Emeutes à Slotervaart octobre 2007
Slotervaart octobre 2007
Emeutes en banlieue d’Amsterdam
21 octobre 2007
NDLR. Les documents qui suivent sont des documents bruts, amateurs ou médiatiques (y compris d’extrême droite) autour des événements survenus dans la banlieue d’Amsterdam en octobre 2007. Comme en France deux ans plus tôt, le discours dominant est ethniciste voire islamophobe. Comme en France en 2005, nous ne savons pas grand chose de la situation réelle et de la subjectivité qui s’est exprimée là. A.B.
Vidéo Youtube (en hollandais)
Vidéo 2
Vidéo 3 (en hollandais)
Document 1 site d’extrême droite hollandais (en anglais)
Document 2 « Blogdei », site évangéliste
Document 3 : émeutes racistes à Utrecht en mars 2007 (anglais)
Informations sur Slotervaart
La fête du 27 octobre avec photos et vidéo
Chronologie du Monde
2 novembre 2004. Le cinéaste Theo Van Gogh est poignardé par Mohamed Bouyeri, un Néerlandais d’origine marocaine, islamiste venant du quartier Slotervaart, une zone « difficile » à l’ouest d’Amsterdam.
Juillet 2005. Mohamed Bouyeri est condamné à la réclusion à perpétuité. Les menaces contre certains élus se multiplient, dont le populiste Geert Wilders et la députée libérale d’origine somalienne Ayaan Hirsi Ali.
Mars 2006. Les élections municipales sont placées sous le signe des tensions communautaires et de violences dans certaines banlieues.
Mai 2006. Ayaan Hirsi Ali décide de quitter les Pays-Bas pour s’installer à Washington.
Novembre 2006. Le ministre du logement réclame un plan pour 140 quartiers qui, selon lui, menacent de « s’enflammer ». Il réclame notamment un plan social qui nécessiterait 160 milliards d’euros d’investissements sur dix ans.
14 octobre. Un jeune déséquilibré originaire de Slotervaart tente de poignarder deux policiers et est abattu, ce qui déclenche des émeutes nocturnes à Amsterdam.
27 octobre. Le gouvernement débloque 27 millions d’euros pour lutter contre l’extrémisme.
Nuit de troubles près d’Amsterdam 21 octobre 2007
RTL Info
dimanche 21 oct
Quatre voitures ont encore été incendiées dans la nuit de samedi à dimanche par des jeunes à Slotervaart, une localité de la banlieue d’Amsterdam en proie à des troubles depuis la mort d’un jeune d’origine marocaine abattu par des policiers le 14 octobre.
Dans ces violences urbaines, un phénomène assez rare aux Pays-Bas et que les médias suivent avec attention, une vingtaine de voitures ont été brûlées en une semaine à Slotervaart, commune de 45.000 habitants dont certains quartiers sont habités à plus de 90% par des immigrés d’origine marocaine.
La police a procédé à quelques interpellations mercredi, mais n’a pas réussi à mettre la main sur les incendiaires, toutes les personnes arrêtées ayant été libérées faute de preuves.
Bilal B., un Néerlandais d’origine marocaine âgé de 22 ans souffrant de troubles psychiatriques, avait été abattu il y a une semaine dans le commissariat de police de Slotervaart après avoir attaqué deux agents à coups de couteau.
Dans la nuit qui avait suivi, une bande d’une trentaine de jeunes avait incendié des voitures et jeté des pierres sur le commissariat, malgré l’appel du maire travailliste de la ville Ahmed Marcouch, demandant aux parents de garder leurs enfants à la maison.
Cet ancien policier et porte-parole de mosquées d’Amsterdam avait alors immédiatement réuni les parents et les jeunes de sa commune afin d’expliquer les circonstances du décès de Bilal B.
La nuit suivante, il avait arpenté les rues de sa commune avec des travailleurs sociaux et demandé à l’imam de la mosquée d’appeler au calme.
C’est à Slotervaart qu’a grandi Mohammed Bouyeri, le jeune islamiste maroco-néerlandais qui a assassiné en novembre 2004 le cinéaste Theo van Gogh, virulent critique de l’islam.
Swissinfo
Nouvelle nuit de violences dans un quartier immigré d’Amsterdam
Amsterdam – Des troubles ont éclaté pour la sixième nuit consécutive, samedi soir, dans un quartier d’Amsterdam à forte population immigrée, a rapporté la police néerlandaise. Quatre voitures ont été incendiées.
Les violences ont commencé après la mort, le week-end dernier, d’un homme d’origine marocaine, abattu par la police après avoir poignardé et blessé deux policiers.
Agé de 22 ans, ce Marocain était traité pour des problèmes psychiatrique et avait dans le passé été interrogé sur ses contacts avec des activistes islamistes impliqués dans le meurtre du cinéaste néerlandais Theo van Gogh.
Les incendies de samedi portent à 11 le nombre de voitures brûlées, a dit un porte-parole de la police.
Un million environ de musulmans vivent aux Pays-Bas sur une population de 16 millions d’habitants. La plupart vivent dans les grandes villes.
SDA-ATS
La crainte d’un scénario « à la française » après les violences près d’Amsterdam
LE MONDE | 23.10.07 | 15h18 •
BRUXELLES CORRESPONDANT
L
es autorités néerlandaises craignent un phénomène de violences « à la française » dans les banlieues après des incidents à Amsterdam. Depuis une semaine, une dizaine d’arrestations ont été opérées et une vingtaine de voitures incendiées dans le quartier de Slotervaart, une zone « difficile », à l’ouest de la ville. Quelques voitures ont également pris feu à La Haye au cours du week-end du 20 octobre, sans qu’on sache avec précision si ces incidents sont liés.
