Emeutes au Cameroun juillet 2008
Le calme revient à Akonolinga (Cameroun) après les émeutes
APA-Akonolinga (Cameroun) Un calme précaire régnait dimanche matin dans la ville camerounaise d’Akonolinga (Centre du pays), après des émeutes ayant fait un mort et plusieurs dégâts matériels, a constaté APA.
Depuis trois jours, des renforts de la police et de la gendarmerie venus de la capitale Yaoundé patrouillent, armes au poing, les moindres recoins de cette cité pourtant réputée pour son soutien au régime en place.
De sources concordantes font état de l’interpellation d’une trentaine de suspects.
Des troubles s’étaient en effet signalées depuis mercredi dernier dans cette localité sise à quelque 200 kilomètres de Yaoundé, de populations mécontentes de la descente de la Foudre locale en D2, mais aussi de la sortie, le dimanche d’avant, du même club en demi-finale de la Coupe du Cameroun de football par Aigle de Dschang (3-1 et 0-2).
Dans leur furie, les manifestants avaient pillé et incendiés plusieurs commerces et maisons appartenant à des allogènes, avant d’assassiner Louis Bouopda, 40 ans qui tenait une échoppe dans la ville depuis de longues années.
Samedi, plusieurs élites de la localité ont tenu un meeting au centre de la ville pour appeler les populations à l’apaisement et à la cohabitation pacifique.
FCEB/mn/APA 20-07-2008
Violences à Akonolinga
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YAOUNDE – 18 JUILLET 2008 |
Akonolinga s’est embrasée mercredi dernier avec, comme au plus fort des années de braise, une chasse lancée contre les « allogènes », particulièrement les populations originaires du département de la Menoua dans la province de l’Ouest.
Un mort a déjà été enregistré. Pour ramener le calme dans le chef-lieu du département du Nyong et Mfoumou, des hordes de policiers et gendarmes, appartenant à des unités spécialisées, venus de Yaoundé et Douala ont du être mises à contribution.
A l’origine de cette montée de xénophobie, une confrontation entre deux clubs de football. La Foudre sportive d’Akonolinga n’aurait pas bénéficié de la » légendaire hospitalité africaine » lors du match retour de demi-finale de Coupe du Cameroun l’opposant à l’Aigle royal de Dschang, le club phare de la Menoua, dont les dirigeants n’avaient pas fait mystère de leur volonté d’accéder par « tous les moyens » à leur première finale de la Coupe du Cameroun. Un match disputé pratiquement à huis-clos puisque les quelques journalistes qui se sont risqués à immortaliser des moments de la partie, ont été rudoyés.
A Akonolinga, les représailles ont donc commencé dès lors que le mince espoir de maintien en Mtn Elite One qui existait pour la Foudre s’est évanoui avec l’homologation par le comité exécutif de la Fédération camerounaise de football des résultats de la saison 2007-2008 de football dans la nuit de mercredi. Une situation qui aurait pourtant pu être prévenue par les autorités administratives et de maintien de l’ordre, étant donné la tension qui avait déjà entouré à Akonolinga les deux confrontations en l’espace d’une semaine entre les deux clubs tant en championnat qu’en coupe.
Mais les débordements de ces derniers jours à Akonolinga sont à chercher dans un mécontentement et de nombreuses frustrations ravalées, corollaires de conditions de vie difficiles dont les frustrations rejaillissent à la moindre occasion et épousent les contours les plus divers. Les autorités en charge de la gestion de la chose publique devraient bien se garder de regarder ces évènements là comme des épiphénomènes car ils cachent des réalités bien plus perverses, comme on a déjà pu le constater avec les émeutes de février. A moins que la colère d’Akonolinga n’ait été » préparée » en haut lieu.
