Affrontements à Tunis – 6 mai 2011
Scènes ordinaires de violences policières à Tunis
nouvelobs.com
07/05/11
Vendredi, une manifestation de jeunes indignés par une vidéo dévoilant les intrigues du Premier ministre par intérim a été violemment réprimée par la police. Raphaël de Gubernatis était sur place.
, à Tunis, jour de la prière, on attendait vers quinze heures une nouvelle arrivée massive de fanatiques musulmans sur l’avenue Bourguiba. Des barbus enragés qui, depuis deux ou trois semaines, viennent occuper le terrain devant le théâtre municipal, haut lieu de l’impiété et de la luxure, afin de prier Allah la face contre terre et de proférer des messages de mort à tous ceux qui n’obéissent pas à leur délire. Théâtre, cinéma, musique, danse : pour eux tout est « haram », c’est à dire péché mortel. Et pour mieux faire passer le message, ils menacent d’égorger ceux qui pratiquent ou admirent ces disciplines impies.
Manœuvres contre-révolutionnaires du Premier ministre
Mais à onze heures, ce même jour, c’est une autre manifestation qui est aussi annoncée. Celle de jeunes gens indignés par la vidéo circulant sur la toile et dévoilant les intrigues du Premier ministre par intérim : une vieille ganache largement compromise avec le régime de Ben Ali, dont la vidéo tend à prouver les manœuvres contre-révolutionnaires. Ils sont plusieurs centaines, ces jeunes gens, quelques filles, mais surtout des garçons, agglutinés, comme ils l’avaient été la veille, sur les marches du théâtre municipal, criant leur courroux, mais pacifiques, mais disciplinés, comme on n’imaginerait guère de le voir en France, lançant de larges sourires aux rares passants étrangers comme pour leur montrer leur contentement d’être soutenus par des regards amis.
De seize à trente ans
Vers treize heures, les voilà tout à coup qui traversent la chaussée pour se regrouper sur le terre-plein arboré de l’avenue, face aux forces policières qui en barrent le cours en direction du ministère de l’Intérieur.
Bloqués, les jeunes manifestants (ils ont entre seize et trente ans), continuent de crier en chœur, agitant les mains vers le ciel, toujours aussi pacifiques, plutôt joyeux, sans nulle agressivité, sans intention affichée de provocation gratuite.
Violente répression
Brusquement des détonations éclatent, des bombes lacrymogènes fusent, des hurlements se font entendre, cependant que la police charge subitement avec une fureur et une violence sidérantes. Dans la panique qui les a saisis, par centaines les jeunes gens refluent et s’éparpillent, courent se réfugier dans les rues adjacentes, dans les cafés dont déjà on a débarrassé les terrasses en retirant à la hâte tables, sièges et parasols. Certains s’engouffrent dans le hall de l’Hôtel International subitement noir de monde. Mais ils sont plusieurs, trop nombreux, à être immédiatement rattrapés par les flics en civil, cernés par ces hyènes qui surgissent de nulle part, les coincent, les frappent, les traînent vers leurs congénères en uniforme lesquels frappent à leur tour avec une violence épouvantable des jeunes gens qui n’ont fait, pour tout crime, que crier leur indignation. Lire la suite…











