Emeutes de Dakar novembre 2007

Violences urbaines à Dakar
RFI
par RFI (avec AFP)
Article publié le 21/11/2007
Le Sénégal a connu mercredi une journée de violence inhabituelle. On attendait une manifestation contre la vie chère, à l’initiative des syndicats, mais finalement ce sont les commerçants ambulants qui se sont mis en colère mercredi matin, après que les autorités aient ordonné leur « déguerpissement » des trottoirs de Dakar. Ce devait être une journée syndicale contre l’inflation, mais finalement rien ne s’est déroulé comme prévu. Mais en fin de soirée les autorités ont annoncé qu’un accord avait été trouvé avec les représentants des marchands ambulants pour leur permettre de travailler dans certaines zones de la capitale.
Les émeutes ont commencé en fin de matinée, avec comme point focal, l’avenue Lamine Gueye, une artère très commerçante du centre ville. Une foule de jeunes a envahi la chaussée et commencé à brûler des pneus et jeter des pierres. Même scénario, près du siège de la Radio télévision sénégalaise. Les forces de l’ordre sont intervenues pour les disperser. Mais au même moment, des incidents similaires ont démarré non loin de là dans le quartier populaire de la Médina. La mairie et une agence de la Société nationale d’électricité ont été saccagées, de même que l’ancien siège du parti au pouvoir, le PDS – Parti démocratique sénégalais. Il y a eu également des véhicules brûlés, des abribus et des feux de signalisation détruits.
Témoins des incidents au quartier de Sandaga
Interviewé par Marie-Laure Josselin
«J’ai vu des commerçants qui brûlaient des pneus et des tables.»
Et à mesure que la situation se calmait à la Médina, les manifestants se sont déplacés vers le quartier voisin de la « Gueule tapée » où des jeunes ont jeté des pierres sur les forces de l’ordre, brûlé des pneus et brisé les étals d’un petit marché attenant. Les manifestants protestaient contre la campagne de « déguerpissement » lancée la semaine dernière par le président Wade contre les nombreux commerçants ambulants qui occupent les trottoirs de nombreuses artères de la ville. Ces derniers accusent le pouvoir de les priver de leur gagne-pain. Mais il semble que d’autres mécontents et des casseurs se sont joints à ces émeutes.
Manifestation syndicale interdite
En début d’après-midi les émeutes ont été dispersées par les forces de l’ordre dans le centre de la capitale sénégalaise, mais des radios privées ont indiqué que d’autres échauffourées avaient éclaté dans d’autres zones plus excentrées de la ville.
Dans ce contexte, une marche pacifique contre la vie chère, à l’appel des syndicats – qui devait avoir lieu à 15 heures locales – a été interdite, au moment où le cortège de militants commençait à s’ébranler. Certains leaders syndicaux ont pris acte, tandis que d’autres tentaient de forcer les cordons de police. Dans la confusion qui a suivi, il y a eu des jets de pierres et un cameraman de la télévision française a été blessé à la tête. Rapidement, la manifestation a toutefois été dispersée à la grande colère des marcheurs et des organisations syndicales qui comptent bien remettre ça.
La situation s’est normalisée en fin d’après-midi. Le gouvernement sénégalais et des représentants de marchands ambulants ont par ailleurs trouvé un accord pour permettre à ces commerçants de travailler en toute légalité dans certains endroits de la capitale. La Ville de Dakar a par ailleurs annoncé l’ouverture d’un guichet pour le recensement des commerçants ambulants « en vue de leur intégration au niveau de certains marchés et points de vente ».
Sénégal : les marchands ambulants occupent la rue
Politique au sénégal
jeudi 22 novembre 2007
Une partie de la journée d’hier a été marquée par des affrontements entre marchands ambulants et forces de l’ordre. Le pouvoir semble n’avoir rien vu venir.
Et pourtant… L’occupation de la rue, spontanée parait-il, tombe à point nommé pour interdire la marche des syndicats prévue dans l’après midi. La marche des syndicats avait été autorisée, ce qui en soit était déjà curieux, aucune marche n’ayant été autorisée depuis des années sous prétexte de risques de troubles. Hasard certainement. Le hasard a la réputation de bien faire les choses mais une pareille coïncidence tient du miracle et j’ai du mal à y croire.

Faut-il voir derrière cette explosion spontanée des marchands ambulants la main du pouvoir ? A mon avis oui, bien que ce ne soit peut-être pas directement le palais ou la gouvernance qui aient mitonnés le coup.
Paranoïa ? Certainement pas ! Juste une petite tactique cousue de fil blanc pour interdire une marche avec un « bon » prétexte. Wade nous a habitué à ces petits coups tordus.










