Emeutes à Montréal avril 2008

Une dizaine de commerçants touchés
22/04/2008
CANOE.com

Photo © PC/ Peter McCabe
En vidéo le reportage de David Couturier.
La violence qui a éclaté lundi soir au centre-ville de Montréal après la victoire du Canadien de Montréal face aux Bruins de Boston a dégénéré à plusieurs endroits, faisant bien des dégâts.
Seize voitures du SPVM ont été endommagées, dont cinq qui ont été incendiées, encourant pour le corps policier des pertes évaluées à 500 000$.
Une dizaine de commerçants ont quant à eux été victimes d’introductions par effraction, tandis qu’une voiture appartenant à un citoyen a été vandalisée. Des vitrines de commerces ont été fracassées et des articles ont été dérobés.
Émeutes au centre-ville: YouTube a tout vu
La Presse Canadienne
23 avril 2008
L’émeute du 21 avril au centre-ville de Montréal – La Presse
Signe des temps, les images des émeutes de lundi soir sont aujourd’hui accessibles à tous sur différents sites internet. Des séquences des confrontations se sont retrouvées sur le site YouTube et ont déjà été visionnées par des centaines de personnes.
«Dès qu’il y avait de l’action, tout le monde sortait son cellulaire pour filmer», raconte Mena Attia.L’étudiant de l’Université Concordia est resté jusqu’à minuit à l’angle des rues Sainte-Catherine et Crescent, muni de son téléphone cellulaire. Comme bien d’autres, il a filmé le déroulement de la soirée. Et avant d’aller au lit, il a mis sept séquences sur le site YouTube. «Je voulais montrer ce qui s’était passé», raconte-t-il. Hier soir, une vingtaine de ces séquences étaient disponibles sur le site internet.
«La casse souligne le phénomène, mais avec ces sites internet, ça l’immortalise encore plus», croit la sociologue Diane Pacom, professeure à l’Université d’Ottawa.
Le criminologue Marc Ouimet estime pour sa part que ces citoyens pourraient être d’une grande aide pour prévenir les futurs débordements. «Les policiers pourraient demander au public de leur envoyer ces vidéos pour aider à monter les preuves et identifier les individus», croit-il.
C’est d’ailleurs ce qui s’est passé. Des douzaines de partisans du Canadien de Montréal, choqués par les scènes, ont choisi de remettre aux policiers les preuves qu’ils ont amassées.
Les autorités policières montréalaises ont indiqué à La Presse Canadienne avoir reçu plusieurs douzaines de vidéos et 30 photos qu’ils avaient commencé à examiner.
Des officiers supérieurs ont admis avoir été surpris par l’initiative des citoyens, et ils mettront en ligne un site internet dans le but de recevoir d’autres vidéos.
Émeutes au centre-ville : les images font le tour de la planète
Les images disgracieuses du grabuge fait hier par un petit groupe de vandales font déjà le tour du monde.
C’est que les malfaiteurs ont filmé leurs gestes pour ensuite mettre le tout sur YouTube. Visionnez les images du vidéo ci-joint.
Anne Tessier-Bouchard / Info690
Hockey – Centre-ville de Montréal: Une émeute-surprise
2008-04-22
Les policiers de Montréal reverront leur stratégie en prévision des prochains matchs du Canadien. Le maire Tremblay refuse de leur jeter la pierre, mais affirme que de tels débordements nuisent à l’image de la métropole.
Les policiers de la Ville de Montréal ont été surpris par la violence des émeutes, étant donné qu’il ne s’agissait pour le Canadien que d’une victoire au premier tour des séries éliminatoires de la Ligue nationale de hockey. La police de Montréal prévoit rajuster le tir, comme elle l’a mentionné mardi en conférence de presse. Le plan d’action sera donc revu en prévision de la prochaine série du Canadien.
Le plan d’action des policiers prévoyait une croissance des mesures d’intervention tout au long de la progression (éventuelle) du Canadien en séries éliminatoires, et le directeur du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), Yvan Delorme, a avoué que la stratégie sera revue et améliorée en prévision du prochain tour.
