Haïti avril 2008

Vidéo 9 avril
En proie aux émeutes de la faim, Haïti est plus divisé que jamais
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PORT-AU-PRINCE/JEAN-YVES CLÉMENZO | 11 Avril 2008 | 00h00
REPORTAGE | 00h00 PÉNURIE – La violence revient hanter le pays, quatre ans après la guerre civile. Mais, au-delà des manifestations provoquées ces jours-ci par la hausse des prix, les inégalités criantes demeurent au centre du problème haïtien.

© Laurent Guiraud | La famille de Denise. A six ils vivent dans une petite cahute en taule de 20 mètres carrés.
Les émeutes secouent à nouveau Haïti deux ans après l’arrivée au pouvoir du président René Préval. En une semaine, des manifestations de rues à Port-au-Prince et dans les principales villes de province ont causé la mort de cinq personnes et fait une soixantaine de blessés. En cause: la hausse subite des prix du riz. Un sac de 120 livres est passé de 35 à 70 dollars en une semaine, tandis que l’essence a connu une troisième hausse en moins de deux mois.
Depuis des semaines, les habitants des bidonvilles se plaignent de ne plus pouvoir nouer les deux bouts. Ils ont finalement décidé de descendre dans la rue.
Tout est parti jeudi passé de la petite ville des Cayes dans le Sud où des manifestants s’en sont pris au campement des Nations Unies. Les troubles ont gagné par la suite la capitale Port-au-Prince secouée par les pillages et la violence mercredi.
Le président Préval, qui était parvenu depuis deux ans à améliorer la situation sécuritaire, se retrouve plongé dans le tourment. Des sénateurs ont réclamé hier la tête de son premier ministre Jacques-Edouard Alexis.
En toile de fond de cette crise, la profonde inégalité de la société haïtienne et sa dépendance envers les importations. Haïti, qui était par le passé un exportateur de produits agricoles, importe de nos jours 80% de son riz, la nourriture de base. Une hausse des cours mondiaux et c’est tout l’équilibre fragile d’un ménage qui est menacé. Car trois quarts des gens vivent avec moins de 2 dollars par jour. Pour illustrer cette réalité, La Tribune a visité deux quartiers emblématiques avant les émeutes: Cité Soleil, le bidonville le plus connu du bas de Port-au-Prince, et Pétionville, le quartier aisé du haut.
Comment survivre dans le bidonville de Cité Soleil
Dans la pénombre d’une baraque en taule, Williams, deux ans, dort sur une fine couverture posée à même le sol. La modeste pièce de 20 mètres carrés sans eau ni électricité sert de toit à Marie-Anne Nicolas, sa grand-mère, soixante ans, et à ses quatre frères et sœurs. Toute la famille survit avec peine à Cité Soleil, un des plus grands bidonvilles de Port-au-Prince où s’entassent 250?000 personnes sur une surface de 4 kilomètres carrés, l’équivalent de la commune du Grand-Saconnex. Marie-Anne Nicolas a quitté sa ville natale de Léogane, une zone de cannes à sucre au sud du pays, avec sa famille de paysans à la fin des années soixante. «Nous sommes venus à Port-au-Prince pour avoir une vie meilleure», se rappelle-t-elle. Comme elle, des dizaines de milliers de provinciaux se sont massés dans des baraques en taule au bord de la mer des Caraïbes.
Lieu emblématique
Cité Soleil est devenue au cours des années le quartier le plus violent de la capitale. Jusqu’à l’an passé, ce fut la dernière zone contrôlée par des bandes armées fidèles à l’ex-président Jean-Bertrand Aristide. Le 9 février 2007, les troupes de maintien de la paix de l’ONU lancèrent en accord avec le président René Préval une opération pour prendre le contrôle de la zone. «Pendant la journée, nous sommes maintenant tranquilles. Mais la nuit, des hommes se baladent encore avec des armes», constate Denise, la cinquantaine, qui vit dans la cité depuis 23 ans. Une amélioration constatée par le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), qui soutient un système d’ambulance. Les secouristes ne transportent plus que deux blessés par mois alors qu’il y en avait une cinquantaine mensuellement pendant la période chaude de 2005-2006, pour la plupart des blessés par balle. Reste que les conditions de vie demeurent extrêmement précaires, malgré de l’eau potable fournie par le CICR et le pavage des rues réalisé ces dernières années. Des eaux nauséabondes et des déchets attirent les moustiques derrière les baraques. L’unique centre de santé, soutenu par Médecins du Monde, traite de nombreux problèmes dus au manque d’hygiène. «Beaucoup d’infections génitales, des taux de malnutrition assez élevés chez les enfants et des femmes enceintes souffrant d’anémie», observe le docteur Franz Pierre.
