Les agriculteurs à l’Elysée – décembre 2009
Devant l’Elysée, la lacrymo coupe le micro aux agriculteurs

Par Augustin Scalbert | Rue89 | 17/12/2009
Rendez-vous était donné par SMS, « à 6h35 précises, angle des rues de Courcelles & Boétie. Ne pas arriver trop tôt non plus pr + de discrétion. Merci de répondre ok ». A 6h50, devant l’Elysée, les Jeunes agriculteurs ont étalé de la paille, devant une vingtaine de policiers à képi blanc et fourragère rouge totalement dépassés. Pendant que le président du syndicat entame son discours, la police s’organise.
Les Jeunes agriculteurs, qui sont à la FNSEA ce que les Jeunes UMP sont au parti présidentiel, entendent protester contre « le plan d’urgence […] totalement démago » proposé par l’Elysée. Venus de toute l’Ile-de-France, de Picardie, du Nord-Pas-de-Calais et de Normandie, quelque 300 agriculteurs ont décidé de frapper fort, comme lorsqu’ils avaient bloqué les Champs-Elysées, en octobre.
En raison de la neige, qui recouvre déjà la campagne avant d’atteindre Paris, une partie d’entre eux renoncent. Une vingtaine de camions convergent tout de même vers la cible : l’Elysée. Ils déballent une quarantaine de balles de 300 kilos de paille chacune sur la chaussée du Faubourg-Saint-Honoré.
Le président des Jeunes agriculteurs d’Ile-de-France, Damien Greffin, commence son discours devant les micros et caméras des journalistes, venus en nombre. Pendant qu’il parle sous les fenêtres du palais présidentiel, dont les bureaux sont allumés pour les femmes et hommes de ménage, la garde du Château s’organise.
Le pouvoir a trouvé un moyen très efficace de mettre fin à la conférence de presse du syndicat : gazer tout le monde, paysans comme journalistes. Alors que la prise de parole se déroulait dans un calme relatif. Grâce à cette méthode pour le moins radicale, manifestants et médias se réfugient dans une rue proche, tels du bétail affolé.
Le discours de Damien Greffin, adressé directement à Nicolas Sarkozy, était évidemment dur pour la politique du gouvernement, mais aussi très parlant sur la situation catastrophique des agriculteurs :
« Aujourd’hui, une exploitation sur deux est déficitaire et se noie dans les intérêts et remboursements… Et que nous proposez-vous pour nous relever ? Vous nous proposez d’emprunter ? Emprunter pour rembourser des emprunts : n’est-ce pas de la “cavalerie” ? […]
Dans vos agissements vous creusez un fossé entre un parisianisme aigu et la ruralité. Vous palabrez sur l’agriculture française, l’environnement et la terre en venant visiter nos régions en hélicoptère… La vie est toujours plus belle vue d’en haut !
M. Sarkozy, descendez de votre piédestal ! Venez nous parler de la ferme France au lieu de nous parler d’identité nationale ! »
Ensuite, agriculteurs et journalistes se sont retrouvés parqués rue de Duras pendant deux heures, sous la neige, avec de chaque côté de la rue de nouveaux policiers (des unités anti-émeutes, surnommées « tortues ninja » par les manifestants). Puis les agriculteurs ont tous été arrêtés.
Transférés aux commissariats des XIe et XVIIIe arrondissements, les manifestants ont été fouillés au corps, avant que la police contrôle leur identité. Ils ont ensuite été relâchés
Les jeunes agriculteurs ont bloqué l’Elysée à l’aube

Christelle Brigaudeau | 17.12.2009
Plusieurs centaines de membres du syndicat des Jeunes agriculteurs (JA) ont entrepris ce jeudi matin, à 6h45, de bloquer l’entrée principale de l’Elysée ainsi que l’avenue des Champs Elysées.
Après s’être retrouvés au milieu de la nuit sur plusieurs lieux de rendez-vous tenus secrets dans tout le nord de la France et de l’Ile de France, les manifestants ont convergé en voiture vers la capitale avant de déposer du foin devant la résidence du président la République.
«Nous avons été rapidement encerclés par les forces de l’ordre qui nous ont regroupé dans une petite rue», témoignait à 7 heures Olivier George, représentant des JA de Seine-et-Marne, parti ce matin de Rozay-en-Brie (77) avec «une quarantaine» de collègues en colère.
Les cultivateurs entendent protester contre les mesures proposées par Nicolas Sarkozy pour la filière agricole, qu’ils jugent «inutiles» car basées «sur des emprunts que les agriculteurs n’auront pas les moyens de rembourser». Selon le syndicat, «300» agriculteurs se sont rassemblés devant l’Elysée, représentant les départements d’Ile de France, ainsi que l’Oise, l’Aisne, le Pas-de-Calais, le Nord et l’Eure et Loire.
Opération coup de poing d’agriculteurs devant l’Elysée
www.europe1.fr
Une centaine de Jeunes Agriculteurs ont déversé de la paille devant le palais présidentiel, avant d’être délogé par les CRS
Les Jeunes Agriculteurs (JA) ont fait de Paris l’un de leurs lieux d’expression favoris. En octobre, les membres de la branche jeune de la FNSEA, le syndicat majoritaire dans le monde paysan, avaient enflammé des bottes de paille sur les Champs-Elysées. Jeudi, ils avaient choisi l’Elysée pour faire entendre leurs voix.
Vers 06h45, après être parvenus à tromper la vigilance des policiers, une centaine d’agriculteurs, membres des JA d’Ile-de-France et du Pas-de-Calais, se sont postés devant le palais présidentiel. En profitant du faible nombre d’agents sur place, ils ont alors déversé des bottes de paille devant la grille principale de l’Elysée et déposé des cagettes portant des slogans tel que « Sarkozy, trahison ».
Damien Greffin, président des Jeunes Agriculteurs d’Ile-de-France, a ensuite pris la parole pour exposer les doléances des syndicalistes. Ce qui les a fait réagir, c’est d’abord la baisse des revenus dans le monde paysan, chiffré lundi à 34% de moyenne par le ministère de l’Agriculture. Le syndicaliste s’en est aussi pris au plan, « à côté de la plaque », présenté à la fin du mois d’octobre par Nicolas Sarkozy. « Nous ne voulons pas d’emprunt, mais des revenus », a-t-il lancé.
Les CRS sont ensuite intervenus sans ménagement pour déloger à coups de gaz lacrymogène les manifestants, qui ont été cantonnés dans une rue proche de l’Elysée. Après avoir été retenus pendant plus d’une heure, ils ont ensuite tous été interpellés.












