Mitrovica mars 2008
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Kosovo : émeutes à Mitrovica, un mois après l’indépendance
LE MONDE | 18.03.08 | 14h46 • Mis à jour le 18.03.08 | 14h46
De très violents affrontements ont opposé, lundi 17 mars, dans la ville divisée de Mitrovica, les forces internationales à une foule de Serbes opposés à l’indépendance proclamée un mois auparavant, provoquant la mort d’un policier ukrainien. Ces émeutes dans la partie nord du Kosovo, essentiellement peuplée de Serbes, géographiquement adossé à la « mère patrie », ravivent le spectre d’une partition du Kosovo et illustrent les difficultés à surmonter par la communauté internationale pour imposer cet Etat multiethnique qu’elle appelle de ses voeux.
Mardi matin, Mitrovica avait encore les airs d’une ville en guerre, survolée par des hélicoptères de la KFOR – la force internationale déployée au Kosovo sous commandement de l’OTAN -, quadrillée par des blindés. Un calme précaire prévalait au lendemain d’émeutes à l’issue desquelles un policier ukrainien de l’ONU est mort des suites de ses blessures. On a dénombré également 160 blessés parmi les policiers, les soldats et les manifestants, dont un serait dans un état critique.
Les violences ont éclaté après une intervention de la police de l’ONU, menée au petit jour, pour reprendre le contrôle du tribunal de Mitrovica. Depuis plusieurs jours, le bâtiment était en effet occupé par ses anciens employés serbes revendiquant leur allégeance à Belgrade. L’interpellation par la police de la cinquantaine de personnes campant dans l’enceinte du tribunal a alors provoqué la fureur des Serbes, forçant la police de l’ONU à se retirer du nord de Mitrovica pour laisser aux militaires de la KFOR la charge de rétablir l’ordre.
« Les affrontements ont commencé avec des jets de pierre et de cocktails Molotov puis des lancers de grenade et des tirs d’armes automatiques », a relaté le porte-parole du contingent français déployé à Mitrovica, le capitaine Etienne du Fayet de la Tour, qui a déploré qu’une « ligne rouge dans la violence » a été franchie. Peu après la déclaration d’indépendance, des manifestants serbes avaient déjà dévasté des postes frontières entre le Kosovo et la Serbie, sans faire de victime.
Le premier ministre du Kosovo, Hashim Thaci, ancien chef politique de la guérilla indépendantiste albanaise durant la guerre contre la Serbie (1998-1999), a accusé Belgrade d’« inspirer la violence dans le nouveau Kosovo ».

INTERVENTION D’UN MINISTRE SERBE
Peu auparavant, le ministre serbe en charge du Kosovo, Slobodan Samardzic – un proche du premier ministre nationaliste Vojislav Kostunica – s’était rendu en urgence à Mitrovica pour inciter les Serbes kosovars à poursuivre leurs mouvements de protestation, tout en leur promettant de les « protéger, exactement de la même façon que nous (le gouvernement) protégeons les Serbes de Serbie ».
Cette prise de position a été critiquée par Oliver Ivanovic, l’un des représentants les plus modérés des Serbes de Mitrovica, estimant qu’elle « jette de l’huile sur le feu ». Le président proeuropéen, Boris Tadic, appelant au calme a, quant à lui, dénoncé « un usage excessif de la force » de la part de la KFOR. Son rival politique, à l’approche des législatives anticipées du 11 mai, Vojislav Kostunica, a promis d’engager des consultations avec la Russie pour « réagir conjointement et stopper une bonne fois pour toutes les violences à l’encontre des Serbes ».