Haïti. Émeutes de la faim : l’alerte mondiale
Alimentation. Contagion de révoltes en Afrique et aux Caraïbes, situation explosive en Haïti…
Des « émeutes de la faim » au XXIe siècle… C’est pourtant bien ainsi, scandaleux paradoxe, dans un monde qui regorge de richesses, qu’il faut qualifier les révoltes qui ont embrasé récemment plusieurs pays d’Afrique et des Caraïbes : Mauritanie, Cameroun, Burkina Faso, Éthiopie, Indonésie, Égypte, Maroc, Côte d’Ivoire, Sénégal, Madagascar, Philippines et Haïti.
Ces émeutes consécutives à la hausse des prix des denrées alimentaires et plus particulièrement du pain, basique et symbolique, provoquée par la hausse des prix des céréales alimentaires.
Ces mouvements ont connu un pic dramatique samedi à Haïti : un policier nigérian de l’ONU a été tué par balles à Port-au-Prince, après la destitution du Premier ministre, et en dépit de l’annonce par le président René Préval d’une baisse du prix du riz pour apaiser la colère de la population.
Des milliers de personnes avaient manifesté ces jours derniers, souvent violemment, dans la capitale et en province, pour dénoncer la brusque hausse des prix des denrées de base dans le pays le plus pauvre du continent américain.
Banque mondiale : le SOS
De son côté, l a Banque mondiale, a appelé les gouvernements des pays membres à intervenir d’urgence pour éviter que la crise alimentaire n’appauvrisse encore davantage quelque 100 millions de personnes dans le monde.
La Banque mondiale considère que 33 États dans le monde sont menacés de troubles politiques et de désordres sociaux à cause de la montée brutale des prix des produits agricoles et énergétiques.
Le dossier sera discuté lors du G8 Finances, en juin au Japon. La Banque mondiale va octroyer 10 millions de dollars au pays et y envoyer des experts pour aider les autorités à répondre à la crise.
Le programme alimentaire mondial avait déjà reçu plus de la moitié des 500 millions de dollars qu’il a demandés à la communauté internationale avant le 1er mai. Mais « ce n’est pas assez ». « Il demeure urgent que les gouvernements interviennent », a souligné M. Zoellick, le président de la Banque Mondiale.

DSK: «L’impact pourrait être terrible»
En une semaine, le sac de 50 kg de riz est passé sur place de 35 à 70 dollars. Un nouveau et terrible choc pour Haïti, un pays de 8,5 millions d’habitants, où 80 % de la population vit avec moins de 2 dollars par jour, en dessous du seuil de pauvreté. Mais les dirigeants des principales organisations de la planète craignent la contagion de la crise. Les déclarations alarmistes se sont multipliées ce week-end. Les émeutes qui ont frappé jusqu’à présent l’Afrique et les Caraïbes pourraient s’étendre bientôt à l’Asie, estime ainsi Jacques Diouf, directeur de la FAO (organisme des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation).
Il estime surtout que cette situation est appelée à durer : « Je ne vois pas de raisons objectives à des diminutions de prix », explique-t-il. « Il faut donc s’attendre à de nouvelles émeutes de la faim ». Diouf évoque une facture d’importations de denrées alimentaires en hausse de 56 % pour les pays le s plus pauvres. D’où le cri d’alarme de la FAO qui organisera en juin à Rome une conférence des pays donateurs pour recueillir entre 1,2 et 1,7 milliard de dollars.
Le prix de 4 Airbus A 380 ! Pas insurmontable donc si la volonté politique est au rendez-vous. Elle devrait l’être car la hausse des prix alimentaires pourrait avoir de terribles conséquences pour la planète entière si rien n’était fait pour l’endiguer, a souligné à son tour, samedi à Washington, Dominique Strauss-Kahn.
