Emeutes au Sénégal mars 2008
Procès des ‘Emeutes de la faim’ : Le procureur requiert 6 mois avec sursis contre Momar Ndao et Cie
Attraits devant la barre du tribunal des flagrants délits de Dakar, hier, Momar Ndao président de l’Ascosen et Jean Pierre Dieng de l’Uncs se sont défendus des chefs d’accusation d’organisation de rassemblement illicite et destruction de biens publics qui pèsent sur eux. Les douze avocats de la défense ont plaidé la relaxe pure et simple des prévenus, tandis que le parquet a requis la peine de six mois avec sursis. Le tribunal a mis l’affaire en délibéré pour le mercredi 16 avril 2008.
Face aux accusations du procureur de la République pour asseoir son réquisitoire à charge, Momar Ndao, président de l’Association des consommateurs du Sénégal (Ascosen) et Jean Pierre Dieng, responsable de l’Union nationale des consommateurs du Sénégal ont tout nié en bloc. Quand le procureur les accuse d’avoir défié l’autorité en voulant coûte que coûte organiser une marche interdite, Momar Ndao, devant la barre rejette les accusations. ‘Nous n’organisions pas une marche, mais nous voulions tenir un sit-in devant les locaux du groupe Wal Fadjri pour expliquer les propositions que nous avions faites au ministre du Commerce qui avait déclaré qu’il n’y avait pas de solution jusqu’en 2015. c’est cela le principe de la déclaration que nous allions tenir. Notre objectif, c’était de faire passer ce message selon lequel il est possible de baisser les prix. Malheureusement, ce jour-là nous n’avons même pas eu le temps de faire passer notre message et la police nous a arrêtés de façon musclée. Mais nous ne voulions pas défier l’autorité’, se défend Momar Ndao, président de l’Ascosen, habillé d’un grand boubou ample de couleur marron avec ses binocles bien placées sur le visage. Même réponse entendue chez Jean Pierre Dieng, responsable de l’Union nationale des consommateurs du Sénégal (Uncs) tout de blanc vêtu. Les deux responsables d’organisations consuméristes ont nié, catégoriquement, être liés de près ou de loin à la destruction de trois bus de la société de transport Dakar dem dikk comme l’a soutenu à la barre du tribunal, la partie civile. D’ailleurs la partie civile avait réclamé 5 millions de dommages et intérêts.
Cependant dans leur défense, Jean Pierre Dieng et Momar Ndao n’étaient pas seuls. Loin s’en faut. Les deux responsables d’organisations consuméristes ont été défendus par douze avocats. Il ressort de l’ensemble des plaidoiries des avocats de la défense que ‘derrière ces deux présidents d’associations de consommateurs, il y a l’ensemble des Sénégalais qui subissent la cherté de la vie’. Ce qui fera dire à Me Abdou Dialy Kane, s’adressant aux juges, qu’ils n’ont ‘même pas besoin de (leur) code pénal, mais de la Constitution parce qu’il est établi que l’arrêté préfectoral est totalement illégal. Il ne peut pas toujours prendre pour prétexte le trouble à l’ordre public pour interdire les marches’. Ainsi, a t-il plaidé la relaxe de ses clients.
A sa suite, Théophile Kayossi a fulminé tout de go que ‘le Sénégal n’est plus un Etat de droit’. Avant de formuler quelques observations sur l’utilisation des matraques électriques par les forces policières. ‘Je me demande pourquoi les autorités ont autorisé l’utilisation des matraques électriques, mais ce sont des dangers. Il faut remercier le ciel qu’il n’y ait pas encore de mort, mais si cela continue, il y en aura’, certifie t-il.
Me Papa Ndiaye dans sa plaidoirie a insisté sur la ‘faim du peuple sénégalais’, estimant que l’acte d’interdiction de la marche prise par le préfet de Dakar est nul par ce qu’il n’a pas de force probante. Me El Hadji Diouf, un autre avocat de la défense a plaidé dans le même sens. ‘On ne peut pas continuer à interdire des marches, cela fait désordre. Les magistrats doivent mettre un terme à cette violation des droits de l’homme’, lance El Hadji Diouf. ‘Personne ne peut embrigader un peuple, sinon il va exploser un jour. Le chef qui n’accepte pas de dialoguer avec son peuple ou d’écouter son peuple sera balayé un jour’, prédit l’avocat et non moins député de la coalition Sopi.