Ces violences – quatre ans, jour pour jour, après de sanglantes émeutes intercommunautaires durant lesquelles les forces internationales parurent dépassées – inquiètent vivement les diplomates. Le secrétaire général de l’ONU a demandé à Belgrade d’user de son influence pour ramener le calme dans le nord du Kosovo où vivent 40 000 des quelque 120 000 kosovars serbes, pour une population totale de quelque 2 millions de personnes, Albanais pour plus de 90 % d’entre eux. Si la KFOR est en mesure de maintenir la sécurité, rien ne dit en revanche que la mission civile européenne qui prendra, en juin, le relais de l’ONU, sera capable de contraindre le nord du Kosovo de se placer sous l’autorité de Pristina plutôt que de Belgrade.
Christophe Châtelot.
Article paru dans l’édition du 19.03.08.

Kosovo : émeutes à Mitrovica
RTBF
Le Kosovo a connu hier lundi la journée la plus violente depuis la déclaration d’indépendance, il y a un mois. Des émeutes ont éclaté à Mitrovica. Les affrontements entre les forces de l’ONU et de la KFOR et des manifestants serbes ont fait quelque 160 blessés.
18 mar 2008 09:21
Pour la première fois, depuis la déclaration d’indépendance du Kosovo, le 17 février dernier, des policiers de l’ONU et des soldats de l’OTAN ont essuyé des tirs. Plus de 160 personnes ont été blessées, dans une opération policière, pour déloger des militants serbes. Ils occupaient des tribunaux de l’ONU à Mitrovica. Les manifestants serbes ont lancé des projectiles sur les forces internationales. Les forces internationales ont répliqué par des tirs de grenades lacrymogènes. La ville de Mitrovica, dans le nord du Kosovo, est majoritairement serbe. Une grande partie refuse l’indépendance du pays. Ils demandent le rattachement de leur enclave à la Serbie voisine. Les violences d’hier ont suscité de nombreuses réactions. Du côté des autorités kosovares, le premier ministre Hashim Thaçi, a accusé la Serbie, d’avoir inspiré la violence. Pour sa part, la Russie, qui est une alliée de Belgrade, a parlé d’une force disproportionnée, pour déloger les Serbes, qui occupaient le tribunal des Nations Unies. L’ONU, les Etats-Unis et l’Union Européenne ont lancé un appel au calme. Tous craignent que ces tensions à Mitrovica risquent d’engager un nouveau cycle de violences au Kosovo.
A Mitrovica, les émeutiers se tirent une balle dans le pied
Libération
Correspondance à Mitrovica LAURENT ROUY
QUOTIDIEN : mercredi 19 mars 2008
Les bâtiments du tribunal de Mitrovica Nord et ses alentours sont maintenant occupés par les blindés des forces françaises et belges de l’Otan au Kosovo (Kfor). Certains murs sont criblés d’impacts. L’entrée du bâtiment est ravagée, fermée par des rangées de barbelés et gardée par de nombreux soldats, lourdement armés. Devant, les carcasses des véhicules de police des Nations unies, brûlés lors des échauffourées de lundi, sont désossés par des Roms, qui récupèrent le métal. C’est là que francs tireurs serbes, policiers de l’ONU et soldats français de l’Otan se sont livrés à un duel se soldant par la mort d’un policier ukrainien des Nations unies. Un Serbe se trouve également dans un état critique.
«Mauvaise date». C’est la rupture entre les Serbes et les forces internationales, pourtant considérées ces dernières années comme les garants de la sécurité de la minorité serbe au Kosovo, dispersée dans des enclaves. Zivorad, un retraité, ne cache pas sa colère contre les policiers. «Tout aurait pu se dérouler de façon pacifique. Il vaut mieux négocier cent jours que se faire la guerre.»
Le colonel Pascal Langard, qui commandait les soldats français au moment des violences, revient sur les incidents. «Cela a commencé par une manifestation pacifique qui a très vite dégénéré quand des individus noyés dans la foule ont ouvert le feu à l’arme automatique. Certains de mes hommes ont riposté en état de légitime défense. J’ai entendu à la radio « une grenade, cinq blessés », et cela ne s’est plus arrêté.»
