Ultimatum des salariés de Sodimatex à Crépy en Valois – avril 2010
Des salariés menacent « d’incendier une citerne de gaz » dans leur usine
AFP
1 04 2010
CRÉPY-EN-VALOIS — Des salariés retranchés dans l’usine de moquettes pour automobiles Sodimatex, vouée à la fermeture, menaçaient jeudi soir « d’incendier une citerne de gaz » pour réclamer un meilleur plan social.
Une centaine de gendarmes et des pompiers ont été mobilisés aux abords de l’usine à Crépy-en-Valois (Oise), où sont rassemblés au moins une trentaine de salariés. Ces derniers ont allumé des feux de palettes et de matières plastiques, a constaté un photographe de l’AFP.
« Ils déclarent vouloir incendier une citerne de gaz. Ils souhaitent que le plan social soit augmenté, a indiqué la préfecture. Ils réclament que des négociations se rouvrent avec la direction. L’Etat joue son rôle de médiateur ».
La citerne, de quatre à cinq mètres de long, située à l’extérieur de l’usine, est entourée de palettes « prêtes à être allumées », selon les salariés.
La préfecture a indiqué travailler à une réunion de négociation « si possible dès ce soir ».
« On ne sait pas comment ça va se finir. Les gens sont déterminés », a déclaré à l’AFP Eric Lemoine, de la CFDT de l’usine. « Les gens commencent à craquer », selon lui.
La fermeture de l’usine, qui emploie 92 salariés, a été annoncée le 10 avril 2009. Depuis, les négociations sur le plan social entre la direction et les salariés ont échoué, malgré une médiation de l’Etat.
Les représentants des salariés ont été reçus début février à l’Elysée par un conseiller du chef de l’Etat, selon M. Lemoine. « Il devait nous donner des nouvelles. On attend toujours », a-t-il déploré.
Les salariés de Sodimatex réclament notamment une prime extra-légale de 21.000 euros par salarié.
Ils avaient manifesté jeudi matin aux abords de l’usine, bloquant les accès à une importante zone industrielle et à la plate-forme logistique de Crépy-en-Valois. Selon la préfecture, ils ont refusé une table ronde pour dire leurs revendications et ont maintenu les blocages.
« Les gendarmes sont intervenus. Ils ont rétabli les conditions de circulation permettant aux entreprises de fonctionner », toujours selon la préfecture, qui a précisé que la direction de Sodimatex « n’a pas requis d’intervention des autorités ».
Les gendarmes mobiles sont intervenus en utilisant des gaz lacrymogènes, ce qui a été ressenti par les salariés comme « une véritable agression », a déclaré à l’AFP Alain Lebrun, secrétaire général de l’Union départementale CGT de l’Oise.
« Les salariés demandent que la direction vienne à la table des négociations, mais pas les mains vides », a-t-il affirmé.
Selon lui, le groupe Trèves, propriétaire de Sodimatex, a touché 55 millions d’euros de l’Etat dans le cadre du plan d’aide aux équipementiers automobiles. « Aujourd’hui, on veut laisser les salariés partir avec le minimum légal », a-t-il dénoncé.
Xavier Mathieu, le leader CGT des salariés de l’usine Continental de Clairoix (Oise), est venu apporter son soutien jeudi soir « à des frères de lutte ».


Ultimatum à Crépy-en-Valois : les Sodimatex prêts à allumer la mèche
leparisien.fr
01.04.2010
La tension est montée d’un cran vers 10 heures, vendredi, sur le site de l’usine de moquettes pour automobiles Sodimatex, à Crépy-en-Valois (Oise), lorsque les salariés qui occupent les lieux depuis jeudi soir ont appris que la table-ronde qu’ils espéraient devrait être repoussée en soirée. Finalement, alors que les esprits commençaient à s’échauffer, cette réunion a finalement été annoncée pour la fin de matinée.
Depuis la veille, une quarantaine de salariés se sont retranchés sur le site et menacent de faire sauter une citerne de gaz pour réclamer un meilleur plan social après la fermeture programmée de leur entreprise. En tout début de journée vendredi, ils ont même installé une petite bonbonne de gaz agrémentée d’un dispositif incendiaire, sur le toit de l’usine, à l’aplomb de la grosse citerne de gaz, elle-même entourée de palettes prêtes à être enflammées. Puis, à l’annonce de l’éventuel report de la table-ronde, ils ont carrément incendié une benne à ordures très proche des locaux de l’entreprise et se disent être en mesure de déclencher à distance l’explosion de la citerne et ont déployé des draps et des rouleaux de moquette pour empêcher les forces de l’ordre d’observer leurs mouvements. Les pompiers, protégés par les gardes mobiles, sont intervenus pour circonscrire l’incendie.

