Chroniques de la Frontière

Opération sur un chantier de construction du Corps des volontaires du peuple ou Rela, une milice citoyenne d’un demi-million de volontaires chargée de lutter contre l’immigration clandestine en Malaisie. Crédits photo : ASSOCIATED PRESS

« Parcequ’il n’y a pas d’étrangers sur cette terre. » (la cimade)

À l’automne 2005, au nord du Maroc, lors de tentatives collectives de pénétrer dans les enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla, une dizaine de personnes originaires d’Afrique noire sont abattues : on n’en connaîtra ni le nombre exact ni l’identité.

Le monde découvre alors l’existence de ces migrants et demandeurs d’asile en transit au Maroc, prêts aux pires sacrifices pour fuir leurs pays et rejoindre les rivages européens.

Depuis plusieurs années déjà, nombre d’entre eux, réfugiés dans les forêts proches des enclaves, ont l’espoir de franchir un jour les grillages fatidiques. En proie à l’isolement et à une répression policière croissante, ils décident avant l’hiver de tenter le tout pour le tout. C’est le point de départ d’une vaste opération de rafles dans les forêts et dans les villes, suivies de déportations dans le désert. Soigneusement médiatisée, cette campagne vise à montrer que les autorités marocaines sont disposées à servir avec zèle, du dehors, la politique de fermeture des frontières de l’Union européenne.

Ce livre noir explique comment ces événements sont une conséquence de la politique de l’Union européenne visant à sécuriser ses frontières extérieures et à contraindre les candidats à la migration à rester dans leur pays. Les auteurs montrent que les droits fondamentaux et textes internationaux, notamment ceux qui consacrent le droit des personnes à circuler et à quitter le pays où elles se trouvent, sont au nombre des victimes de ces politiques de guerre aux migrants.

Ils ont voulu reproduire, en les illustrant de photos inédites, les paroles de ces migrants venus de l’autre « rive » du Sahara, sur leurs itinéraires, les avanies subies en route et au Maroc, l’assaut des barrières espagnoles, la déportation, mais aussi la solidarité, les espoirs.


Bilal sur la route des clandestins

Fabrizio Gatti

Un faux nom, un petit tube dans lequel sont roulés quelques dollars, de la colle pour masquer ses empreintes digitales, un gilet de sauvetage, trois boîtes de sardines, une grande bouteille d eau, cela suffit à Fabrizio Gatti pour se glisser dans la peau d un immigré clandestin, Bilal. Parti de Dakar pour rejoindre l’Europe, comme le font chaque jour des centaines de migrants, il traverse le Sahara sur des camions, rencontre des passeurs sans scrupules, des esclavagistes nouveau modèle, des membres d Al-Qaida et, arrivé au camp de rétention de Lampedusa, il vit le quotidien de ces demandeurs d’asile que l on va libérer avec une feuille d expulsion. Feuille qu’ils se hâtent de déchirer en mille morceaux pour tenter leur chance en Italie, en France, en Allemagne… Liana Levi, 02.05.2008 500 p. ISBN : 978-2867464799


Antonio Lozano

« Harraga »

Né à Tanger en 1956, Antonio Lozano vit à Agüimes (Archipel des Canaries) où il enseigne le français. Depuis 1988, il y dirige deux festivals, l’un consacré au conte et l’autre au théâtre. Il a également traduit vers l’espagnol plusieurs auteurs francophones, notamment Yasmina Khadra et Amadou Hampaté Bâ. Harraga, son premier roman, est paru en français début 2008. Harraga, « brûleur » c’est le nom par lequel on désigne au Maroc ceux qui brûlent leurs papiers pour quitter leur pays sans laisser de trace. Pour l’auteur, c’est aussi « ceux qui brûlent leur vie ».
Après Harraga, Antonio Lozano a consacré un autre roman à ce thème, Là où meurent les fleuves dont l’action se situe cette fois du côté des Canaries, cet archipel qui attire chaque jour toujours plus d’immigrés en provenance des côtes africaines. L’auteur espagnol se sent concerné par ce « drame quotidien ». « L’océan s’est converti en cimetière » déplore t-il.



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