Affrontements meurtrier de deux villages au nord du Cameroun – décembre 2009

Logone et Chari – Affrontements entre Arabes Choas

Dieudonné Gaïbaï à Kousseri

18 Décembre 2009

La dispute autour d’un champ entre deux villages de Darak et Makari fait un mort et huit blessés.

La tension est loin d’être tombée entre les villages Magala Kadir dans l’arrondissement de Darak et Masaki dans la circonscription de Makari. Tension consécutive aux affrontements de lundi dernier entre les populations de ces deux localités. Le Préfet Bona Ebengué du Logone et Chari descendu sur le terrain hier jeudi a eu en marge de la session budgétaire du conseil municipal de Darak, à prendre la mesure de l’ambiance chaude qui règne entre les habitants des deux villages qui partagent une frontière commune. Mais qui par ailleurs regroupent des populations d’une même ethnie, les Arabes Choas.

Tout est parti selon le maire de la commune de Makari, «d’une banale dispute autour des champs entre les populations de Magala Kadir et Masaki». Une dispute qui a débuté d’après nos sources depuis de nombreux mois et qui porte sur la délimitation de la frontière terrestre entre les deux villages. L’espace querellé, très fertile, a suscité la convoitise des deux communautés qui ne manquaient cependant pas des points de discorde. Les nombreuses tentatives de rapprochement menées par les autorités administratives des deux arrondissements n’ont pas suffit à calmer les tensions. Ce d’autant que les actes de provocation se sont multipliées.

Au point où lundi dernier, alors que toute l’élite politique et administrative participe à la cérémonie solennelle d’implantation de la borne à la frontière entre le Nigeria et le Cameroun, une bande de jeunes gens du village Magala Kadir prend d’assaut le quartier Amsakiné dans le village Masaki (Arrondissement de Makari). Munis de lances, de flèches, de gourdins les éléments en furie vont mettre à sac le fameux quartier. La riposte des populations envahies ne se fera pas attendre. Pour le maire Abou Khress Allamine de Makari, «les affrontements ont été violents. Et ce n’est pas une bonne chose pour nos communautés riveraines qui sont appelés à vivre ensemble.»

De ces joutes entre ces villages arabes Choas, une personne a rendu l’âme, tandis que huit autres personnes gravement blessés ont été internés à l’hôpital de district. Des blessés dont l’état de santé selon les autorités administratives n’est guère reluisant en raison des traumatismes graves dont sont victimes certains d’entre eux. Il a fallu l’intervention des éléments de la compagnie de gendarmerie de Makari pour que les combats cessent. Une colonne de la gendarmerie a été maintenue dans cette zone du Lac Tchad, aux fins de dissuader les populations qui sont toujours sur le pied de guerre.

Le Préfet du Logone et Chari au cours de la journée d’hier a invité tour à tour à Darak et Makari, les populations à plus de retenue et de dialogue. Une enquête a été ouverte par les services de la gendarmerie et devrait déboucher sur l’identification des instigateurs. Ce qui ne résout aucunement le problème de la gestion des ressources dans la zone du Lac Tchad.