Me Jacques Baudin a, pour sa part, rappelé au début de sa plaidoirie les déclarations de l’ancien président de la Cour suprême lors la prestation de serment du président Abdou Diouf quand il disait ‘les Sénégalais sont fatigués’. ‘Je préfère être fatigué que mourant sur un lit d’hôpital.
Aujourd’hui les Sénégalais sont mourants’, martèle t-il. Me Baudin a dit devant le tribunal qu’il ne comprend pas qu’au Sénégal ‘on laisse au repos ceux qui créent la famine et on arrête ceux qui crient à la famine’. Après ces observations, Me Jacques Baudin a plaidé la relaxe pure et simple de ses clients par ce qu’avant leur arrestation, il n’y a pas eu de sommation. Me Massokhna Kane embouchera la même trompette. Selon lui, ce sont plutôt les policiers que l’on devrait traîner devant la barre du tribunal des flagrants délits. Il a aussi dénoncé l’utilisation des matraques électriques et a promis de porter plainte contre la police devant le Comité de lutte contre la torture.
Après la plaidoirie des avocats de la défense, le tribunal a mis en délibéré cette affaire jusqu’au mercredi 16 avril 2008.
Rappelons que Momar Dieng et Jean Pierre Dieng ont comparu libres par ce qu’ils bénéficient d’une liberté provisoire depuis le 02 avril 2008.
Mamadou SARR

Sénégal – émeutes : la marche de l’Ascosen piégée par le spectacle policier
lundi 31 mars 2008
SENACTU
Hier après midi, la route du front de terre a été le théâtre d’arrestations et de répressions par la police respectivement d’acteurs de la société civile et de leaders politiques et surtout de journalistes. Une tentative de marche, initiée par L’ASCOSEN (association des consommateurs sénégalais) dont devait prendre part, au côté de Momar Ndao, quelques personnalités de Front Siggil Sénégal, a été empêchée par l’anticipation des forces de l’ordre qui se sont opposées à la lutte contre la faim qui s’est donnée comme moyen la dénonciation de la cherté de plus en plus excessive de la vie.
C’est lors du regroupement au siège du PIT sise le canal front de terre, que les éléments du GMI (groupement mobile d’intervention) sont venus mettre en garde, toute personne qui descendrait sur la rue, contre une probable arrestation. L’arrivée de quelques leaders du parti socialiste n’a rien pu faire contre des policiers décidés à mettre aux arrêts deux des responsables de l’ASCOSEN et organisateurs de la manifestation en l’occurrence Momar Ndao et Jean Pierre Dieng. Tanor Dieng, secrétaire général du PS, de ce fait a annoncé qu’ils – front Siggil Sénégal – ne pouvait rien faire puisqu’ils étaient que des invités pour soutenir la démarche des défenseurs des consommateurs. Il conseilla donc le retour des manifestants dans leur demeure respectifs jusqu’a aujourd’hui, lundi 31 mars, pour en voir plus clair quant à la suite des événements. C’est à partir d’un point de presse fixé à onze heure au siège du parti que tout le monde pourra être édifie.
Les éléments de police , décidés de ne laisser aucune personnalité charismatique circuler à pied dans la rue de peur de créer des regroupements, contraignirent certains leaders à prendre leur voiture pour rejoindre leur domicile. Ainsi on n’a pas manqué d’assister au rude traitement sur la personne de Mously Diakhaté, femme député du Jef jel, alors que Talla Sylla leader du même parti, de par sa garde rapprochée, a semblé subir l’agression policière mais rien n’y eut. Donc plus de peur que de mal.
