, dénonçant des « meurtres commis de sang froid, des attaques brutales, des pillages ».

Ces violences « contredisent tout ce que notre libération de l’apartheid représente », a-t-il dit dans ce message retransmis par les radios et télévisions du réseau public SABC.

« C’était un très bon discours, mais il intervient trop tard », a cependant estimé lundi un analyste de l’Institut sud-africain pour les relations entre les races, Sipho Seepe. « Le défi, ce n’est pas de condamner, mais de prendre des mesures immédiates quand il y a du grabuge dans le pays », a-t-il déclaré sur la radio publique SAFM.

Dans la journée, plusieurs ministres s’étaient rendus dans certains des énormes bidonvilles de la métropole sud-africaine pour tenter d’apaiser les tensions.

Le chef du Congrès national africain (ANC, au pouvoir), Jacob Zuma, habituellement très populaire, a été hué à Springs, dans la banlieue est, par une foule en colère demandant que les étrangers quittent le pays et que le gouvernement améliore les conditions de vie dans les quartiers pauvres.

Nombre de Sud-Africains reprochent aux étrangers de prendre des emplois et de contribuer à la criminalité dans la première puissance économique du continent, où le chômage et la misère touchent toutefois quelque 40% de la population.

« Ce n’est pas en vous battant que vous résoudrez vos problèmes, vous ne ferez au contraire que les exacerber », a déclaré Zuma, favori pour la présidence de la République en 2009.

« Dites (aux dirigeants africains) de dire à leurs peuples de ne pas venir nous embêter dans notre pays! Ils se nourrissent sur la bête! », a lancé un jeune homme, soulevant un hurlement collectif d’approbation.

Des dizaines de milliers d’étrangers fuient l’Afrique du Sud. Plus de 26.000 Mozambicains ont déjà regagné leur pays, selon le directeur de l’Institut national de gestion des catastrophes, Joao Ribeiro.

Le gouvernement mozambicain a affrêté 19 autobus pour rapatrier ses ressortissants et ouvert trois centres de transit pour les accueillir.

Le président Armando Guebuza s’est rendu lundi dans celui de Belualane, à environ 20 km de Maputo, où il a appelé une centaine de rapatriés, à se réinstaller dans le pays et à y chercher un nouvel emploi.

Derrière les violences urbaines, le « Slum act » ?

jeudi 22 mai 2008

Depuis dix jours, la population d’Afrique du Sud assiste, effarée et impuissante, à la violence extrême déployée contre les résidents étrangers des bidonvilles. Tout a démarré le 11 mai à Alexandra, l’emblématique bidonville situé en proche périphérie de Johannesburg, à côté du quartier d’affaires ultra-moderne de Sandton. Les agressions ont rapidement été répliquées dans d’autres quartiers, faisant 42 morts et un grand nombre de blessés, semant la panique. Plus de 16 000 personnes ont quitté leur shack, cherchant refuge dans les églises, les postes de police, les écoles… La police, assistée par l’armée, a arrêté 400 personnes. Les agresseurs s’en prenaient aux étrangers qui vivent sans papiers dans ces quartiers, ayant fui notamment la répression politique et la crise économique du Zimbabwe, et qu’ils accusent de leur voler emplois et logements.

Dans une attitude désormais classique de déni, le gouvernement de M. Thabo Mbeki s’est empressé de pointer du doigt une sinistre « troisième force (1) » — rappelant qu’en 1994, des éléments pro-apartheid avaient jeté de l’huile sur le feu entre l’African National Congress (ANC) et l’Inkhata Freedom Party, pour provoquer des violences présentées comme inter-ethniques. De son côté, l’ANC, désormais dirigé par M. Jacob Zuma, attribuait la responsabilité du chaos aux « échecs du gouvernement ».

En difficulté sur l’énergie (avec les coupures d’électricité qui ont affecté le pays depuis début 2008), sur l’alimentation (avec les hausses de prix) et sur la délinquance, ce gouvernement en fin de règne apparaît également incapable de maîtriser la crise du logement qu’il a laissé se développer dans le pays. Avec l’extension progressive du « Slums Act », une loi visant à éradiquer les bidonvilles, il semblait en effet penser qu’il suffisait d’en décréter la suppression et de procéder à des expulsions manu militari pour que les pauvres rentrent chez eux.

Leçon de cette dernière semaine, la violence quotidienne de la vie des bidonvilles, où la grande pauvreté le dispute au mépris des autorités, peut conduire à un embrasement incontrôlable. A l’approche de la Coupe du monde de football qui doit se tenir en 2010, la valeur foncière d’un quartier comme Alexandra suscite inévitablement de grands appétits.

Au début de l’année, nous avions rencontré, à Alexandra, dans la zone de Marlboro South, les habitants d’une usine, désaffectée après les émeutes anti-apartheid de 1986, et squattée depuis lors. Ils s’attendaient à se voir signifier à tout moment un avis d’expulsion, car les anciens propriétaires avaient obtenu en justice la restitution de leur bien. A l’intérieur de l’usine vivaient deux cents foyers, installés dans des cabanes de bois et de carton empilées comme un château de cartes sur deux étages (« Nous sommes comme les oiseaux, nous faisons notre nid en hauteur ! »). Un lit pouvait servir à quatre personnes qui y dormaient à tour de rôle. En l’absence d’électricité, on s’y chauffait à la paraffine, au risque de provoquer un incendie. Sud-Africains fraîchement débarqués des homelands, Zimbabwéens ou Mozambicains sans papiers, les résidents s’y côtoyaient en bonne intelligence, s’asseyant ensemble chaque soir sur le muret de la cour d’enceinte pour discuter. Ils travaillaient comme agents de sécurité ou ouvriers du bâtiment, pour des salaires de misère ; avec 35 rands par jour, soit environ deux euros, impossible même de payer le transport : il fallait aller travailler à pied. « Nous venons de différents endroits, et chacun a ses habitudes. Nous ne nous sommes pas mis d’accord pour faire à manger en commun », expliquait à regret M. White, un des habitants (un Sud-Africain). Chacun pour soi, donc, mais plutôt compagnons de galère que partisans de la guerre civile.

De nombreuses organisations ont décidé de se coordonner pour assurer la sécurité de tous les résidents et pour empêcher de nouveaux crimes — montrant ainsi le peu de crédit dont jouit une police plus crainte que respectée. Il faudrait, quand la poussière sera retombée, que la population soit associée à un véritable plan de réhabilitation de ces quartiers.

Philippe Rivière

(1) Peter Fabricius, « “Third force behind attacks” », Cape Times, Le Cap, 21 mai.

