Affrontements à Zarka – 15 avril 2011


Des dizaines de policiers blessés dans des heurts avec des salafistes à Zarka

lorientlejour.com

Par Rania Massoud | 16/04/2011

Plus de 40 policiers ont été blessés hier, dont certains à l’arme blanche, lors de heurts avec des salafistes à Zarka, tandis qu’à Amman, des milliers de manifestants ont réclamé des réformes.

Amman. 12h30. La prière du vendredi vient de commencer dans la mosquée al-Husseini, au centre de la ville. L’atmosphère est calme, en dépit d’une présence policière extraordinaire. Arrivés en bus, plusieurs centaines de membres des forces de l’ordre se sont déployés aux alentours de la place centrale, bloquant l’accès aux voitures. La rue est maintenant bondée de fidèles, agenouillés en face de la mosquée pour prier. « Allah Akbar ! Que Dieu nous préserve de tout mal. Que Dieu nous protège et protège la nation arabe. Allah Akbar ! » L’appel du muezzin retentit dans la place, frappé par un soleil de plomb.

Non loin de là, une dizaine de journalistes se sont regroupés et observent la scène. Ils attendent le début de la manifestation à laquelle ont appelé les Frères musulmans et d’autres partis de l’opposition en faveur de réformes politiques et économiques dans le royaume.

Assis en face d’un magasin d’habits traditionnels, Mohammad regarde les fidèles d’un air désintéressé. « Ça ne nous concerne pas ces affaires, dit ce jeune vendeur de 23 ans. Tout va très bien en Jordanie, je ne vois pas pourquoi ils manifestent. » « C’est mauvais pour le business », renchérit Ayman al-Boukhari, propriétaire d’un magasin de produits de beauté. Son voisin, un homme dans la quarantaine, acquiesce. « La corruption existe en Jordanie, c’est vrai. Mais les choses ne se régleront pas dans la rue. Ce n’est pas ainsi qu’on appliquera des réformes… », indique-t-il.

En bas de la rue, un groupe de quelques dizaines de manifestants, drapeaux et pancartes à la main, attendent patiemment la fin de la prière. « Non à la faim, non à la répression », lit-on sur l’une des bannières. « La pression de la rue ne doit pas s’arrêter », dit Tamer Kharma, du Parti de l’union populaire. « Contrairement à ce que certains pensent, nous ne sommes pas venus protester contre le roi. Nous voulons des réformes, nous voulons un Parlement représentatif du peuple, nous voulons mettre fin à la corruption », dit le jeune homme de 34 ans.

13h30. La voix du muezzin laisse la place aux cris des manifestants qui sortent par milliers de la mosquée : « Unifier les rangs, le gouvernement nous suce le sang ! », « Le peuple veut la dissolution du Parlement ! », « Avec notre sang et notre âme, nous nous sacrifions pour toi Abou Hussein (le roi Abdallah II, NDLR) ! », « Le peuple veut faire tomber Abou Araba » (en référence à l’accord de paix israélo-jordanien).
Quadrillés par les forces de l’ordre, les manifestants avancent d’un pas lent vers la municipalité de Amman, à deux kilomètres de la mosquée. Ils passent sous le regard indifférent des marchands assis devant les portes ouvertes de leurs magasins. Dans un salon de coiffure pour hommes, Ahmad, 26 ans, travaille sur la coupe d’un client sans se laisser perturber par les cris des manifestants. « Ils veulent mettre fin à la corruption. Je ne me sens pas du tout concerné », dit-il en manipulant ses ciseaux. Hilmi, son client, ne souhaite pas commenter. La tête baissé, il dit que la politique ne l’intéresse pas. « On veut en finir avec ces manifestations », lâche-t-il enfin. Lire la suite…

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~ par Alain Bertho sur 15 avril 2011.

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