Ceux qui, cependant, ont le plus souffert de l’assaut du GMI, sont les journalistes. Ousmane Mangane, journaliste à walfrajri a été saisi et électrocuté en plein reportage alors qu’il se dirigeait vers le député du Jef jel en difficulté face aux hommes du ministère de l’interieur. C’est à terre qu’il fut recueilli. Le journaliste de Senactu, Serigne Diagne a été interpellé et a vu ces photos, prises quelques minutes plutôt sur l’abus des forces de l’ordre, confisquées et supprimées. Pour la RFM (radio futur media) ce sont les papiers du journaliste Macoumba Mbodj qui ont été arrachés. Sans oublier le caméraman de la chaine de télévision Canal info qui a vu son appareil atterrir entre les mains des hommes en uniforme. Une situation qui laisse croire que l’état ne voulait ni images, ni écrits, ni photos des événements d’hier c’est à dire rien qui pouvait immortaliser ces moments. Le fait que la DIC (division d’investigation criminelle) ait été, tout de suite après la dispersion de la marche, à la station de radio Walf pour mettre un terme à la couverture puis saisir des cassettes sur le sujet, est révélateur de ce point de vue.
Par ailleurs, le plus surprenant est qu’il y a bel et bien eu affrontement alors que les leaders politiques étaient déjà piègés. A cet effet , il importe de dire que le front a opposé , non pas ceux qui étaient consentis pour la marche facilement reconnaissable parce que habillées en tee-shirt ou on peut lire : « on a faim » mais une masse faite de riverains et les forces de Ousmane Ngom, ministre de l’intérieur. Il s’est trouvé que ces gens n’ont pas apprécié qu’on leur jette des bombes lacrymogènes et encore au sein de leur demeure alors qu’ils ne sont pour rien dans le projet de protestation organisé même s’ils sont concernés, de par leur qualité de citoyen et de victime , par la cherté de la vie au Sénégal. Apres tout, ce n’est que la curiosité qui les a mobilisé. Ils ignoraient totalement qu’ils feraient l’objet de cible de la police qui avait une grande appréhension du regroupement de masse. La bévue et l’abus de pouvoir étaient au rendez vous. Dire à un journaliste : « on ne vous aime pas. On ne veut pas vous voir ici » ou interpeller puis battre un passant gratuitement n’est il pas digne d’une inconduite policière ?
Violente manifestation contre la faim à Dakar : Talla Sylla arrêté puis libéré, Momar Ndao en garde à vue à la DIC
REVMI
31 mars
La marche contre la faim prévue ce dimanche et organisée par l’Ascosen a mal tourné cet après midi à dakar.
Des incidents ont éclaté entre les manifestants et les forces de l’ordre dans le quartier Derklé et alentours. Les policiers ont fait usage de grenades lacrymogènes contre les manifestants. Momar Ndao l’organisateur de la marche a été arrêté par la police. Ousmane Tanor Dieng , Talla Sylla et Ali Haïdar ont participé à la marche au nom du Front Siguil Sénégal. Talla Sylla arrêté dans un premier temps a été relâché.
Aux dernières nouvelles, Momar Ndao de l’Ascosen et un certain Jean Pierre Dieng ont été transférés dans les locaux de la Division des investigations criminelles (DIC) en début de soirée. Jusqu’à 1 heures GMT, Momar Ndao de l’Ascosen était en garde à vue dans les locaux de la DIC de même que son compagnon Jean Pierre Dieng.