L’armée à la rescousse contre le développement des violences xénophobes

RFI

22/05/2008

Le président sud-africain, Thabo Mbeki, a autorisé hier le déploiement de l’armée en renfort de la police, pour tenter d’enrayer les violences xénophobes. Le bilan de ces 10 derniers jours est désormais de 42 morts et 16 000 déplacés. Des violences qui se sont étendues au delà de la région de Johannesburg en touchant à présent Durban, la deuxième ville du pays.

L’opposition et la société civile s’étaient relayées depuis le début de la semaine pour exiger la mobilisation de l’armée, et Jacob Zuma, le chef de l’ANC, le parti au pouvoir, les a rejointes hier matin. Le président sud-africain Thabo Mbeki a donc finalement, lui aussi, estimé que la situation méritait que les forces de défense nationale soient appelées en renfort. Car il s’agit bien de renfort : l’état d’urgence n’a pas été déclaré, la police conserve la direction des opérations, on ne verra donc pas de militaires patrouiller dans les bidonvilles.

Le communiqué de la présidence précise bien que la demande émane de la police ; il est vrai que la police métropolitaine et la police nationale ont fort à faire, elles doivent protéger et les populations déplacées et les étrangers qui n’ont pas quitté les bidonvilles, tout en poursuivant les patrouilles visant à maintenir l’ordre et appréhender les auteurs des chasses à l’étranger.

Cette spirale de la violence a provoqué l’intervention de diplomates africains en poste à Pretoria pour rassurer leur population et faciliter leur rapatriement.

Une situation embarrassante pour Mbeki, qui espère bien, avec cette mobilisation de l’armée, mette un terme à l’image négative véhiculée cette semaine par les photos de l’horreur xénophobe dans les journaux internationaux.

Recours à l’armée en Afrique du Sud


22 mai 2008

Le président Mbeki a autorisé hier le déploiement de l’armée pour épauler la police et enrayer les violences xénophobes qui frappent le pays depuis plusieurs jours. Hier, le bilan de ces attaques a été porté à 42 victimes, et plus de 16.000 déplacés à Johannesburg.

Les militaires ne sont pas censés remplacer les forces de l’ordre, plutôt les épauler. Un choix inévitable, si l’on en croit les porte-paroles de la présidence, après la vague importante de violences qui ont frappé Johannesburg et ses alentours, depuis plusieurs jours. Des violences à caractère xénophobe, certains locaux reprochant notamment à des immigrés d’autres pays africains de leur « voler des emplois », entre autres griefs.

Dans un bref communiqué, la présidence a annoncé que Thabo Mbeki avait « approuvé une requête des services de la police sud-africaine pour l’implication de la Force de défense d’Afrique du Sud (SADF) afin de faire cesser les attaques en cours contre les étrangers dans la province du Gauteng », où se trouvent Johannesburg et Pretoria.

Le bilan, d’une dizaine de morts au départ, a rapidement grimpé hier à 42 victimes, auxquelles s’ajoutent environ 16.000 déplacés. Les attaques ont débute le 11 mai dans le bidonville d’Alexandra, mitoyen du quartier financier de Sandton, avant de s’étendre à d’autres townships.

On a appris de nouvelles attaques à Durban, dans l’est du pays ou encore dans les townships de Leslie et Embalenhle, près de la ville industrielle de Secunda, dans le Mpumalanga.

Des violences qui rappellent le souvenir douloureux des affrontements de 1994, qui avaient accompagné la « transition démocratique ». « L’Afrique du Sud est le dernier pays qu’on aurait imaginé plonger dans la xénophobie », a déclaré le ministre kényan des Affaires étrangères, Moses Wetangula, rappelant que « pendant le chemin difficile vers l’indépendance, les Sud-Africains s’étaient expatriés sur tout le continent ».

L’armée envoyée en renfort dans les townships d’Afrique du Sud

| 21.05.2008

Par Gordon Bell

JOHANNESBURG (Reuters) – L’armée sud-africaine sera envoyée en renfort dans les townships afin d’aider la police à faire cesser les attaques contre les étrangers qui ont fait 42 morts en dix jours, annonce la présidence.

« Le président Thabo Mbeki a approuvé une requête de la police sud-africaine en vue de l’engagement de la force de défense nationale sud-africaine pour faire cesser les attaques en cours contre les ressortissants étrangers », a déclaré la présidence dans un communiqué.

Sally de Beer, porte-parole de la police, a précisé que l’armée enverrait des hommes et de l’équipement. « Ils ne remplaceront pas la police, ils agiront pour nous soutenir dans des opérations spécifiques », a-t-elle dit.

Des milliers d’immigrés ont dû trouver refuge dans des églises ou des commissariats. Selon les forces de l’ordre, les violences racistes ont fait, outre les 42 morts, 16.000 déplacés depuis le 11 mai.

Elles se sont concentrées jusqu’à présent dans les quartiers pauvres de Johannesburg mais au moins six immigrés ont été blessés au cours de la nuit dans un bar tenu par un Nigérian à Durban, dans la province orientale du KwaZulu-Natal.

La police et les autorités nient que l’incident ait une origine raciste mais le Parti de la liberté Inkatha, principal rival de l’ANC au Kwazulu-Natal, a déploré que « de tels actes barbares se soient étendus à la province et à Durban en particulier ».

Les attaques xénophobes qui ont commencé le 11 mai à Alexandra sont le fait d’habitants pauvres qui s’en prennent essentiellement aux travailleurs immigrés, originaires pour la plupart du Zimbabwe ou du Mozambique.

Ces clandestins sont accusés de « voler » le travail des Sud-Africains et d’alimenter la criminalité ambiante.

Des responsables du gouvernement n’excluent pas que ces attaques soient organisées, peut-être avec des arrière-pensées politiques. Quatre dirigeants communautaires ont été arrêtés mercredi dans la région de Johannesburg.

Mercredi, des véhicules blindés de la police sillonnaient les quartiers est de Johannesburg où l’on pouvait voir d’épais nuages de fumée au-dessus des camps de squatters.

La situation semblait plus calme mais Amelia, une femme originaire du Zimbabwe, n’avait aucune envie de prendre de risque. « Nous partons, c’est dangereux ici. »

Marius Bozsch, version française Jean-Loup Fiévet, Jean-Stéphane Brosse

La vague de violence xénophobe a fait au moins 42 morts

LEMONDE.FR avec AFP, Reuters et AP | 21.05.08 |

La récente flambée de violence xénophobe dans la banlieue de Johannesburg et sa région a fait au moins 42 morts et provoqué le déplacement de 16 000 personnes, selon la police sud-africaine. « Quatre cents personnes ont été arrêtées », a en outre précisé un porte-parole de la police de la province de Gauteng, alors que le gouvernement du premier ministre Thabo Mbeki a décidé le déploiement de l’armée, pour éviter de nouvelles attaques et venir en aide aux forces de police.