Quoiqu’il en soit, le moyen le plus sûr de prévenir reste de garantir les conditions minimales de bien-être à la population. Nous ne semblons pas en emprunter la voie. Et le ras-le-bol récurent qui déborde dès la première situation de tension peut ne plus être endigué à un moment. Surtout que les lézardes observées au sein du système sécuritaire sur lequel s’adosse le système depuis l’indépendance, ne garantissent même pas la réactivité optimale de la machine répressive. Désormais les unités spéciales de l’armée sont au premier plan de banales missions de maintien de l’ordre.
L’alerte sonnée il y a une semaine par l’une des personnes supposées garantir la sécurité des biens et des personnes n’est pas pour rassurer. Etait-ce un aveu d’impuissance ? Toujours est-il que le secrétaire d’Etat à la Défense spécialement chargé de la gendarmerie, Jean-Baptiste Bokam, n’a pas plombé son propos de circonlocutions vendredi dernier à Yaoundé pour étaler les défaillances qui sont celles des hommes sous son autorité et pour lesquels la probité est loin d’être la valeur la mieux partagée malgré les moyens débloqués pour assurer la quiétude. Ce qui contribue à envenimer les choses, bandits et policiers étant désormais copains-coquins, s’entendant quelquefois comme larrons en foire de l’aveu même du patron de la gendarmerie.
Mort, casse et pillage suite à la défaite de Foudre d’Akonolinga
En représailles aux exactions dirigées contre les dirigeants de leur club fanion, des fans s’en prennent aux intérêts des ressortissants de l’Ouest. Consternation, recueillement et lamentations hier au domicile des Tieuntcheu au marché d’Akonolinga. La tête de proue de la famille a été abattue mercredi soir d’un coup de machette à lui assené par des assaillants.
» Il est 20heures lorsque quatre jeunes gens font irruption dans la boutique de mon grand frère Louis Bruno Tieuntcheu que je gère, raconte Alain Tieutcheu le cadet, en présence des autorités administratives et militaires du département. Armés de machettes, de gourdins et de haches, poursuit-il, ils m’ont demandé de quitter la boutique. C’est alors que j’ai fait appel à mon grand frère. A peine a-t-il pointé le bout du nez qu’un coup de machette s’abat sur son crâne. J’ai alors le réflexe d’éteindre l’ampoule et de me fondre dans la pénombre ainsi créée. Ne pouvant pas me repérer dans ce cafouillage, ils ressortent, fous de rage, pour s’en prendre à la marchandise. La porte de la boutique est défoncée et son contenu pillé et incendié. Quelques temps après, les forces de l’ordre arrivent sur les lieux à bord d’un véhicule. Louis Bruno baigne dans une marre de sang lorsqu’il est conduit à l’hôpital. Il rendra l’âme sur la table de chirurgie, victime de la xénophobie dont nous sommes victimes depuis le match de dimanche dernier « , indique Alain Tieuntcheu.
De l’autre côté de la route, à quelques deux cents mètres de là, un autre spectacle accapare l’attention de quelques badauds. Une villa littéralement ravagée par des flammes gît au milieu d’autres bâtisses. Les pyromanes n’ont pas fait de détail. Du réfrigérateur à la cuisinière en passant par les meubles, les ustensiles de cuisine et des téléviseurs, rien n’a été épargné, si ce n’est le propriétaire de la maison, Pascal Dzetsop et sa famille, » partis sur la pointe des pieds aux premières lueurs des échauffourées « , explique un de ses voisins, Jean Marc Mvele. Qui révèle que Pascal serait » le planificateur des mauvais traitements dont ont été victimes deux dirigeants de Foudre, Assene Nkou, Dg de la Sic et Pierre Lebon Elanga, le président de Foudre d’Akonolinga. En s’en prenant à sa maison les populations entendaient prendre là leur revanche.
Mêmes scènes de pillages et de casses dans les commerces de plusieurs ressortissants de l’ouest au niveau du petit marché. A chaque fois, des boutiques sont éventrées, leur contenu vidé et brûlé sur la chaussée.