24 arrestations au total dans les manifestations d’hier
REVMI
« Au total, ce sont 24 personnes qui ont été arrêtées. A ma connaissance, aucune d’elles n’a encore été libérée », a déclaré à l’AFP cette source ayant requis l’anonymat. Les personnes interpellées se trouvaient lundi après-midi dans plusieurs commissariats de la capitale, a-t-elle ajouté. Le rassemblement contre la vie chère, interdit par les autorités pour « menaces de troubles à l’ordre public », a dégénéré dimanche en heurts entre manifestants et forces de l’ordre qui ont fait usage de gaz lacrymogènes et de matraques dans un quartier populaire de Dakar. Les présidents de l’Association des consommateurs du Sénégal (Ascosen), Momar Ndao, et de l’Union nationale des consommateurs du Sénégal (UNCS), Jean Pierre Dieng, font partie des 24 personnes arrêtées, a par ailleurs indiqué la source policière, confirmant ce qu’avait pu observer dimanche un journaliste de l’AFP. Selon le chef du bureau des relations publiques de la police, le colonel Alioune Ndiaye, MM. Ndao et Dieng étaient toujours interrogés lundi après-midi par la Division des investigations criminelles (DIC, police judiciaire). L’Ascosen, une des principales associations de consommateurs au Sénégal, avait appelé à ce rassemblement dimanche pour protester contre la hausse récente des prix de plusieurs produits de première nécessité dont le riz, le lait, l’huile et le savon. Le ministre sénégalais des Transports, Farba Senghor, avait accusé dimanche l’opposition sénégalaise d’être derrière ces manifestations et de tromper les Sénégalais sur la hausse des prix, qui n’est pas, selon lui, « spécifique au Sénégal ». De son côté, l’organisation de défense de la liberté de la presse Reporters sans frontières (RSF) a dénoncé lundi dans un communiqué « le comportement violent des forces de l’ordre sénégalaises envers les journalistes » lors de la manifestation. Des policiers ont « arraché mes feuilles et pris mes notes alors que je comptais le nombre de personnes interpellées » à bord d’un car de la police, a indiqué lundi à l’AFP Macoumba Mbodj, journaliste à la radio privée RFM. Selon RSF, la police a aussi fait « irruption » dans les locaux de la télévision privée Walfadjri, qui diffusait des images de la manifestation en direct, pour « exiger l’arrêt de la diffusion des reportages sur les affrontements et demandé que leur soient remis les supports originaux » des cassettes. La directrice de l’information de la télévision privée Walfadjri, Aïssatou Diop Fall, a pour sa part précisé que les policiers avaient demandé « l’arrêt de la diffusion en direct des images » de la manifestation et « demandé une copie de ces images que nous leur avons remise ».

Arrêté lors des émeutes de la faim : La vie de Jean Pierre Dieng en danger
REVMI
Arrêté violemment, avant-hier lors de la marche réprimée des associations de consommateurs, en compagnie de Momar Ndao de l’Ascosen, Jean Pierre Dieng de l’Uncs est diabétique. Avant de déférer, hier à une convocation de la Dic, le patron de l’Uncs a tenu à mettre en garde la police sur son état de santé.
Son arrestation à des risques à cause de mon diabète. L’Etat est responsable de ce qui s’en suivra car j’ai une santé fébrile’. Ces quelques mots ont été griffonnés sur une feuille par Jean Pierre Dieng à l’endroit de ses collègues de l’Union nationale des consommateurs du Sénégal (Uncs) pour que nul n’en ignore. Jusqu’au moment où nous écrivions ces lignes Momar Ndao et Jean Pierre Dieng étaient encore en audition dans les locaux de la Division des investigations criminelles (Dic), sise à l’avenue Cardes. Les membres des deux organisations consuméristes et leur famille s’y sont rendus toute la journée. Mais, personne n’a eu la chance de les voir, à plus forte raison de les parler. Henri Dieng, fils de Jean Pierre Dieng, joint au téléphone hier, n’a pas fait dans la nuance. ‘Au cas où il arrive quelque chose à mon père, les autorités n’ont qu’à prendre leurs responsabilités’, avertit-il. Considérant que son père et Momar Ndao, les deux responsables d’associations consuméristes qui ont été arrêtés ne réclamaient que leur droit. ‘Tout citoyen a le droit de faire un sit-in’, lance t-il. Lamine Diédhiou, président du mouvement des jeunes de l’Uncs, par ailleurs chargé de la communication, embouche la même trompette en mettant en garde les limiers. ‘Tout ce qui arrivera à Jean Pierre, ceux qui l’ont détenu en seront les responsables. Car, Jean Pierre est un diabétique insulino-dépendant’, martèle t-il. Et notre interlocuteur de préciser que lors de leur arrestation, Jean Pierre Dieng et Momar Ndao ont fait l’objet de violences, mais une fois dans les locaux de la Dic, ils ont été l’objet d’un traitement correct. Par ailleurs, les responsables de l’Uncs et de l’Ascosen ont tenu une conférence conjointe hier après-midi pour réclamer, ici et maintenant, la libération sans condition de Momar Ndao, de Jean Pierre Dieng et des 25 autres jeunes arrêtés dimanche.
Mardi 01 Avril 2008 – 12:46