Après avoir éclaté le 11 mai dans plusieurs townships de Johannesburg, la violence a atteint la ville de Durban, dans l’est du pays, preuve que la colère contre les immigrés n’est pas concentrée dans la capitale économique sud-africaine. Dans cette ville portière de la province du Kwazulu-Natal, des commerces appartenant à des Nigériens ont été attaqués par une foule armée de bâtons et de bouteilles, sans faire de victimes.

A Johannesburg, « la zone a été calme dans la nuit de mardi à mercredi. Mais il y a eu quelques incidents, par exemple dans les bidonvilles de Gugulethu et de Ramaphosa, dans l’East Rand », a indiqué la police de la ville.

Face à l’ampleur des attaques contre les travailleurs immigrés, majoritairement en provenance du Zimbabwe et du Mozambique, le gouvernement a confirmé qu’il acceptait, sur demande de la police, « l’implication de la Force de défense d’Afrique du Sud afin de faire cesser les attaques en cours contre les étrangers ». Auparavant, un conseiller de M. Mbeki avait déclaré que les forces armées ne seraient déployées « que dans l’hypothèse où la police serait débordée ».

La police sud-africaine disperse 700 habitants d’un township

Reuters mardi 20 mai 2008

La police sud-africaine a tiré des balles en caoutchouc sur près de 700 habitants d’un township pour mettre fin aux violences xénophobes qui ont fait au moins 24 morts depuis neuf jours.

Armés de couteaux, de bâtons ou de bidons d’essence, des groupes d’habitants des quartiers pauvres s’en prennent depuis le 11 mai dernier aux travailleurs immigrés, originaires pour la plupart du Zimbabwe ou du Mozambique, en les accusant d’alimenter la criminalité et de prendre les rares emplois disponibles.

Des médias locaux ont signalé deux nouveaux décès dans la nuit de lundi à mardi, à l’est de Johannesburg, dans le township de Ramaphosa.

Selon un caméraman de Reuters TV sur place, la police a dispersé près de 700 personnes de ce quartier dans la journée en tirant des balles en caoutchouc en direction de la foule.

Depuis le début des troubles, dans le township d’Alexandra, plus de 200 personnes ont été arrêtées.

En neuf jours de violences, plusieurs victimes ont été brûlées vives, des femmes ont été violées et quantité de boutiques ou de maisons ont été pillées.

Des milliers d’immigrés ont dû trouver refuge dans des églises ou des commissariats, de peur de subir les foudres des manifestants déraisonnés.

« LES CHOSES SE CALMENT »

Ces attaques ternissent l’image d’un pays autrefois réputé pour le bon accueil réservé aux immigrés et aux demandeurs d’asile, en particulier africains.

La nation arc-en-ciel, qui accueillera la Coupe du monde de football dans deux ans, a toujours vanté son esprit de tolérance depuis la fin de l’apartheid.

Sur une population de 50 millions d’habitants, les immigrés comptent pour cinq millions, parmi lesquels quelque trois millions de Zimbabwéens ont fui la crise économique et politique dans leur pays.

Cette explosion de violence met aussi en relief le sentiment croissant, parmi la population pauvre, d’avoir été laissée au bord du chemin par la politique de promotion des affaires et de l’investissement mise en oeuvre par le président Thabo Mbeki.

Le chef de l’Etat, affaibli par l’élection de son rival Jacob Zuma en décembre dernier à la présidence du parti au pourvoir, l’ANC (Congrès national africain), a ordonné à la police de trouver au plus vite les instigateurs de ces violences.

De son côté, le trésorier général de l’ANC, Matthews Phosa, a réclamé au cours du week-end des élections anticipées, en appelant à l’installation d’une direction forte à la tête du pays.

Le parti a jugé mardi que la situation s’apaisait dans les townships, où plusieurs membres de la formation ont été dépêchés afin de rétablir l’ordre.

« Nous gérons la situation. Il y a de nombreux militants de l’ANC sur le terrain (…) les choses se calment », a assuré Jesse Duarte, un porte-parole du Congrès national africain, au micro de 702 Talk Radio.

Marius Bosch et Paul Simao, version française Jean-Stéphane Brosse et Olivier Guillemain

La terreur pousse à la fuite les immigrés des bidonvilles d’Afrique du Sud

20 mai 2008

Par Clément Daniez

Des églises et des centres sociaux pour seuls refuges. Les violences anti-immigrés qui ont éclaté en Afrique du Sud ces dernières semaines ont forcé 13.000 personnes à quitter leur foyer pour trouver refuge dans des lieux de culte, a annoncé mardi l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).

Depuis le 11 mai, plus d’une vingtaine d’étrangers ont été massacrés et des milliers d’autres déplacés lors d’émeutes dans les bidonvilles de Johannesburg, la capitale économique du pays.

Ces chasses à l’homme sont l’oeuvre de bandes armées de machettes et d’armes à feu s’en prenant particulièrement aux Zimbabwéens. Et si la situation semble être redescendue d’un cran mardi, les foules armées perdurent.

La police débordée

Confrontés à 40 % de chômage et 43 % de pauvreté, beaucoup de Sud-Africains accusent les immigrés de voler leurs emplois et d’être responsables de la criminalité. La majorité de ces immigrés, qui seraient au total trois millions pour 48 millions d’habitants en Afrique du Sud, sont des Zimbabwéens.

À Johannesburg, où le taux de criminalité est l’un des plus élevés du monde, la police est débordée par les émeutiers. Le puissant syndicat national des mineurs ainsi que la Commission des droits de l’homme sud-africaine ont jugé d’ailleurs indispensable le recours à l’armée.

« Les citoyens d’autres pays d’Afrique et au-delà sont des êtres humains comme nous et méritent d’être traités avec respect et dignité », a déclaré dans un appel au calme le chef de l’État Thabo Mbeki, longtemps exilé dans les pays voisins sous le régime raciste d’apartheid.

13.000 personnes ont fui leurs foyers


GENÈVE – Les violences qui ont éclaté en Afrique du sud, principalement contre les étrangers, ont forcé 13.000 personnes à quitter leurs foyers pour trouver refuge dans des églises et des centres sociaux, a annoncé mardi l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).

« Treize mille personnes ont dû fuir leurs maisons, pour se réfugier dans des églises, des centres de paroisse, la plupart sans rien emporter avec eux », a déclaré à l’AFP le porte-parole de l’OIM, Jean-Philippe Chauzy.

« Les organisations humanitaires, dont la Croix rouge sud-africaine, vont distribuer mercredi des kits d’urgence contenant des vêtements et des produits d’hygiène », a-t-il indiqué.