De son côté, le maire de Montréal, Gérald Tremblay, a refusé de remettre l’entière responsabilité de ces débordements entre les mains des policiers. Le maire s’est dit déçu et choqué des événements.
« On ne peut pas permettre à un petit groupe de personnes de vandaliser le domaine public, des automobiles de police et également le domaine privé. Je peux vous dire que cela a un impact sur l’image de Montréal », a déclaré le maire Tremblay.
Des casseurs s’infiltrent
Des casseurs ont profité des célébrations entourant la victoire du Canadien en huitième de finale pour provoquer des affrontements avec des policiers, commettre des actes de vandalisme et allumer des incendies.
L’escouade anti-émeute et les pompiers ont dû intervenir rue Sainte-Catherine au centre-ville de Montréal. Au moins 16 voitures de police ont été endommagées et 5 ont été incendiées.
Des vitrines de magasins ont aussi été fracassées. Le service de police a procédé à 16 arrestations, dont celles de trois mineurs.
Présence policière conviviale
Les policiers ont adopté une approche conviviale en se mêlant à la foule tout en faisant sentir leur présence. Après le début des émeutes, les policiers ont préféré procéder à des arrestations ciblées plutôt que massives. M. Delorme a précisé que la grande majorité des partisans ont fêté convenablement et que le grabuge a été causé par un petit groupe de criminels. M. Delorme appuie ses dires sur le fait que ce sont les équipements des policiers qui étaient ciblés par ces actes.
Les personnes arrêtées feront, entre autres, l’objet d’accusations pour voies de fait, méfaits, méfaits contre des véhicules de police, agressions armées contre des policiers, et introductions par effraction, a précisé l’agent Laurent Gingras, du Service de police de la ville de Montréal.
« Nous n’avons pas l’intention de fermer la Ville pour une poignée de criminels », a déclaré le directeur du SPVM. La Ville et son corps policier étudient néanmoins la possibilité de fermer la rue Sainte-Catherine en prévision des autres matchs qui auront lieu au Centre Bell.
Malgré les émeutes qui ont généré des dégâts de l’ordre de 500 000 $ aux voitures du SPVM, la direction du corps de police se félicite que personne n’ait été blessé.
Le regroupement de commerçants Destination centre-ville, dont plusieurs membres ont vu leurs vitrines fracassées, estime que la fermeture des rues aux abords du Centre Bell doit être envisagée.
Des réactions politiques
Le chef de l’Action démocratique du Québec, Mario Dumont, estime que les policiers doivent intervenir de façon plus musclée pour éviter que des émeutes de la sorte se reproduisent. Il croit que les autorités municipales et provinciales devraient donner un mandat clair aux corps policiers d’utiliser tous les moyens à leur disposition pour contrer des vandales qui provoquent une émeute et nuisent à la réputation de la ville.
De son côté, le ministre responsable de la région de Montréal, Raymond Bachand, a déploré qu’un petit groupes de casseurs ait perturbé les festivités. Il a précisé que de grands événements comme le festival de Jazz se déroulait sans grabuge chaque été à Montréal.
L’enquête se poursuit
Après le visionnement de vidéos tournées pendant les événements et la cueillette d’informations livrées par le public au service Info-Crime, d’autres arrestations sont à prévoir.
La soirée a débuté dans la joie, mais après une heure de célébrations, les fêtards se sont transformés en casseurs.
Les policiers ont quitté les lieux pour revenir en force plus tard. Des bouteilles, des pierres et des poubelles ont été lancées sur l’escouade anti-émeute. Les émeutiers ont aussi atteint des passants. Il n’y aurait cependant pas eu de blessés graves.
Les esprits se sont calmés vers 2 h 30, mais les policiers ont poursuivi leurs patrouilles au centre-ville.
En 1993, les finales de la coupe Stanley avaient également entraîné des débordements dans les rues de Montréal
Une police trop près, trop loin
Le mercredi 23 avril 2008/ La Presse
«Nous sommes tous des partisans du Canadien », disait fièrement le chef de police Yvan Delorme, hier.