Pour le directeur général du Fonds monétaire international, si rien n’est fait, « des centaines de milliers de personnes vont mourir de faim… ce qui entraînera des cassures dans l’environnement économique », a-t-il, aussi, mis en garde. Les progrès réalisés par les pays pauvres depuis cinq à dix ans en matière de développement pourraient se retrouver « complètement détruits ».
La crise est jugée mondiale par les experts mais, comme d’habitude, les pays les plus fragiles sont en première ligne…
Publié le 14 avril 2008 à 08h32
Les Casques bleus tirent sur des manifestants
Associated Press (AP) Jonathan M. Katz
08/04/2008

Les Casques bleus des Nations unies ont eu recours à des balles de caoutchouc et des gaz lacrymogènes, mardi à Port-au-Prince, pour disperser des manifestants qui s’étaient rassemblés devant le palais présidentiel afin de dénoncer la hausse des prix de la nourriture.
Le chef de cabinet du président René Préval, Fritz Longchamp, affirme que certains manifestants tentaient de pénétrer dans le palais quand les soldats de l’ONU sont arrivés pour établir un périmètre de sécurité.
M. Longchamp précise que le président Préval a continué à travailler à l’intérieur du palais. Des témoins affirment qu’un photographe haïtien a été transporté à l’hôpital après avoir été blessé.
Des troubles provoqués par la hausse du coût de la vie ont éclaté la semaine dernière quand des Haïtiens ont incendié des voitures et attaqué un commissariat de police de l’ONU à Les Cayes, dans le sud du pays. Au moins cinq personnes y ont perdu la vie.
Les manifestations ont atteint la capitale Port-au-Prince lundi, quand des milliers de personnes ont défilé devant le Palais national, certaines en criant «Nous avons faim!» et d’autres, réclamant le départ de René Préval.
Les manifestations se sont intensifiées mardi quand les manifestants ont barricadé des rues et bombardé un marché public avec des pierres.
Les Haïtiens sont particulièrement touchés par la hausse mondiale du coût de la nourriture, puisque environ 80 pour cent de la population subsiste avec moins de 2 $ US par jour. Le coût de produits comme le riz, les fèves, les fruits et le lait condensé a augmenté de 50 pour cent depuis un an, pendant que celui des pâtes a doublé.
Pour sa part, le gouvernement affirme que les émeutes sont manipulées par des forces extérieures. Le pouvoir incrimine les trafiquants de drogue et les partisans de Guy Philippe, un rebelle en fuite recherché par les Etats-Unis pour trafic de stupéfiants.
Si ces manipulations ne sont pas attestées, la tournure politique que prennent les émeutes ne peut pas être ignorée. De nombreux manifestant réclament en effet le retour du président en exil Jean-Bertrand Aristide.
Lundi, des milliers d’entre eux se sont réunis dans le bidonville de Cité Soleil, à l’appel du révérend Gérard Jean-Juste, l’un des principaux alliés de M. Aristide.
Ces Haïtiens réclament par ailleurs le départ des 9000 soldats de la MINUSTAH, la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti. La mission de l’ONU est arrivée en Haïti en 2004, après le départ du président Jean-Bertrand Aristide, afin de remettre de l’ordre dans un pays en proie au chaos et de faciliter la mise en place d’un État démocratique.
Ses détracteurs lui reprochent de s’être trop focalisée sur les enjeux politiques et d’avoir négligé de s’attaquer au problème de la pauvreté dans le pays.
Alors que la MINUSTAH dépense plus de 500 millions $ par an, le Programme alimentaire mondial des Nations-Unies a récolté moins de 15 pour cent des 96 millions de $ en donations dont Haïti a besoin cette année pour ne pas s’enfoncer dans la crise.
«Nous avons voté Préval pour le changement, mais rien ne s’est passé», affirme Joel Elis, 31 ans et au chômage comme de nombreux Haïtiens. «Maintenant nous en avons assez».
«Pour que Haïti avance, le prix de la vie doit baisser», estime Frantz Pascal, un autre manifestant âgé de 45 ans.