Une vingtaine de personnes ont été tuées en une semaine dans les bidonvilles et dans les anciens ghettos noirs de Johannesburg, dans des flambées de violence visant principalement des immigrés.

L’OIM prévoit de diffuser des messages contre les violences xénophobes sur les ondes de la radio régionale d’Afrique du sud Metro FM.

Selon l’OIM, entre 2 et 5 millions de migrants, principalement issus d’Afrique australe vivent en Afrique du sud et la plupart travaillent dans le secteur informel.

Parmi eux, un million viennent du Zimbabwe où la crise politique a accentué le flux de l’émigration.

(©AFP / 20 mai 2008 15h25)

Des pogroms à Johannesburg

Afrique du Sud. Les émeutes visant les immigrants des pays voisins ont fait 22 morts.

De notre correspondante à Johannesburg VALÉRIE HIRSCH

QUOTIDIEN : mardi 20 mai 2008

En une semaine, les émeutes anti-immigrés d’une virulence inédite à Johannesburg ont fait au moins 22 morts et 220 blessés. Jour après jour, des foules de Sud-Africains pauvres s’attaquent aux immigrants zimbabwéens et mozambicains à Alexandra, un quartier surpeuplé et misérable de Johannesburg. Les Zoulous écument les bidonvilles peuplés d’étrangers. «Ils m’ont juste demandé d’où je venais, puis ils m’ont frappée à la tête», raconte Yvonne Ndlovu, une jeune Zimbabwéenne de 19 ans.

Depuis le 11 mai, des groupes munis de bâtons, de clubs de golf, et pour certains d’armes à feu, sèment la terreur, chaque nuit dans les rues du township. «Les étrangers prennent nos emplois, nos maisons. Ce sont des criminels ! accuse Thabo, un étudiant zoulou. Ils doivent partir !»

Ces dernières heures, tous les étrangers ont déserté Alexandra ou se sont réfugiés au poste de police, qui abrite un millier de rescapés depuis une semaine. Depuis jeudi, ce scénario s’est répété dans une quinzaine d’autres townships et dans les quartiers pauvres du centre-ville. Partout, des foules de Sud-Africains noirs font la chasse aux Zimbabwéens et aux Mozambicains, avec une extrême violence.

Supplice. «Les habitants ont regardé le drame en rigolant», selon le Times, un journal local qui a publié, hier, la photo d’un homme brûlé vif. Une image qui rappelle le supplice du pneu enflammé, symbole du débordement de violence pendant l’insurrection des townships contre le régime d’apartheid dans les années 1980 et 90. Des Sud-Africains, pris pour des étrangers, ont été tués.

La police ne parvient pas à enrayer cette spirale. Dimanche, elle a dû tirer des balles en caoutchouc pour protéger l’Eglise méthodiste de Johannesburg, qui accueille quelque 1 500 réfugiés africains. Des rescapés continuaient à y affluer hier, dont cet enseignant zimbabwéen de 38 ans, Steve Ndlovu :«Ce matin, les Zoulous ont attaqué le centre commercial chinois où je travaille. Ils nous reprochent de travailler pour des salaires trop bas et veulent qu’on parte. Je suis resté caché quatre heures dans un conteneur. Beaucoup de Zimbabwéens veulent rentrer au pays : mieux vaut aller mourir chez nous !»

Crise. Ces «ratonades» ne sont pas nouvelles en Afrique du Sud, mais elles n’avaient jamais pris une telle ampleur. Isolés du temps de l’apartheid, les Noirs sud-africains n’ont pas été préparés à l’arrivée de nombreux immigrés du reste du continent après 1994, notamment à l’afflux de Zimbabwéens chassés par la crise dans leur pays depuis 2000. Ils seraient aujourd’hui 3 millions. «Tant le gouvernement sud-africain que les Nations unies ont refusé de leur accorder un statut de réfugiés, déplore Eric Goemaere, de Médecins sans frontières-Belgique. Les Zimbabwéens en sont réduits à vivre comme des clandestins tout en étant considérés comme des profiteurs.» Même si seulement 2 à 3 % des criminels arrêtés par la police sont des étrangers, les Sud-Africains les rendent responsables de la forte criminalité. Même si l’apport de cette main-d’œuvre étrangère, souvent plus qualifiée et dynamique que les locaux, est positif pour l’économie sud-africaine, les pauvres les accusent d’être responsables du taux de chômage de 40 %. Le gouvernement a toujours minimisé la crise au Zimbabwe. Comme il minimise à présent le problème de la xénophobie : «C’est un élément secondaire dans les attaques de ces derniers jours, estime la ministre de l’Intérieur Nosiviwe Mapisa-Nqakula . Selon elle, les émeutiers sont «des éléments criminels qui ont manipulé la population». Les attaques ont-elles été orchestrées pour déstabiliser l’Afrique du Sud, qui doit accueillir la Coupe du monde de football en 2010 ? Le président Thabo Mbeki a annoncé le lancement d’une enquête pour déterminer l’origine des émeutes.

Photo: La Presse Canadienne /AP/Themba Hadebe. Des manifestants armés déferlent sur Reiger Park

Afrique du Sud: des milliers d’étrangers fuient les attaques racistes


JOHANNESBURG (AFP) — Des milliers d’immigrés, en particulier des Zimbabwéens, fuient leurs maisons dans les townships de Johannesburg après des attaques xénophobes qui ont gagné les quartiers pauvres du centre-ville, faisant au moins 22 morts depuis une semaine.

Des bandes de Sud-Africains écument les anciens ghettos noirs et zones défavorisées de la capitale économique du pays. Munis de machettes et d’armes à feu, ils ont tué et blessé des étrangers, les forçant à fuir leurs masures en flammes et en immolant même certains par le feu.

Cette violence xénophobe a débuté le 11 mai dans le bidonville d’Alexandra, où deux personnes ont été tuées, et s’est étendue à d’autres ce week-end.

« Une actualisation du bilan montre que 22 personnes ont été tuées depuis le début des violences la semaine dernière et 217 ont été arrêtées », a indiqué à l’AFP le porte-parole de la police, Govindsamy Mariemuthoo.

« La nuit dernière (dimanche à lundi) a été relativement calme comparée aux précédentes. Nous avons eu quelques incidents et un meurtre a été signalé à Alexandra », a ajouté M. Mariemuthoo.

A Reiger Park, dans la banlieue d’East Rand, la violence a cependant repris lundi, avec des habitants forcés de quitter leur maisons incendiées. Près d’une cabane, un homme gisait, en sang, marqué de brûlures.

Une épaisse fumée a recouvert la zone toute la journée et les hélicoptères de la police scrutaient les rues à la recherche de nouveaux corps.