Présent au moment des heurts, le journaliste serbe Goran Avramovic s’interroge sur le choix de la date de l’intervention de la police contre les manifestants serbes qui occupaient le tribunal de Mitrovica. Celle-ci, relève-t-il, «a eu lieu le 17 mars, jour anniversaire des émeutes antiserbes de 2004. La police n’aurait pas pu choisir plus mauvaise date. Pour beaucoup de jeunes qui ont participé aux violences de lundi, c’était une provocation. Les émeutiers ont eu l’impression qu’on occultait volontairement ce qui s’était passé en 2004, comme s’il fallait à tout prix présenter les Serbes comme les méchants de l’histoire, le jour où on aurait dû se souvenir qu’ils ont eux aussi été victimes».
Enclaves. Les officiers français de la Kfor évitent de commenter cette analyse, mais certains s’interrogent tout de même sur le choix de cette date symbolique. «Ce sont les Nations unies qui ont choisi ce jour. Cela aurait peut-être été différent si l’opération avait eu lieu un autre jour», lâche l’un d’eux. S’il est évident que les premières violences sont parties du côté serbe, ces émeutes pèseront dans les relations futures entre la Serbie et la communauté internationale, très critiquée depuis la proclamation unilatérale d’indépendance du Kosovo, le 17 février. Les incidents survenus dans le nord du nouveau pays, dans une zone contiguë à la Serbie et où les Serbes vivent dans une relative sécurité, pourraient avoir des conséquences à long terme dans les enclaves isolées du centre du Kosovo, dont la survie dépend de la protection des policiers des Nations unies et les militaires de l’Otan. Hier, ces derniers ont été accueillis à coup de grenades.
Rappels
février 2008
2001 : 40 injured as Mitrovica riots spread
Daily Telegraph (London)
February 1, 2001
By Christian Jennings in Mitrovica
WIDESPREAD violence erupted across the divided Kosovan town of Mitrovica yesterday as ethnic Albanian protesters attacked French troops. Nato placed British units on stand-by to go in.
Ethnic Albanians run for cover from tear-gas during clashes with KFOR troops in Mitrovica
Twenty French soldiers and policemen were wounded in the fighting. More than 20 Albanian civilians were hurt. At the height of the trouble, demonstrators hurled a hand-grenade at a hotel housing the French military headquarters in the Albanian-dominated southern half of the town, wounding eight French peacekeepers, one of them seriously.
A second hand-grenade was thrown at French troops and police guarding the southern end of a bridge over the River Ibar, injuring six soldiers and policemen. Five more French soldiers were injured in other incidents. The injured Albanians suffered wounds to the face, arms and legs when stun-grenade were fired by peacekeepers fighting off crowds of up to 3,000 protesters.
A French armoured vehicle was set alight by a petrol-bomb as hundreds of demonstrators hurled Molotov cocktails, stones, bricks and pieces of wood at lines of French soldiers and policemen in full riot gear blocking access to the military headquarters and the river bridge. Soldiers responded with stun-grenades and tear-gas.
As night fell, clouds of tear-gas wafted through the town, as about 3,000 Albanian demonstrators continued to occupy the streets, clutching handkerchiefs, gas-masks and scarves to their faces in an attempt to ward off the gas. Many rubbed onions on their faces to counter-act its effects.
« This looks set to get worse, » said Tony Welch, the United Nations administrator in Mitrovica, after a press conference of local Albanian leaders appealed for calm. Nato’s senior commander in Kosovo, Italian General Carlo Cabagiosu, announced that British, Italian and German troops were being put on stand-by as reinforcements to combat the rioting.
The current trouble flared on Monday evening after a Serb hand-grenade attack on an Albanian house in the northern half of the town left a 15 year-old Albanian teenager dead.
Asked if Nato was prepared to sustain casualties to restore order, General Cabigiosu said: « We are not prepared to take casualties. The only casualties will be those we will inflict on the other side. » A British Nato spokesman said 120 soldiers from the Princess of Wales‘s Royal Regiment were on two-hour standby to go to Mitrovica.
