Des aberrations administratives exacerbent par ailleurs la colère des Haïtiens.
La mise en place de nouvelles procédures douanières destinées contrer le trafic de drogue et à augmenter les recettes fiscales a pour résultat de ralentir le trafic maritime et de bloquer de nombreux cargos dans les ports de l’île.
Une situation catastrophique pour un pays comme Haïti où la majorité de la nourriture est importée. En attendant, faute de pouvoir être débarquées, les cargaisons pourrissent.
Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a prévenu la semaine dernière que la crise alimentaire pourrait menacer la fragile démocratie haïtienne.
La situation en Haïti est révélatrice d’une tendance qui se généralise au niveau mondial, estime pour sa part John Holmes, Secrétaire général adjoint et Coordonnateur des opérations d’urgence de l’ONU.
La hausse des prix des denrées alimentaires conjuguée aux effets du réchauffement climatique et à la hausse du prix du pétrole créé une situation explosive dans de nombreuses régions du globe, pense M. Holmes.
«On rapporte des émeutes liées au manque de nourriture un peu partout sur la planète», a-t-il déclaré pendant une conférence de presse à Dubaï. «Les conséquences sur le plan de la sécurité ne doivent pas être sous estimées».
Haïti/Émeutes de la faim : Le Programme alimentaire mondial lance un appel d’urgence
P-au-P, 8 avr. 08 [AlterPresse] — Le Programme alimentaire mondial (PAM) cherche à récolter 96 millions de dollars américains pour venir en aide à Haïti, faisant face à une crise alimentaire aigue.
L’appel d’urgence du PAM n’a, à ce jour, reçu que 13% des 96 millions de dollars nécessaires pour nourrir 1,7 millions de personnes, ce qui est à peine suffisant pour maintenir les activités jusqu’à la fin du mois d’avril, selon des informations obtenues par AlterPresse.
La directrice de l’agence, Josette Sheeran, a prévenu que la montée des prix de la nourriture pourrait conduire à davantage de tensions dans un certain nombre de pays, souligne un communiqué publié à Rome, ce 7 avril 2008.
En raison de la montée du prix de l’alimentation, le Programme alimentaire mondial a dû réviser son appel de 22%.
Dans l’intervalle, les tensions sociales liées à la hausse du coût de la vie se poursuivent à Port-au-Prince et dans certaines villes de province où au moins cinq morts sont déjà enregistrés.
Dans la matinée de ce 8 avril, des groupes de protestataires ont tenté d’investir l’enceinte du Palais présidentiel. Les policiers, qui assurent la sécurité du bâtiment, ont dû tirer en l’air.
Le photojournaliste Jean-Jacques Augustin a reçu un projectile au dos. Il a été transporté d’urgence à l’hôpital de l’Université d’Etat d’Haïti. [do vs apr 08/04/2008 12:10]
Fifth person dies in Haitian food price protests
Caribbean Net News
Apr 8, 2008 18:15 UTC
PORT-AU-PRINCE, Haiti (Reuters) – A man was killed by gunfire as demonstrators took to the streets in the southern Haitian city of Les Cayes on Monday, raising the death toll to five in protests against rising food prices, officials and radio reports said.
Protesters also marched outside the National Palace in Port-au-Prince, the capital of the impoverished Caribbean nation of nearly 9 million people, expressing anger at the higher cost of food.
Four people were killed and 20 others were hurt in a riot in Les Cayes last week. UN vehicles were burned, peacekeepers were attacked and a food warehouse was looted by angry mobs on Thursday and Friday.
In response to the unrest, Prime Minister Jacques Edouard Alexis announced a multimillion-dollar investment program aimed at lowering the cost of living.
Haitians protest the high cost of living in front of the Haitian Parliament in Port-au-Prince.
Prices of rice and other essentials have doubled and in some cases tripled, sparking protests since Wednesday in Gonaives, Petit-Goave and other cities against the government of President Rene Preval, whose 2006 election brought relative calm after decades of violence and political upheaval.
The head of the United Nations World Food Program warned on Monday that a global surge in food prices could lead to further tensions. Unrest related to food and fuel costs has recently hit Burkina Faso, Cameroon, Egypt, Indonesia, Ivory Coast, Mauritania, Mozambique and Senegal, it said.