Un autre corps a été découvert. « Il a été tailladé et brûlé », a dit un policier montant la garde auprès du cadavre, ajoutant qu’il s’agissait sans doute d’un Malawite.

Dimanche, un immigré est aussi mort brûlé: ses assaillants l’ont ficelé dans sa couverture avant d’y mettre le feu. L’image de cette torche humaine faisait la « Une » des journaux.

« Tout ça, c’est la faute des Zimbabwéens. Ils faut qu’ils s’en aillent », a lancé une Sud-Africaine déclarant s’appeler Noxolo.

Les violences ont déplacé des milliers d’étrangers, accusés par beaucoup de Sud-Africains de prendre des emplois et d’être responsables de la criminalité.

Des centaines de personnes se sont réfugiées dans les centres sociaux et les postes de police des zones touchées, principalement la partie mal famée du centre-ville et les bidonvilles de l’est.

« La nuit dernière, nous avons accueilli plus de 2.000 personnes », a dit Mxolisi Koom, bénévole au centre civique de Germiston, proche d’un bidonville dans l’East Rand, à environ 40 kilomètres (25 miles) du centre.

Dans le quartier central de Cleveland, où six victimes ont été comptabilisées dimanche matin, « c’est très tendu, il n’y a vraiment rien d’ouvert », a déclaré à l’AFP la porte-parole de la police Cheryl Engelbrecht, précisant qu’au moins 300 personnes s’étaient réfugiées au commissariat.

La majorité des immigrants arrivés en Afrique du Sud ces dernières années sont des Zimbabwéens qui fuient la crise politico-économique de leur pays. Leur nombre est estimé à trois millions.

Le président sud-africain Thabo Mbeki et le chef du parti du Congrès national africain (ANC, au pouvoir) Jacob Zuma ont condamné ces attaques.

Le Haut commissariat de l’ONU aux réfugiés (HCR) a pour sa part accusé lundi le gouvernement de « ne pas avoir pris convenablement en compte » la question de la xénophobie.

Le prix Nobel de la Paix Desmond Tutu a plaidé pour l’arrêt des violences.

« Je vous en prie arrêtez tout de suite ces violences », a déclaré l’ancien archevêque anglican du Cap. « Ce n’est pas une façon d’agir. Ce sont nos frères et nos soeurs. S’il vous plaît, s’il vous plaît, arrêtez. »

Mgr Tutu a rappelé que pendant qu’ils luttaient contre le régime d’apartheid, des combattants sud-africains avaient été accueillis dans les pays voisins: « Nous ne pouvons les remercier en tuant leurs enfants. Nous ne pouvons déshonorer notre lutte par ces actes de violence ».

lundi 19 mai 2008, mis à jour à 17:44

Les violences xénophobes s’étendent en Afrique du Sud


Reuters

Les violences contre les immigrés continuent de s’étendre dans les faubourgs pauvres de Johannesburg.

Cette vague d’attaques xénophobes a fait au moins 22 morts ces derniers jours et accroît l’instabilité politique dans une Afrique du Sud déjà confrontée à des pénuries d’électricité et à la hausse de l’inflation.

Armés de couteaux, de bâtons ou de bidons d’essence, des groupes d’habitants des quartiers pauvres s’attaquent aux travailleurs immigrés, originaires pour la plupart du Zimbabwe ou du Mozambique, en les accusant d’alimenter la criminalité et de prendre les rares emplois disponibles.

Des femmes ont été violées, des boutiques et des maisons pillées et, par dizaines, les abris de tôle des bidonvilles ont été incendiés.

La presse locale et internationale a diffusé les photos d’un homme brûlé vif par la foule durant le week-end, des images rappelant le sort parfois réservé aux informateurs présumés de la police durant la lutte contre l’apartheid.

Certaines victimes estiment que des bandes criminelles profitent des incidents pour voler et piller et la police a annoncé l’envoi de renforts dans les quartiers touchés.

« C’est une guerre », déclare Lucas Zimila, un Mozambicain âgé de 60 ans, qui porte à la tête une blessure à la machette de quinze centimètres. Zimila a été attaqué dimanche soir dans sa cabane de Tembisa, au nord de Johannesburg. « Ils m’ont crié de partir, en disant que je n’avais rien à faire ici. Puis ils ont tout brûlé dans ma maison. »

Des centaines d’étrangers se sont réfugiés dans des églises et des commissariats de police sud-africains pour se protéger.

« J’ai connu de nombreux camps de réfugiés et cette situation est vraiment similaire », a déclaré Eric Goemare, porte-parole de Médecins sans frontières, à l’agence de presse SAPA. « J’ai soigné des blessures par balles, des personnes battues, des victimes de viols et les gens sont terrorisés. »

APPELS AU CALME

Ces attaques ternissent l’image d’un pays autrefois réputé pour le bon accueil réservé aux immigrants et aux demandeurs d’asile, en particulier africains.

La nation arc-en-ciel, qui accueillera la Coupe du monde de football dans deux ans, a toujours vanté son esprit de tolérance depuis la fin de l’apartheid.

Sur une population de 50 millions d’habitants, la population immigrée est estimée à 5 millions, parmi lesquels quelque trois millions de Zimbabwéens qui ont fui en Afrique du Sud en raison de la crise économique et politique dans leur pays.

Cette explosion de violence met aussi en relief le sentiment croissant, parmi la population pauvre, d’avoir été laissée au bord du chemin par la politique de promotion des affaires et de l’investissement mise en oeuvre par le président Thabo Mbeki.

Le chef de l’Etat, affaibli par l’élection de son rival Jacob Zuma à la présidence de l’ANC (Congrès national africain), le parti au pouvoir, en décembre dernier, a ordonné à la police de trouver au plus vite les instigateurs de ces violences.

Le trésorier général de l’ANC Matthews Phosa a réclamé au cours du week-end des élections anticipées, en appelant à l’installation d’une direction forte à la tête du pays.

Nelson Mandela et Desmond Tutu, icônes vivantes de la lutte contre l’apartheid, ont lancé des appels au calme.

Desmond Tutu a notamment souligné que les pays voisins de l’Afrique australe avaient accueilli nombre de Sud-Africains pendant la lutte contre le pouvoir blanc. « Nous ne pouvons pas rembourser notre dette en tuant leurs enfants », a-t-il dit.

Version française Nicole Dupont, Jean-Stéphane Brosse

Afrique du Sud: les townships à feu et à sang

JOHANNESBURG (AFP) — Les jambes en sang, le dos marqué de brûlures, un jeune homme est posé sans ménagement sur un brancard de fortune après une nouvelle nuit d’attaques xénophobes dans les quartiers pauvres de Johannesburg, la Cité de l’or sud-africaine.