Une réunion cruciale en fin de matinée
Tandis que l’adjoint au maire, Bruno Fortier tentait de calmer les esprits, les salariés ont finalement appris que la réunion serait à nouveau prévue en fin de matinée. Cette table ronde cruciale doit se tenir sous l’égide du préfet. Selon Bruno Fortier, cette réunion à laquelle il devrait assister réunirait les avocats des deux parties (de l’employeur et du comité d’entreprise), six délégués du personnel et un conciliateur. Bernard Trèves, PDG du groupe Trèves, qui a racheté l’usine dans les années 1990, pourrait également être présent de même que la directrice des ressources humaines.
Certains salariés ont dormi à même les gros rouleaux de moquette, d’autres ont veillé tard sur quelques chaises à discuter de leur sort. La fermeture de l’usine, qui emploie 92 salariés, a été annoncée le 10 avril 2009. Depuis, les négociations sur le plan social entre la direction et les salariés ont échoué.
«On n’est pas des voyous»
Jeudi soir, les Sodimatex ont expliqué avoir installé des palettes autour de la citerne de gaz extérieure qui sert à alimenter leurs charriots élévateurs et se sont dits prêts à y mettre le feu pour la faire sauter. En désespoir de cause, cette citerne est devenue leur dernier moyen de pression pour tenter de négocier avec leur patron un plan social digne de ce nom.
«On n’est pas des voyous, on est des êtres humains. Fatigués, dépités, déprimés mais toujours motivés», lance François Heindryckx, 42 ans, dont 21 chez Sodimatex. Avec ses collègues, il repasse le film de cette journée de jeudi qui devait être «une petite grève symbolique» et s’est terminée en camp retranché.
Mardi, «on nous a envoyé un conciliateur qui a proposé une prime de 15 000 euros», explique son collègue Fabrice Bel, 32 ans dont 10 ans de maison. Pour les ouvriers de Crépy, pas question de partir avec moins que leurs collègues d’une autre usine Sodimatex, liquidée en 2006, qui avaient obtenu 21 000 euros en plus des indemnités légales.
«Ils ont envoyé les gendarmes mobiles»
«Ce qui a déclenché tout le bordel, c’est quand ils ont envoyé les gendarmes mobiles», lance Fabrice Bel. A la mi-journée, les salariés ont occupé le rond-point devant l’établissement, mais quand les gendarmes mobiles sont arrivés pour les dégager, ils se sont enfermés dans l’usine, barricadant l’entrée. Puis, ils ont menacé de faire sauter la citerne. Le patron des gendarmes de l’Oise, le colonel Ronan Le Floc’h s’est rendu sur place. La situation qui était particulièrement tendue s’est légèrement apaisée dans la soirée.
«Je pensais jamais en arriver à ce point-là», lâche Jean-François Nicol, qui comptait sur la relance du secteur équipementier pour élever bon an mal an ses trois enfants, dont le plus âgé a 11 ans.
Les Sodimatex ont commencé à avoir des soutiens et notamment celui, jeudi soir vers à 21 heures de Xavier Mathieu, leader charismatique des Continental, venu soutenir leur action. Un peu plus tôt dans la soirée, la mairie de Crépy-en-Valois avait ravitaillé les ouvriers en victuailles pour tenir toute la nuit. Vendredi matin, tous attendent et espèrent que la situation pourra évoluer positivement grâce à la table ronde.

Des salariés menacent de faire exploser leur usine
lematin.ch
02 avril 2010
Une trentaine de salariés d’une usine d’équipement automobile vouée à la fermeture, à 70 km au nord de Paris, menacent de faire sauter leur lieu de travail en incendiant une citerne de gaz.
Ils souhaitent obtenir de meilleures indemnités de licenciement.
Après avoir brandi la menace d’une explosion jeudi soir, les salariés de la société Sodimatex ont fait monter la pression vendredi en plaçant des cocktails molotov autour de la citerne, longue de 4 à 5 mètres, a constaté un photographe de l’AFP.
Une centaine de gendarmes et des pompiers ont été mobilisés aux abords de l’usine située à Crépy-en-Valois.
Selon des salariés, la citerne, dont le gaz sert à faire fonctionner les chariots élévateurs, a été approvisionnée il y a peu. « Si ça pète, ça soufflera pas que l’usine. Tant pis, s’ils veulent en arriver là », affirment-ils.
Une table ronde réunissant le préfet (représentant de l’Etat), la direction du groupe Trèves, auquel appartient Sodimatex, et des représentants syndicaux devait se tenir vendredi à la mi-journée.
L’usine emploie 92 salariés. Sa fermeture a été annoncée il y a un an. Depuis, les négociations sur le plan social entre la direction et les salariés ont échoué.
Les représentants des salariés ont été reçus début février au palais présidentiel de l’Elysée par un conseiller du président Nicolas Sarkozy, selon un représentant du syndicat CFDT, apparemment sans résultat.
Les salariés réclament notamment en plus des indemnités légales de licenciement, une prime supplémentaire de 21.000 euros par salarié, et neuf mois de congé de reclassement, alors que la direction en propose quatre.
Un membre du gouvernement, le secrétaire d’Etat au Logement Benoît Apparu, a dénoncé ce « chantage inacceptable », indigne selon lui d’une démocratie où des tribunaux sont censés traiter des conflits sociaux.
« Dire ‘je vais faire sauter si j’ai pas mes 20.000 euros’, ce n’est pas une démocratie », a-t-il ajouté.
Depuis quelques années, les conflits sociaux aboutissant à des actions spectaculaires (séquestration de dirigeants, menaces d’explosion ou de pollution) se sont multipliés en France.