« A new face of hunger is emerging; even where food is available on the shelves, there are now more and more people who simply cannot afford it, » WFP director Josette Sheeran said in a statement.
Tensions remained high in Les Cayes, one of Haiti‘s largest cities. Gunfire erupted on Monday when protesters tried to storm the home of a senator, Gabriel Fortune, and two men were wounded, according to a city official.
One of the men died later at a hospital, he said.
« The government is solely responsible for what is happening today because it has failed to properly address the problems, » resident Maxon Benoit said on Sunday. « Why don’t they eliminate taxes on food products and give the population a break? »
Les Cayes Mayor Pierre Yvon Chery was attacked on Sunday by angry protesters when he went to the seaside neighborhood of La Savane to explain measures enacted by the government to help calm the unrest.
Residents said the violence was the worst Les Cayes had seen in years.
« This is a shame for us, inhabitants of this city known for its calm, its hospitality and its civility, » said 45-year-old Marie Jeanne Occeant. « It is true the situation is unbearable. I have not seen such hardships my whole life, but the violence can only make it worse. »
Over the weekend, UN and Haitian security forces helped clean streets in Les Cayes, where barricades of burning tires and the shells of wrecked cars were erected.
« We have reinforced our police contingents with specialized units from Port-au-Prince and a new battalion of Brazilian troops has also arrived in support, » said Henriot Toussaint, police chief for the southern region. « We have the situation under control. »
Haïti : les « émeutes de la faim » gagnent les rues de Port-au-Prince

LE MONDE | 09.04.08
SAINT-DOMINGUE CORRESPONDANT
Les violentes manifestations contre la vie chère se sont étendues, mardi 8 avril, dans la capitale haïtienne, Port-au-Prince, où des casques bleus brésiliens ont déployé des blindés légers pour protéger le palais présidentiel. Une quinzaine de personnes ont été blessées par balles, un véhicule de la Mission de stabilisation des Nations unies en Haïti (Minustah) a été incendié et plusieurs commerces ont été pillés.
La flambée du prix des produits de première nécessité fait courir à l’Afrique un risque de « vrai tsunami économique et humanitaire », a mis en garde, mardi 8 avril, Louis Michel, commissaire de l’Union européenne chargé du développement, après une entrevue avec le président de la commission de l’Union africaine, Jean Ping. Ce dernier a parlé d’un « défi majeur » et appelé la communauté internationale à se mobiliser pour réinvestir dans l’agriculture en Afrique, selon le communiqué de la commission.
Au Burkina Faso, une grève de deux jours a ainsi été lancée par les syndicats, mardi, pour protester contre la hausse des prix. La première journée de grève a été moyennement suivie. Le mouvement a été déclenché pour exiger notamment du gouvernement une réduction « significative et effective » des prix des produits de base tels que le riz, le mil, le maïs, le haricot, l’huile, le sel, le sucre et le lait. Les syndicats demandent également la réduction de plusieurs taxes, dont celle sur les produits pétroliers. – (AFP.)
Depuis le début des « émeutes de la faim », le 3 avril dans la ville méridionale des Cayes, cinq personnes ont été tuées et une cinquantaine d’autres blessées lors de violents affrontements avec la police haïtienne appuyée par les casques bleus. Les prix des denrées de base, le riz, le maïs et le sucre, se sont envolés ces dernières semaines.
Mardi, des groupes de manifestants très excités ont tenté d’enfoncer, à l’aide de poubelles, les grilles de l’imposant palais présidentiel, au centre de Port-au-Prince. Un photographe, Jean-Jacques Augustin, et un cameraman, Leblanc Makenzy, ont été blessés par des balles en caoutchouc tirées par les soldats onusiens pour disperser les manifestants.
Des groupes de casseurs ont endommagé de nombreux véhicules et attaqué à coup de pierres les locaux du quotidien Le Matin, dans la banlieue résidentielle de Pétionville. Des barrages de pneus enflammés ont interrompu la circulation dans les quartiers populaires de Martissant, de Fontamara et de Cité Soleil, où des manifestants réclamaient la démission du président René Préval.