Les yeux pleins de larmes, il frissonne, essaie de bouger, mais un policier parvient à le calmer en lui disant qu’il est à présent hors de danger, à l’abri de la foule en furie qui l’a attaqué.

« Il passait sur son vélo quand des gens s’en sont pris à lui », témoigne une habitante du township de Reiger Park, trop effrayée pour donner son nom.

« Il est resté là, allongé sur le sol, très longtemps », ajoute-t-elle.

Le jeune homme, en état de choc, est l’une des dizaines de victimes des violences, inédites en Afrique du Sud depuis les affrontements entre militants du Parti pour la liberté Inkhata (à dominante zouloue) et du Congrès national africain (ANC, aujourd’hui au pouvoir) lors la chute de l’apartheid en 1994.

Selon un bilan de la police publié lundi, au moins 22 personnes ont été tuées dans et autour de Johannesburg en une semaine. Plusieurs centaines ont été blessées ou dépouillées de leurs maigres biens et leurs masures détruites.

Ces violences xénophobes ont fait tâche d’huile dans les anciens ghettos noirs et le centre mal famé de Johannesburg. Les Unes des journaux montrant la photo d’un homme transformé en torche vivante illustraient la haine alimentant les agressions.

Peu d’habitants des townships étaient enclins à parler aux journalistes. Une résidente de Reiger Park n’a pas hésité toutefois à en rejeter la responsabilité sur les Zimbabwéens, qui seraient trois millions à s’être réfugiés en Afrique du Sud, fuyant la crise politico-économique dans leur pays.

« Tout ça, c’est la faute des Zimbabwéens. Il faut qu’ils s’en aillent », lance-t-elle, déclarant s’appeler Noxolo.

Les immigrés se voient souvent reprocher d’occuper indûment des emplois, dans un pays où quatre actifs sur dix sont au chômage et où la misère touche 43% d’une population confrontée en outre à une criminalité record avec une cinquantaine de meurtres par jour.

Johannesburg, capitale financière et plus grande métropole de la première puissance économique d’Afrique, ne cesse d’attirer les migrants de tout le continent, et ce depuis la ruée vers l’or au XIXe siècle.

Zimbabwéens, mais aussi Mozambicains, Nigérians, Malawites et Congolais ont fait exploser les chiffres de la population, alors que le gouvernement peine à tenir ses promesses de conditions de vie et de logement décentes pour tous.

Si les immigrés sont la cible privilégiée des attaques, des Sud-Africains ont aussi été pris dans la spirale de violences.

« Ils ne s’agit pas que d’étrangers. Le propriétaire de ce container est un métis d’ici et ils lui ont tout volé », dénonce Bongani, autre habitant de Reiger Park, montrant un container vide renversé au bord de la route.

Ce quartier pauvre affichait lundi les stigmates des attaques avec plusieurs masures incendiées et des feux brûlant encore aux coins de rues encombrées de restes de barricades.

Les forces de l’ordre y ont été souvent reçues à coups de pierre, des habitants espérant toutefois qu’elles parviennent à ramener le calme tout en leur reprochant de ne pas faire dans la dentelle.

« Je suis content que la police soit là, mais ils m’ont tiré dessus pour rien. J’étais dans ma cour et ils m’ont touché à la jambe », dénonce Bongani.

Afrique du Sud: des milliers d’étrangers fuient les attaques racistes

Par Fran BLANDY

Des milliers d’immigrés, en particulier des Zimbabwéens, fuient leurs maisons dans les townships de Johannesburg après des attaques xénophobes qui ont gagné les quartiers pauvres du centre-ville, faisant au moins 22 morts depuis une semaine.

Des milliers d’immigrés, en particulier des Zimbabwéens, fuient leurs maisons dans les townships de Johannesburg après des attaques xénophobes qui ont gagné les quartiers pauvres du centre-ville, faisant au moins 22 morts depuis une semaine.

Des bandes de Sud-Africains écument les anciens ghettos noirs et zones défavorisées de la capitale économique du pays. Munis de machettes et d’armes à feu, ils ont tué et blessé des étrangers, les forçant à fuir leurs masures en flammes et en immolant même certains par le feu.

Cette violence xénophobe a débuté le 11 mai dans le bidonville d’Alexandra, où deux personnes ont été tuées, et s’est étendue à d’autres ce week-end.

« Une actualisation du bilan montre que 22 personnes ont été tuées depuis le début des violences la semaine dernière et 217 ont été arrêtées », a indiqué à l’AFP le porte-parole de la police, Govindsamy Mariemuthoo.

« La nuit dernière (dimanche à lundi) a été relativement calme comparée aux précédentes. Nous avons eu quelques incidents et un meurtre a été signalé à Alexandra », a ajouté M. Mariemuthoo.

A Reiger Park, dans la banlieue d’East Rand, la violence a cependant repris lundi, avec des habitants forcés de quitter leur maisons incendiées. Près d’une cabane, un homme gisait, en sang, marqué de brûlures.

Une épaisse fumée a recouvert la zone toute la journée et les hélicoptères de la police scrutaient les rues à la recherche de nouveaux corps.

Un autre corps a été découvert. « Il a été tailladé et brûlé », a dit un policier montant la garde auprès du cadavre, ajoutant qu’il s’agissait sans doute d’un Malawite.

Dimanche, un immigré est aussi mort brûlé: ses assaillants l’ont ficelé dans sa couverture avant d’y mettre le feu. L’image de cette torche humaine faisait la « Une » des journaux.

« Tout ça, c’est la faute des Zimbabwéens. Ils faut qu’ils s’en aillent », a lancé une Sud-Africaine déclarant s’appeler Noxolo.

Les violences ont déplacé des milliers d’étrangers, accusés par beaucoup de Sud-Africains de prendre des emplois et d’être responsables de la criminalité.

Des centaines de personnes se sont réfugiées dans les centres sociaux et les postes de police des zones touchées, principalement la partie mal famée du centre-ville et les bidonvilles de l’est.

« La nuit dernière, nous avons accueilli plus de 2.000 personnes », a dit Mxolisi Koom, bénévole au centre civique de Germiston, proche d’un bidonville dans l’East Rand, à environ 40 kilomètres (25 miles) du centre.

Dans le quartier central de Cleveland, où six victimes ont été comptabilisées dimanche matin, « c’est très tendu, il n’y a vraiment rien d’ouvert », a déclaré à l’AFP la porte-parole de la police Cheryl Engelbrecht, précisant qu’au moins 300 personnes s’étaient réfugiées au commissariat.

La majorité des immigrants arrivés en Afrique du Sud ces dernières années sont des Zimbabwéens qui fuient la crise politico-économique de leur pays. Leur nombre est estimé à trois millions.