Des pillages qui seront complètement éradiqués grâce aux mesures d’intimidation de deux groupements d’intervention de la gendarmerie et de la police venus de Yaoundé en renfort. Sans oublier le déploiement du corps d’élite de la gendarmerie, le fameux Groupement polyvalent d’intervention (Gpign).
A 17heures, lorsque nous quittions les lieux, tout était sécurisé, les éléments du Gpign pouvaient quitter la ville à bord d’un car de transport en commun, à destination de Yaoundé.
© Le Jour : Evariste Menounga
Paru le 18-07-2008 11:04:48
Violences à Akonolinga: Deux Morts !
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Les supporters de l’équipe de football locale voulaient s’insurger contre la descente de leur club en D2 et son élimination en demi-finale de la coupe du Cameroun. Des appels à la haine ethnique ont été émis par les dirigeants du club contre les ressortissants de l’Ouest…
Deux personnes ont été tuées mercredi 16 juillet dernier à Akonolinga dans le département du Nyong et Mfoumou à environ 150 km de Yaoundé. Ils ont été tués lors des violences organisées par les supporters de la Foudre locale, dernière au classement du championnat de D1 et qui venait d’être reléguée en deuxième division. Le club a également été éliminé en demi-finales de la coupe du Cameroun par l’Aigle de la Menoua.
Déçus par leur élimination qu’ils considéraient comme injuste, les supporters de la Foudre s’en sont pris à toutes les personnes qu’ils considéraient comme ressortissant de la province de l’Ouest ou plus précisément de Dschang.
Les violences ont commencé aux environs de 17h après que le Comité exécutif de la Fédération camerounaise de football qui se tenait à Limbé a confirmé la décision de la relégation de Foudre d’Akonolinga. C’est alors qu’informés, les supporters de l’équipe locale sont descendus dans la rue, décidés à en découdre avec les originaires de l’Ouest qu’ils accusent d’avoir violenté les responsables de Foudre lors du match des demi-finales retour à Dschang. Leurs magasins et leurs domiciles ont été ciblés, incendiés et pillés. Les violences ont fait deux morts (l’identité pour l’instant n’est pas encore connue) et une trentaine de blessés, de source policière.
Débordée, la police locale a fait appel aux renforts de Yaoundé. Lesquels ont réussi à maîtriser la situation. Une quinzaine de manifestants ont été interpellés et les enquêtes suivent leur cours
Hier à Akonolinga, le calme était revenu, mais la tension était encore perceptible. Les autorités administratives ont multiplié des réunions pour essayer d’appeler au calme.
Le déchaînement de violence observé mercredi à Akonolinga est la résultante d’un certain nombre de déclarations haineuses qui ont été proférées dans les médias. Sur la Crtv et notamment dans l’émission Fou fou foot, Pierre Lebon Elanga, directeur général de la Foudre et par ailleurs journaliste dans la même chaîne, a utilisé les antennes nationales pour prendre fait et cause pour son club.
Quelques temps plus tôt, notamment samedi dernier sur les antennes de radio Siantou, dans un débat sur le sport, le secrétaire général de Foudre, Faustin Mbida, a affirmé que les fils du Centre devaient se mobiliser contre « la trop grande présence des bamiléké dans le championnat de D1 ». « Il y a dix clubs bamiléké dans le championnat, ce n’est pas normal. Nous les gens du Centre, nous devons aussi être solidaires comme eux. Les clubs des bamiléké gagnent avec la fraude. Tous les cas de fraude dans le championnat vienent d’eux », avait-il dit.
Présent à Limbé lors du comité exécutif de la Fécafoot, le même Faustin Mbida, une fois que la relégation de Foudre a été prononcée, a martelé que c’est désormais un « combat contre les bamiléké » et aurait passé le message à Akonolinga où les supporters attendaient le verdict de la Fécafoot. Lesquels sont descendus dans la rue avec le bilan qu’on sait.