M. Delorme est l’homme du rapprochement. On voyait partout en ville des voitures de police avec le drapeau du Canadien.
Sympathique, certes. Et puis, cet esprit bon enfant n’est-il pas rassembleur ?
À première vue, sans doute. Mais que direz-vous au partisan des Bruins qui se fait tabasser en sortant du Centre Bell ? Les policiers, quand ils endossent l’uniforme du service de police, ne sont les partisans d’aucune équipe, d’aucun groupe.
Anodin, me direz-vous. Mais en vérité, cet accroc mineur à l’image d’impartialité de la police de Montréal révèle une mentalité. Il montre une partie de ce qui ne s’est pas bien passé lundi, après le match : la difficulté de passer du mode «communautaire» au mode de crise.
L’idée même de police communautaire, ou de quartier, dans une zone du centre-ville régulièrement en ébullition, est une vue de l’esprit. Il n’y a guère de «communauté» dans les parages, mais des milliers de gens de passage, aux motifs pas toujours convergents.
Lundi soir, dès avant le match, les policiers faisaient sentir leur présence, mais doucement, en se mêlant aimablement à la foule. Je n’ai rien contre les policiers souriants. Mais si le but de l’opération est d’empêcher les « débordements », il faut faire une démonstration de force, pas d’écoute active.
J’admets volontiers que cette petite émeute n’était pas si prévisible que les médias le prétendent aujourd’hui – sinon, ces mêmes médias n’auraient pas tous (sauf La Presse et quelques autres) fermé boutique avant la casse.
La situation ne se compare ni à l’échec de 1993 ni au succès du soir du référendum de 1995, où une collision entre OUI et NON a été évitée grâce à une démonstration de force majeure (chevaux, hélicos, etc.).
Avec 16 arrestations, 10 vitrines brisées et 16 voitures endommagées hier, on est loin des émeutes de la Coupe Stanley en 1993. Ce 9 juin-là, il y a eu au-delà de 115 arrestations dans le centre-ville de Montréal. Près de 200 personnes ont été blessées. On a dénombré 267 méfaits contre des voitures ou des commerces.
Des émeutiers ont été condamnés à la prison – dont six mois dans un cas. Des poursuites au civil ont été intentées.
L’émeute de juin 1993 survenait deux semaines après le jugement, rendu par le juge Gilles Hébert, qui déclarait la Ville de Montréal et le service de police responsables de dommages subis par les commerçants pour l’émeute de la Coupe Stanley de… 1986.
Le juge Albert Malouf a été chargé d’enquêter sur l’émeute de 1993. Il a blâmé le service de police et recommandé plusieurs mesures de correction.
On ne peut pas dire que les leçons n’ont servi à rien. Le service de police a organisé un poste de commandement hautement sophistiqué depuis.
Il est vrai aussi que des huitièmes de finale n’appellent pas le même effectif qu’une finale. Sans quoi, il faudrait accepter de mobiliser inutilement des centaines de policiers en heures supplémentaires, à grands frais, pour chaque match « au cas où ».
Au fond, le chef Delorme l’a exprimé clairement, hier matin, en félicitant ses troupes : il n’y a pas eu de blessé et personne n’a rapporté de « gestes disgracieux » des policiers.
Voilà résumée en une ligne les deux piliers la philosophie du Service de police de Montréal en matière d’émeutes. Premier pilier : les gens avant le matériel.
Deuxième pilier : préserver l’image de la police. Police-partenaire, police-près-des-gens, police-gâteau, police dans le sirop, plutôt que police-matraque, police-gaz poivre…
On a donc dépassé le temps de l’improvisation ou de la désorganisation, dénoncées par les juges Hébert et Malouf au sujet de 1986 et 1993.
On baigne désormais dans une philosophie d’abolition des distances. C’est l’époque qui veut ça, j’imagine. Toutes les figures d’autorité – parent, prof, politiciens – ont de la difficulté à prendre leurs distances. Tout le monde veut se rapprocher tout près, tout près… jusqu’à en oublier parfois son rôle.
Une police « trop près » risque de rester « trop loin » quand la crise éclate et de se tenir en retrait. On l’a vu dans d’autres manifs ces dernières années.
