Affrontement meurtrier à Bangolo – mai 2010

Affrontement meurtrier à Bangolo : La communauté burkinabé dans la psychose

Nord-Sud

samedi 22 mai 2010

En attendant les résultats des enquêtes ouvertes par les différentes forces de l’ordre, relativement aux affrontements inter-communautaires survenus à Bangolo, les Burkinabè de la région sont désemparés.

Deux jours après les tueries, l’amertume et l’indignation sont les principaux sentiments qui s’expriment au sein de la communauté burkinabé de Bangolo. Le moins que l’on puisse dire, c’est que le délégué du conseil supérieur des Burkinabè des régions du Moyen-Cavally et des Montagnes, Théodore Bonkoungou Noraogo, est très en colère suite à ces affrontements meurtriers survenus le jeudi 20 mai dans la forêt classée du mont Péko. « Ce sont encore des morts de trop. Je voudrais que les autorités ivoiriennes et burkinabè conjuguent leurs efforts pour mettre hors d’état de nuire ces individus qui, de façon récurrente, sèment la terreur dans les forêts classées. Il faut qu’ils soient arrêtés et punis conformément à la loi. Je vais plus loin pour dire que tous nos compatriotes qui s’adonnent à ces pratiques nuisibles doivent être interpellés et expulsés de ce pays car, trop c’est trop », s’est-il-indigné. Poursuivant ses propos, le premier responsable des Burkinabè de l’Ouest qui a vigoureusement condamné ces actes qu’il qualifie à la fois « d’ignobles et odieux dont les auteurs ne sont autres que ceux qui ont investi clandestinement les forêts classées pour y faire des champs et pratiquer les ventes de terre de la manière la plus illicite. Nous ne pouvons plus accepter ces tueries inutiles dans la région. Les autorités doivent prendre leurs responsabilités, parce que ce sont les germes d’une autre guerre civile qui sont en train de naître dans la région. Ce qui est encore plus irritant, c’est que ce sont nos compatriotes qui s’entretuent entre eux sur cette terre des Ivoiriens », a-t-il dénoncé. Selon le chef de la communauté Cedeao de Bléniméhouin (un village situé au pied du mont Peko), Ouédraogo Boukary, joint au téléphone, « deux clans dont l’un dirigé par un certain Traoré Bakary présentement en déplacement dans son pays, au Mali, pour des raisons de santé, et l’autre, dirigé par un certain Wérémi Hamadé d’origine burkinabé, se serraient affrontés suite à une affaire de vente de terre dans la forêt classée du Mont Péko. Et, le bilan fait état de près de 20 mort et une trentaine de personne blessées ». Ce chiffre n’est pas confirmé par la brigade mixte de gendarmerie de Bangolo qui déclare plutôt huit morts et environ une dizaine de blessés. Selon des Burkinabè vivant dans la zone « le nommé Wérémi règne en maître absolu dans la forêt classée, vend, exproprie et distribue les terre à qui il veut. L’homme serait puissamment armé et nul n’ose investir son « territoire » sans son autorisation préalable ». Selon une source militaire, depuis jeudi, la zone du mont Péko est investie par plusieurs contingents des forces de l’ordre, venus de l’escadron de Daloa, du Centre de commandement intégré (Cci) de Yamoussoukro appuyés par un détachement des Forces armées des Forces nouvelles venues de Man et les forces de l’Onuci. Ce phénomène d’exploitation illicite des forêts classées a commencé, il faut le noter, à faire plusieurs dégâts dans la région. L’année dernière, ce sont plusieurs corps qui ont été découverts dans la forêt classée du Sio dans la zone de Guiglo. Cette année, des affrontements ont été notés à Danané avec onze blessés. L’ambassadeur du Burkina Faso, Emile Ilboudo a dû intervenir. A Sangouiné, la tension est très vive entre occupants des forêts classées eux-mêmes et entre clandestins et tuteurs autochtones. Le premier responsable des Burkinabè de l’Ouest entend poursuivre la sensibilisation de ses compatriotes mais souhaite une implication vigoureuse et totale de toutes les autorités pour mettre un terme à l’occupation illicite des forêts, source de conflits imprévisibles.

Bangolo : 8 paysans brûlés vifs

Nord-Sud

vendredi 21 mai 2010

La guerre pour le contrôle de la terre s’est soldée, dimanche, par huit morts, des ressortissants burkinabè brûlés vifs, par leurs compatriotes, dans la forêt classée du mont Péko, à Bangolo. La gendarmerie a ouvert une enquête.

Le contrôle de la forêt du mont Peko, dans le département de Bangolo, à l’ouest du pays, a dégénéré en une guerre fratricide. Huit paysans burkinabè ont été brûlés vifs par leurs compatriotes, selon des sources civiles et militaires sur place. Les faits se sont déroulés dans la nuit du dimanche à lundi. C’est, ce matin, selon ces mêmes sources, que des agents des forces de l’ordre se rendront sur les lieux, en vue de procéder à d’autres constats. Il s’agira surtout pour les forces de l’ordre de retrouver les corps des victimes. Elles ont été enterrées par des parents rescapés. Comment en est-on arrivé à ce drame ?

Joints hier, des paysans burkinabè qui ont pu prendre la fuite lors des faits, selon eux, témoignent que des compatriotes menés par un certain Wéréni Amadé les ont surpris dans leur sommeil. Les intrus ont semé la terreur en procédant à des tueries sommaires à coups de machettes, disent-ils. Le mis en cause est lui aussi originaire du Burkina Faso. L’homme règnerait en seigneur sur la forêt classée du mont Péko, depuis de longues années. Il attribuerait des terres à tout demandeur, à des compatriotes en l’occurrence, et les en dépossède à son gré, ont-ils ajouté. C’est en voulant procéder ainsi qu’il aurait buté contre la résistance de ses  »frères », occupant un hameau. Les représailles ont été fatales à certains d’entre eux, qui disent avoir trouvé réfuge dans le village de Guézon, situé sur l’axe Bangolo-Duékoué. Des sources proches de la brigade de gendarmerie locale sont formelles : c’est souvent, ont-elles confirmé, aussi que l’on signale des « escarmouches» dans la zone en question. Les gendarmes sont réservés, ils parlent d’agresseurs «non identifiés». Toutefois, ils disent que le nom de Wéréni Amadé est revenu «plusieurs fois» dans les accusations. « Des allogènes se disputent la forêt, c’est souvent qu’ils s’affrontent de cette façon », a notamment précisé l’un de ces hommes en uniforme.

Les autorités locales sont saisies de l’affaire, qui fait grand bruit dans la région. En son temps, le ministre de la réconciliation nationale et celui de l’Environnement avaient été informés de la guerre de la forêt qui ne cesse de faire des victimes. Ils auraient recommandé une sensibilisation des clandestins, afin que ces derniers sortent de la forêt classée. En vain. Pour cause, des hommes armés gardent des corridors à des points d’accès de ladite réserve.

~ par Alain Bertho sur 23 Mai 2010.

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