Le secrétaire d’Etat à la sécurité publique, Eucher-Luc Joseph, a lancé une sévère mise en garde aux casseurs. « Nous ne tolérerons pas que la vie des gens soit menacée, les forces de sécurité agiront avec vigueur », a-t-il lancé à la télévision. Le 4 avril, le premier ministre, Jacques Edouard Alexis, a accusé les trafiquants de drogue et les contrebandiers, très actifs dans le sud du pays, « de manipuler » les manifestants.
A New York, le Conseil de sécurité des Nations unies a renouvelé son appui au gouvernement haïtien et à la Minustah. Le chef de cette mission, le Tunisien Hedi Annabi, a souligné « l’extrême fragilité » des progrès accomplis pour « stabiliser » Haïti, où l’ONU a envoyé 9 000 militaires et policiers, pour la plupart latino-américains.
Le premier ministre vient d’annoncer le rapide déblocage de 1,6 milliard de gourdes (27 millions d’euros) pour la création d’emplois, l’ouverture de restaurants communautaires et l’octroi de microcrédits. Des mesures bien tardives pour les dizaines de milliers de manifestants dont le cri de ralliement est « Nou grangou » – « Nous avons faim », en créole.
Jean-Michel Caroit
Article paru dans l’édition du 10.04.08.
Haïti: Un cinquième mort dans les émeutes
JDD.fr
International 08/04/2008 – 07:11
Les émeutes pour protester contre la flambée des prix des denrées alimentaires se poursuivent en Haïti. Dans la nuit de lundi à mardi, un cinquième mort, tué par balle, est venu se rajouter aux quatre personnes décédées la semaine passée. En réaction à ces troubles, le Premier ministre Jacques Edouard Alexis a annoncé le déblocage de plusieurs millions de dollars pour des investissements visant à alléger le coût de la vie.
Quatre personnes tuées à Haïti dans une émeute
par Joseph Guyler Delva
PORT-AU-PRINCE (Reuters) – Quatre personnes ont péri dans le sud de Haïti quand des manifestants dénonçant la hausse du coût de la vie ont affronté les forces de sécurité, a annoncé vendredi un responsable local.
Les Nations unies ont fait savoir qu’une manifestation avait tourné à l’émeute jeudi dans la ville des Cayes où des protestataires ont incendié des commerces, tiré sur des soldats de maintien de la paix et pillé des conteneurs dans un entrepôt de l’Onu.
« Quatre personnes au moins ont été tuées et une vingtaine d’autres blessées », a déclaré Gabriel Fortune, un sénateur du Sud, qui a condamné le comportement violent des manifestants.
« La manifestation a bien commencé mais elle a été gâchée par l’intrusion de criminels qui n’ont rien à voir avec les demandes légitimes de la population. »
Les prix alimentaires ont explosé ces derniers mois à Haïti, pays le plus pauvre du continent américain, alimentant le mécontentement contre le gouvernement du président René Préval.
L’élection de Préval en 2006 avait suscité l’espoir que le pays prenne le chemin de la stabilité après des années de turbulences qui ont culminé en février 2004 avec le renversement de l’ancien président Jean-Bertrand Aristide.
La tension demeure forte dans la ville des Cayes depuis les émeutes et la Minustah, force de maintien de la paix à Haïti, a déployé une centaine d’hommes en renforts, a fait savoir l’Onu.
« CETTE FAIM EST INSUPPORTABLE »
Un petit groupe de manifestants a pénétré sur un site de l’Onu dans cette localité, endommageant le portail principal et ignorant les tirs de semonce des soldats de maintien de la paix, ajoute le communiqué.
« Les manifestants ont aussi incendié des magasins aux Cayes et lancé des pierres et tiré sur certains des casques bleus pendant la nuit », précise-t-il.
Au moins deux véhicules de l’Onu ont été incendiés, des manifestants ont lancé des pierres sur des voitures et une femme au moins a été violée, selon des responsables locaux et des radios.
« Cette faim est insupportable et le gouvernement doit agir maintenant, sans quoi nous incendierons et nous détruirons tout », a hurlé un manifestant dans le micro d’un journaliste haïtien.