Cela a du bon, remarquez bien. On pourrait éviter des dommages matériels en fonçant dans le tas avec matraques et gaz. Mais au prix de nombreuses blessures et d’arrestations injustifiées. Sauf que d’une part, les experts en contrôle de foule disent que ces stratégies ont souvent des effets boomerang. Et d’autre part, accepter certains dommages matériels en refusant les risques de blessures graves n’est pas un calcul stupide.
Le défi de cette police est de savoir quand s’assumer pleinement comme force de répression, quand… s’éloigner. Histoire de dissuader à l’avance les tentations de casse « festive ».
Comme il reste au moins un autre rendez-vous du genre, l’occasion sera belle de raffiner le modèle. J’allais dire de le raffermir…
Qu’avons-nous retenu des émeutes de 1993?
La Presse
Critiquée lors des émeutes de 1993, la police de Montréal en prend encore pour son grade aujourd’hui. Il est certes difficile de contrôler les foules, disent les experts. Mais certains corps policiers s’y prennent autrement.
L’histoire se répète pour la police de Montréal. En 1994, la commission Malouf a durement critiqué l’intervention policière lors des émeutes de la victoire de la Coupe Stanley de 1993.
Le rapport critiquait un manque de planification, de visibilité et de préparation. «À l’époque, les policiers se tenaient en équipe de 4 ou 5, raconte Marc Ouimet, criminologue à l’Université de Montréal. Les équipes ont donc été rapidement débordées par les manifestants.»
Quinze ans plus tard, la tactique a-t-elle changé? Difficile de le savoir. «Je peux simplement vous dire que les recommandations du rapport Malouf ont été respectées», répond Pierre-Paul Pichette, assistant-directeur du Service de police de la Ville de Montréal, sans divulguer davantage de détails.
De son côté, Marc Ouimet a fait quelques observations. «Hier, les policiers semblaient se tenir en bande de 20 à 30 pour ne plus se faire attaquer, explique-t-il. Il y avait donc moins d’équipes policières disponibles. Ça explique pourquoi des voitures de police non surveillées ont été incendiées.»
Selon lui, il est très difficile de prévoir ces mouvements de foule. «C’est presque impossible. On ne sait pas où ça va se passer et comment ça va commencer…»
Ailleurs
Les corps de police d’autres villes ont chacune leur technique pour contrôler les émeutes. La police de Calgary, par exemple, a fermé la 17e Avenue au centre-ville à quelques reprises dans le passé après des matches des Flames.
«Nous faisons cela en dernier recours pour assurer la sécurité du public et la préservation du matériel», explique l’inspecteur Bob Ritchie, de la police de Calgary. La police d’Edmonton a également déjà fermé des rues.
En Europe, les policiers dispersent souvent les groupes de supporteurs dans des petites rues. À la sortie des matches de soccer en Algérie, les policiers escortent parfois les autobus de fans jusqu’à ce qu’ils arrivent à bon port.
Le Canadien et les émeutes de 1986 et 1993
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Au cours des vingt-cinq dernières années, le Canadien de Montréal a été à l’origine de deux importantes émeutes.
En 1986, le Canadien a remporté la coupe Stanley en éliminant les Flames de Calgary en cinq rencontres dans un duel se déroulant sur la patinoire des Flames.
La foule s’était alors réunie autour du Forum et du grabuge était survenu sur l’équivalent de quatre pâtés de maisons. L’aéroport avait lui aussi été la cible des fêtards qui s’étaient rendus sur place pour accueillir leur équipe. Les dommages totalisaient environ deux millions de dollars.
En 1993, le Canadien a une fois de plus remporté la coupe Stanley en cinq rencontres. Cette fois, le tricolore affrontait les Kings de Los Angeles à Montréal. Le grabuge s’est alors étendu sur plus de 40 pâtés de maison. Les fêtards avaient alors agi en bandes plus organisées.
Rappelons qu’à la suite d’une enquête publique tenue en 1993, le juge Albert Malouf a conclu que la Ville de Montréal avait manqué de leadership, de structure et d »organisation face aux émeutiers.









