Villiers le Bel 5

AFP

Retour au calme à Villiers-le-Bel après les violences du début de la semaine

1 décembre

VILLIERS-LE-BEL (AFP) — Selon plusieurs habitants de Villiers-le-Bel (Val-d’Oise), un fort sentiment d’injustice explique l’explosion de violences qui a secoué la commune durant 48 heures, vite endiguée par un déploiement massif de forces de l’ordre et des condamnations fermes des fauteurs de troubles.

C’est la mort dimanche de deux adolescents, Mohsin et Lakamy, dans la collision de leur mini-moto avec une voiture de police, qui a été l’élément déclencheur d’affrontements très violents les deux soirs suivants entre jeunes et forces de l’ordre. Mais, en fin de semaine, le calme était revenu.

Au cours de ces affrontements, qui ont touché sporadiquement d’autres communes du département et laissé craindre un embrasement encore plus violent que lors des émeutes de 2005, 131 policiers et CRS ont été blessés, 216 voitures ont été brûlées, 41 bâtiments ont été endommagés et 62 personnes ont été interpellées, entre dimanche et vendredi, selon la préfecture.

« La tension est montée très vite parce que quand tu vis ici, le principe, c’est que la police, c’est l’ennemi. Donc là, sans savoir, tout le monde a pensé que la police avait tué deux jeunes », explique à l’AFP Khaled, un habitant de 30 ans.

« La vérité ou on se fera justice nous-mêmes », avait lancé dimanche un jeune au préfet qui s’était rendu sur place. Le même soir, Omar, un frère de Mohsin, affirmait: « ce n’est pas de la violence, c’est de la rage ».

Le « pire soir » a été lundi, selon la police.

Une centaine de jeunes ont mis le feu à une école et à une bibliothèque, et ont obligé les CRS à reculer en leur jetant pierres, bouteilles, feux d’artifice et cocktails Molotov.

« Lundi, ici, il y avait des jeunes de toutes les cités de la banlieue nord », témoigne Rachid, un éducateur de Villiers. « J’ai croisé des types du Val-d’Oise que je connais et qui n’habitent pas Villiers », confirme Khaled. La presse a aussi constaté la présence de nombreuses voitures immatriculées en Seine-Saint-Denis.

Selon les jeunes et les éducateurs, c’est aussi la conférence de presse lundi de la procureure de la République de Pontoise, Marie-Thérèse de Givry, tendant à valider la thèse d’un accident de la route imputable aux deux adolescents et ainsi « la version des policiers », qui explique la violence des affrontements.

« C’est ça qui a fait boom. L’enquête avait à peine commencé qu’elle était déjà bouclée », explique Khaled.

La procureure a rencontré à leurs domiciles les deux familles des victimes lundi à 15H00. « Elle nous a dit que l’enquête allait prendre du temps et qu’elle comprenait notre douleur », affirme Abdel, 36 ans, un cousin de Mohsin. « Et puis à 20H00, on l’a vue à la télé dire que c’était un accident de la route. On n’a pas compris ».

Le lendemain, les autorités ont dépêché 1.000 CRS dans le département, contre 160 la veille. « Ca s’est tout de suite calmé parce qu’il y avait le Raid (intervenu ponctuellement, ndlr), un hélicoptère et un dispositif de police hallucinant, les jeunes ne sont pas fous », témoigne un éducateur, sous couvert d’anonymat.

« Lundi, les jeunes ont senti qu’ils avaient mis les forces de l’ordre à genou. Le lendemain, on a mis 1.000 CRS et le rapport de force s’est inversé », confie une haut responsable de la sécurité publique du Val-d’Oise.

Ensuite, 10 jeunes majeurs ont été condamnés en comparution immédiate à des peines allant de 3 à 10 mois de prison ferme pour des incendies, des caillassages et des vols. Le dispositif de 1.000 policiers doit être maintenu jusqu’à dimanche soir.

~ par Alain Bertho sur 2 décembre 2007.