Lors d’une conférence de presse, le Premier ministre Jacques Edouard Alexis a dénoncé ce qu’il a qualifié de manipulation des manifestations.
« Nous savons que ces manifestations ont été infiltrées par des individus liés aux trafiquants de drogue et autres contrebandiers », a-t-il dit, appelant à la fin des manifestations.
Alexis a ajouté que le gouvernement avait débloqué immédiatement environ dix millions de dollars pour lutter contre le coût de la vie. Il a annoncé le lancement de programmes de créations d’emplois et de crédit et a ajouté que de la nourriture serait distribuée et le prix des engrais réduit de moitié. »
Avec Michael Christie à Miami, version française Natacha Crnjanski
Les émeutes de la faim font de nouvelles victimes
RFI
Article publié le 05/04/2008
Au moins quatre personnes ont été tuées par balles, vendredi, dans la ville des Cayes, à 190 km au sud de la capitale Port-au-Prince, au cours de violentes manifestations qui secouent le pays pour dénoncer la pauvreté et le coût de la vie. 80% de la population d’Haïti vit avec moins de 2 dollars par jour.
Le gouvernement appelle la police haïtienne et la force onusienne à rétablir l’ordre dans le sud d’Haïti où des émeutes de la faim ont fait de nouvelles victimes.
Tout en estimant légitimes les revendications des manifestants par rapport à la cherté de la vie, le Premier ministre invite la population à ne pas se laisser manipuler.
Jacques-Édouard Alexis annonce la mise en application d’un vaste programme de réduction de la hausse du coût de la vie.
Ce programme prévoit, en autres, la construction de restaurants communautaires et la création de milliers d’emplois dans le domaine de l’assainissement.
En fait, le chef du gouvernement à remis sur le tapis des annonces qu’il avait déjà faites lors de son interpellation par la Chambre des députés en février dernier. Jacques-Édouard Alexis risquait alors une motion de censure.
Des émeutes font trois morts
4 avril 2008
Radio Canada
Photo: AFP/Thony BELIZAIRE
Trois morts et 25 blessés, c’est le bilan provisoire des émeutes qui secouent la ville des Cayes, dans le sud-ouest de Haïti, depuis deux jours.
Jeudi, des milliers de manifestants sont descendus dans les rues afin de protester contre la hausse des prix, dont les effets se font particulièrement sentir dans cet État, l’un des plus pauvres du continent américain.
Les manifestations ont dégénéré après que des Haïtiens eurent incendié des magasins, tiré sur des soldats de l’ONU et pillé un entrepôt onusien de la MINUSTAH (Mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti).
Les causes du décès de deux victimes n’ont pas été établies. La troisième personne, un jeune homme, a perdu la vie après avoir été atteint d’une balle à la tête.
Les soldats de l’ONU mis en cause
Les circonstances exactes de la mort de ce jeune homme sont encore inconnues, mais des manifestants accusent les soldats des Nations unies d’avoir tiré sur lui.
Sophie Boutaud de la Combe, porte-parole de l’ONU, a indiqué que les soldats ont riposté après avoir eux-mêmes essuyé des coups de feu. Elle a précisé qu’une enquête interne avait été ouverte.
Environ 9000 militaires et policiers sous commandement brésilien sont déployés dans le cadre de la mission de l’ONU en Haïti. Une centaine d’hommes supplémentaires ont été envoyés en renfort, selon Mme Boutaud de la Combe
Inflation
Les prix de l’alimentaire ont connu une forte augmentation ces derniers mois en Haïti, contribuant à dégrader encore un peu plus le pouvoir d’achat des Haïtiens. Le prix du kilo de riz a, par exemple, grimpé de 50 % en moins d’un an.
Les émeutes des Cayes illustrent le mécontentement et la déception de la population vis-à-vis du gouvernement du président René Préval.
Élu en 2006, M. Préval incarnait la promesse du changement et de la stabilité après les années de turbulence sous la présidence de Jean-Bertrand Aristide.
Radio-Canada.ca avec Associated Press et Reuter
Haïti : manifestations contre l’ONU
ASSEMBLEE MARTINIQUE.com
3 avril 2008
Des milliers de manifestants protestant contre l’inflation en Haïti ont tenté d’incendier les bâtiments de l’ONU aux Cayes (Haïti) et de piller des magasins.