Le président sud-africain Thabo Mbeki et le chef du parti du Congrès national africain (ANC, au pouvoir) Jacob Zuma ont condamné ces attaques.

Le Haut commissariat de l’ONU aux réfugiés (HCR) a pour sa part accusé lundi le gouvernement de « ne pas avoir pris convenablement en compte » la question de la xénophobie.

Le prix Nobel de la Paix Desmond Tutu a plaidé pour l’arrêt des violences.

« Je vous en prie arrêtez tout de suite ces violences », a déclaré l’ancien archevêque anglican du Cap. « Ce n’est pas une façon d’agir. Ce sont nos frères et nos soeurs. S’il vous plaît, s’il vous plaît, arrêtez. »

Mgr Tutu a rappelé que pendant qu’ils luttaient contre le régime d’apartheid, des combattants sud-africains avaient été accueillis dans les pays voisins: « Nous ne pouvons les remercier en tuant leurs enfants. Nous ne pouvons déshonorer notre lutte par ces actes de violence ».

Douze morts dans des attaques xénophobes

19/05/2008
JOHANNESBURG (NOVOpress) – Depuis une semaine Johannesburg est l’épicentre d’une vague de violence contre les étrangers qui a fait au moins douze morts et une cinquantaine de blessés d’après la police. Les émeutes ont essentiellement touché le centre et les quartiers est de la ville mais des troubles ont eu lieu dans toute la province.

Les étrangers, particulièrement les Zimbabwéens, dont les derniers arrivés ont fui les violences post-électorales du 29 mars dans leur pays, ont été pris pour cible par des groupes armés de machettes et d’armes à feu. Evalué à un nombre d’environ trois millions, ces immigrés sont accusés par certains sud-africains – noirs – d’être responsables de la criminalité et du chômage. D’après un coordinateur de Médecins sans frontières, les victimes racontent que « des bandes organisées de cent à trois cent jeunes entrent dans les maisons, les appartements et les cabanes et saccagent tout sur leur passage… » Une église, dans laquelle s’étaient réfugiés un millier de zimbabwéens, de même qu’un commissariat ont été attaqués par la foule.

Alors que le gouvernement M’Beki annonçait qu’une commission avait été mise en place, Jacob Zuma, président de L’A.N.C. déclarait : « Nous ne pouvons permettre que l’Afrique du Sud soit réputée pour sa xénophobie. Nous ne pouvons pas être un pays xénophobe ». Quid de la criminalité raciale?

Quoi qu’il en soit, il serait intéressant de savoir quelles mesures va prendre le président M’Beki, vu qu’il a toujours, jusqu’alors, refusé de désavouer son « ami Mugabe », lequel a instauré un véritable racisme anti-Blanc d’Etat contre les Européens présents sur le sol de son pays.

Afrique du sud : violences xénophobes à Johannesburg


En Afrique du sud, des émeutes à Johannesburg ont fait 22 morts en une semaine. Ce sont des foules de Sud-Africains pauvres qui s’attaquent aux immigrants venus du reste de l’Afrique. Les chômeurs sud-africains, qui font face à la forte hausse des prix alimentaires, accusent les étrangers d’être responsables de leur pauvreté….

19 mai 2008 18:41

Les attaques xénophobes qui ont débuté la semaine dernière, ont lieu dans un pays socialement malade, économiquement fragile et où la violence bat tous les records. C’est dans ce contexte que s’est développé une sensibilité xénophobe, dénoncée par des organisations internationales depuis une dizaine d’années déjà. Ces mêmes organisations reprochent aujourd’hui au gouvernement de n’avoir pas pris de disposition pour entraver la montée de la violence qui secoue ces jours derniers les quartiers pauvres de Johannesbourg.

Dans les quartiers populeux de la ville, des bandes de jeunes sud-africains armés d’armes à feu, de machettes ou de simples bâtons, battent des étrangers qu’ils vont éventuellement chercher de maison en maison, elles mêmes incendiées après avoir été pillées. La cible de ces ratonnades sont des travailleurs que les jeunes sud-africains accusent de leur prendre leur travail. Dans la cible, principalement les 3 millions de Zimbabwéens; mais aussi des mozambicains, des nigérians, des congolais, ou encore des pakistanais.

Ces émeutes de la pauvreté ont fait 22 morts et des centaines de blessés, selon un bilan des forces de police dont les missions sur le terrain sont délicates: à plusieurs reprises, elles ont été accueillies par des jets de pierres. Des journalistes sur place affirment que des milliers d’immigrés ont fuit les zones de violences, cherchant refuge dans des centres sociaux ou des postes de police.

Afrique du sud: Les violences se propagent

Les violences xénophobes ont pris de l’ampleur en Afrique du Sud où la police affirme avoir enregistrée douze morts ce week-end. Plus d’une dizaine de quartiers ont enregistré des violences xénophobes, samedi.

Les bidonvilles ne sont visiblement plus les seuls à être touchés puisque les mouvements se sont déplacés vers le centre de Johannesbourg.

Des zones presque majoritairement habitées par des étrangers ont connu leur part de chasse aux étrangers.

Mais dans ces quartiers, les étrangers ont réagi énergiquement, et, par endroit, il y a eu de vraies batailles rangées aux gourdins, aux couteaux ou même à l’arme à feu.

En début de soirée, des secteurs ressemblaient à un champ de bataille après des combats : du sang sèché sur la chaussée alors que des policiers ramassaient des cadavres et des blessés.

Au moins 200 personnes ont été arrêtées pour des motifs allant du viol au trouble à l’ordre public en passant par le vol.

Selon les autorités, des bandes de criminels profitent des violences xénophobes pour opérer dans une relative tranquillité.

« Nous utilisons tous les moyens à notre disposition », a déclaré un porte-parole de la police avant d’indiquer que « si le besoin se fait sentir, nous appellerons des renforts ».

La croix rouge, indique, de son côté, que le nombre de sinistrés, des personnes qui ont perdu leurs abris et qui ont trouvé refuge auprès de la police, s’élève désormais à 3000.

Le centre sud africain d’étude en sécurité a dit craindre des émeutes xénophobes à l’échelle nationale qui pourraient menacer sérieusement la sécurité du pays.

Chasse aux Africains dans un bidonville de Johannesburg

RFI

14/05/2008

Les agressions xénophobes contre les immigrés africains se multiplient en Afrique du Sud. Une chasse aux étrangers a lieu depuis trois jours dans le township d’Alexandra, à Johannesburg. Les attaques, qui ont fait trois morts et des dizaines de blessés, ont été unanimement condamnées. Mais les habitants d’Alexandra ne veulent rien entendre.