Les responsables de l’ONU en Haïti ainsi que des radios locales ont reporté que des milliers de manifestant s’en sont pris violemment jeudi à des bâtiments de l’organisation des Nations Unies (ONU) dans le Sud d’Haïti. Ils protestaient contre l’inflation galopante qui touche cette île des Antilles.
Près de 5.000 personnes se sont rassemblées dans les rues de la ville des Cayes et ont tenté de mettre le feu aux bureaux de l’ONU (MINUSTAH) et ont également mis à sac des magasins du secteur. Les forces de l’ordre ont tué un manifestant et en ont blessé une dizaine, ont indiqué les mêmes sources.
Aux Gonaïves, une autre manifestation plus pacifique a eu lieu dans l’ouest de l’île, cependant des personnes travaillant pour le compte de l’ONU ont dû être évacuées de leurs bureaux sous escorte policière. Des manifestations similaire contre la hausse des prix ont été signalées à Port-au-Prince également.
Si la planète dans son ensemble a enregistré ces derniers mois le retour d’une inflation sur les biens de consommation les plus courants, Haïti est d’autant plus frappée par cette hausse prix généralisée que 80% de sa population vit avec moins de 2 dollars par jour, soit environ 1,29 euros.
Symbole de cette dégradation du pouvoir d’achat des Haïtiens, un kilo de riz coûte aujourd’hui en moyenne 39 centimes d’euros, soit 50 % de plus qu’il y a à peine un an. (d’après AP
Haïti-manifestations : la cherté de la vie pousse des jeunes dans la rue
Posté le 3 avril 2008
Des milliers de jeunes ont manifesté jeudi aux Cayes, aux Gonaïves et à Port-au-Prince contre la cherté de la vie et la hausse de prix des produits de premières nécessités.
Des incidents ont été enregistrés dans la ville des Cayes où des camions transportant du riz ont été pillés par des jeunes manifestants visiblement en colère.
« Le gouvernement ne fait rien pour changer notre condition de vie », ont déclaré des manifestants. Ils ont condamné les commerçants qui, selon eux fixent les prix de plus en plus élevés. Les manifestants ont également reproché l’inaction du gouvernement.
Aux Gonaïves, des jets de pierre ont été lancés contre un établissement scolaire lors des manifestations contre la vie chère.
Le gouvernement a condamné les actes de pillage et a lancé un appel au calme. Les membres du gouvernement étaient en réunion jeudi afin de trouver des solutions aux problèmes de la vie chère, a appris Haïti Press Network.
En début de soirée, le président était en réunion au Palais national avec le Premier ministre Alexis. Nous ne savons pas ce qui est sorti de cette rencontre.
Toutefois, des mesures devraient être annoncées dans les prochains jours pour venir en aide aux couches défavorisées de la population. Un programme d’actions solidaires (PAS) de 1,3 millions de gourdes sera lancé, a informé une source proche du Premier ministre.
La Minustah a condamné fermement les incidents et les pillages perpétrés dans le centre ville des Cayes.
La mission de l’ONU, dont un bâtiment a été attaqué et une partie de son personnel évacuée, a indiqué qu’elle continuera d’apporter son soutien à la Police Nationale d’Haïti dans tout le pays et notamment dans ses actions pour le retour au calme aux Cayes.
« Les actes de violence, quels qu’ils soient, ne peuvent qu’entraver les efforts des autorités haïtiennes dans leur lutte pour l’amélioration des conditions de vie de la population », déclare la Minustah dans un communiqué.
« Les actes de vandalisme contre les installations de la MINUSTAH aux Cayes, n’ont causé aucun dommage sérieux mais seront poursuivis en justice », prévient la mission.
HPN
Photo AFP
















[…] éclatent en raison de l’augmentation du prix des denrées alimentaires (source photo ici). Le 12, le gouvernement est destitué et un nouveau Premier ministre est nommé le […]
Mes années 8 : troisième volet – Mon p'tit nid said this on 31 décembre 2018 à 12:55