« Les Zoulous m’ont demandé d’où je venais, puis ils m’ont frappée », chuchote Yvonne Ndlovu, la tête baissée. Assise sur un lit d’hôpital, elle vomit, sous le choc de l’agression. Une grande tache de sang couvre ses cheveux. Cette jeune Zimbabwéenne de 19 ans est l’une des victimes des attaques xénophobes, qui ont fait trois morts et au moins 60 blessés, dans le township d’Alexandra, à Johannesburg. Chaque nuit, depuis dimanche, une foule de résidents, armée de bâtons, de couteaux mais aussi d’armes à feu, attaquent les bidonvilles, où vivent de nombreux Zimbabwéens, Mozambicains et Malawites. Des résidents Sud-Africains ont également été blessés. Selon un journal local, l’un deux a été tué après avoir tenté de protéger ses voisins.

La police, qui utilise des balles en caoutchouc pour disperser les émeutiers, a arrêté 66 personnes pour agression, vol et quatre viols. « Dimanche soir, je dormais quand une vingtaine d’hommes ont fait irruption dans ma chambre, raconte Yvonne. Ils disaient qu’ils ne voulaient pas d’étrangers à Alexandra. Ils m’ont volé mon portable et mon argent. Lundi matin, j’ai de nouveau été agressée dans la rue. Ils m’ont frappée à la tête ». Des passantes lui ont crié : « Retourne chez toi ! ». Yvonne est arrivée l’année dernière de Bulawayo, au Zimbabwe, pour aider sa famille : « Mes parents ne parvenaient plus à payer la scolarité de ma sœur cadette, explique-t-elle, entre deux sanglots. Dès que je peux, je rentrerai chez moi ! ».

Accusés à tort d’être responsables de tous les maux

L’afflux des Zimbabwéens en Afrique du Sud – ils seraient environ 1 et 3 millions, la plupart en situation illégale – suscite la colère des Sud-Africains pauvres. « Ils prennent nos emplois, nos maisons ! Nous ne voulons pas d’eux ici ! », explique un habitant d’Alexandra. « Certains sont criminels. Vous ne pouvez pas faire confiance à des gens qui sont en situation illégale », ajoute un autre. Accusés à tort d’être responsables du taux élevé de chômage (40 % de la population), de la criminalité et de la persistance de la pauvreté, les Africains sont la cible d’attaques de plus en plus fréquentes : depuis mars, il y a eu des agressions dans cinq bidonvilles de Pretoria et Johannesburg, qui ont fait une dizaine de morts, en majorité des Zimbabwéens. Une dizaine de Somaliens, qui tiennent des boutiques dans les townships, ont aussi été tués depuis deux ans par des foules en colère, au Cap et à Port Elisabeth.

Des rumeurs…

L’hostilité des Noirs sud-africains, à l’égard de leurs « frères » africains, n’est pas nouvelle. Isolés pendant l’apartheid, ils connaissent mal le reste du continent. Les Africains, qui ont commencé à affluer après l’ouverture des frontières en 1994, ont été très mal accueillis : par la population, mais aussi par les services d’immigration et la police, qui ne cessent de les rançonner. En 1998, le gouvernement avait lancé une campagne à la radio contre la xénophobie. Mais sans grand succès, alors que le nombre de Zimbabwéens, chassés par la crise dans leur pays, a explosé ces dernières années. Frans Cronje, directeur adjoint de l’Institut sud-africain des relations raciales, parle de trois à cinq millions d’illégaux dans le pays ! Mieux éduqués, plus motivés, ces immigrés sont très nombreux dans l’agriculture, la construction et tous les emplois mal payés que les Sud-Africains rechignent à occuper. Il y a aussi une forte compétition pour l’accès aux services sociaux (écoles, soins de santé, logement). Ainsi c’est une rumeur, selon laquelle des étrangers auraient illégalement reçu des maisons sociales, qui a déclenché les émeutes de ces derniers jours..

A Alexandra comme ailleurs, les leaders politiques semblent désemparés. « Les agresseurs sont des éléments criminels, qui ont été manipulés », pense Linda Mamela, président de l’ANC à Alexandra. Lundi, 500 policiers ont été déployés dans le township pour veiller au grain, tandis que des centaines d’étrangers se sont réfugiés dans les postes de police. La plupart souhaitent rentrer chez eux. Ceux qui sont en situation illégale pourraient subir le même sort que les Zimbabwéens victimes d’agressions à Atteridgeville, un township de Pretoria, en mars dernier : ils avaient été ramenés, de gré ou de force, dans leur pays. « Les attaques vont se multiplier si la seule réponse des autorités est de déporter les étrangers, note Loren Landau, un chercheur du programme d’études sur les migrations forcées, à l’Université de Johannesburg. Il y a un an et demi, nous avons appelé le gouvernement à mener des actions sur le terrain pour éduquer la population et mettre en place des mécanismes pour résoudre les conflits. Nous attendons toujours leur réponse ! Ce n’est qu’en mars dernier que le président Mbeki a appelé ses concitoyens à respecter les étrangers ».

Plusieurs études ont montré que l’apport de cette immigration est positif pour l’économie sud-africaine, qui manque de main d’œuvre qualifiée. Mais le gouvernement sud-africain n’a jamais rien fait pour favoriser l’intégration des étrangers et pour expliquer à sa population qu’ils ne sont pas responsables du chômage et de la pauvreté dans leur pays.

~ par Alain Bertho sur 20 mai 2008.

2 Réponses to “Emeutes xénophobes, Afrique du sud mai 2008”

  1. Nous sommes tous africains, pourquoi devons-nous tuer nos africains, personne connaît son vrai origine.Nos ancêtres ont été déplacés par le nouvement de l’esclavage et autres évènements.L’Afrique est unis par son origine, peut-être tes ancêtres sont venus de Nord-Afrique ou de l’Afrique-centrale.Sud Africain actual, tout l’Afrique vous a soutenu pendant l’apartheid.Laissez votre frères africains qui ne sont pas vos adhéversaires.If faut bannir cette pratique de xenophobie.Fait attention aux langages des nos hommes politiques qui pense à soi-même.Les pères de la négritude nous ont laissés une idéale qui est la grande famille africaine (socialisme africaine).Ce n’est pas nos pères ancêtres africains qui ont délimités les frontières mais c’est l’homme étranger venir d’ailleur pour nos riches qui nous a divisé en plusieurs Etat (pays).L’unoin africaine est le symbole de l’unité africaine ,non compris par nos dirigeants actuals qui ne parle plus de la même langue que les pères panafracanistes.
    Merci.

  2. je ne trouve pas de mots pour dire se que je ressens mais je sais qu’un jour tout sa va s’arreter et que dieu veille sur nous .
    C’est incroable qu’a l’heure actuelle il y a des gens qui se permettent de faire souffrir et décide de vie oou de mort pour leurs frères et soeurs.

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