C’est de Slotervaart qu’était originaire Bilal B., 22 ans, abattu par un policier le 14 octobre. Le jeune homme, souffrant de troubles psychiques, avait pénétré dans un commissariat pour poignarder deux gardiens de la paix. Il les avait blessés. Selon des sources policières, Bilal B. avait des liens avec les milieux islamistes. Il avait été interrogé comme témoin dans le cadre de l’enquête sur l’assassinat, en 2004, du cinéaste Theo Van Gogh par Mohammed Bouyeri, membre du groupe Hofstad, lui aussi originaire de Slotervaart.
Malgré des appels au calme lancés par le maire du quartier, un travailliste d’origine marocaine, des groupes de jeunes ont, pendant plusieurs nuits, multiplié les incidents. Ces violences ont suscité un débat politique à la Deuxième chambre, où une majorité de députés s’est dite favorable, samedi 20 octobre, à des sanctions financières contre les parents des casseurs.
Un adjoint au maire travailliste d’Amsterdam avait évoqué la limitation des allocations familiales dans certains cas. Des élus de droite ont proposé de rendre les familles financièrement responsables des dégâts causés. Des objets appartenant aux jeunes, comme des scooters ou des téléphones mobiles pourraient être immédiatement saisis.
Jean-Pierre Stroobants
Article paru dans l’édition du 24.10.07.
Amsterdam appréhende des émeutes «à la française»
Libération
De notre correspondante à Amsterdam SABINE CESSOU
mercredi 24 octobre 2007
Au-delà du périphérique, dans les faubourgs d’Amsterdam-ouest, le poste de police de Slotervaart, un quartier où réside une forte communauté d’immigrés, est placé sous haute surveillance. Postés sur un parking, des motards en uniforme surveillent son entrée, nuit et jour. A l’intérieur, une policière énervée demande à deux hommes d’origine marocaine ce qu’ils font là et ce qu’ils veulent. Un officier intervient : pas de problème, il vient de raccompagner ces personnes, il les connaît.
«Pure provoc». Manifestement, les agents de Slotervaart sont encore sous le choc. Le 14 octobre, Bilal Bakaja, un Néerlando-Marocain de 22 ans, a franchi les deux portes à ouverture automatique du commissariat. Sans crier gare, il a sauté par-dessus le comptoir de la réception et poignardé la policière de service, puis un de ses collègues, avant d’être abattu. Les deux agents ont survécu, mais le lendemain soir, une vingtaine de jeunes ont jeté des pierres dans les vitres du poste de police et sur le camion d’une chaîne de télévision. Ils ont aussi mis le feu à une voiture, un acte répété toutes les nuits depuis, malgré les patrouilles incessantes. Le 17 octobre, huit d’entre eux ont été arrêtés, certains en possession d’un jerrican d’essence. La plupart ont été relâchés par la justice, une décision ouvertement critiquée par la police, qui demande plus de fermeté.
Aziz, 17 ans, a le même âge que les fauteurs de trouble. Ce lycéen, né à Slotervaart de parents marocains, comprend la colère des jeunes de son quartier, même s’il ne la partage pas. «A la télé, dit-il, on nous a d’abord parlé d’une attaque terroriste. Puis, le chef de la police a déclaré qu’on aurait des émeutes comme à Paris. De la pure provoc ! Tout ça n’a rien à voir avec l’islam, même si tout le monde vous dira sans doute le contraire.»
«Des héros». Bilal Bakaja, en effet, était un proche du groupe Hofstad, nébuleuse islamiste à laquelle appartenait Mohammed Bouyeri, le meurtrier du cinéaste Theo Van Gogh, égorgé le 2 novembre 2004 en pleine rue d’Amsterdam. Déjà fiché comme braqueur récidiviste, Bilal Bajaka avait été interrogé en tant que témoin, au cours du procès qui avait suivi. Un juge l’avait envoyé dans une clinique psychiatrique, au début de l’année, en raison de ses problèmes mentaux. Il en était sorti en août, pour y retourner brièvement, de son propre chef, le 12 octobre, sous le coup de pulsions suicidaires.
Aïcha Azzough, 38 ans, assistante sociale de l’arrondissement de Slotervaart, ne cache pas son inquiétude. «Les émeutiers vont devenir des héros, comme Mohammed Bouyeri, parce qu’ils défient l’ordre établi. Je crains qu’ils en entraînent d’autres : des jeunes qui veulent tout casser parce qu’ils en ont assez d’être appelés “allochtones”, ou de se voir refuser du travail sous prétexte qu’ils ne parlent pas assez bien le néerlandais, alors qu’ils sont nés et ont grandi ici.» Pour elle, le spectre de Paris paraît tout de même risible. «A Slotervaart, neuf voitures ont brûlé, pas un millier. Pourquoi nous comparer avec l’étranger ? Les Pays-Bas ont aussi eu leurs grandes émeutes, en mars, à Utrecht.» Une bavure policière avait alors tourné à la bataille rangée, pendant plusieurs jours, entre jeunes «allochtones» et supporteurs de foot «autochtones», venus de tout le pays.
Les banlieues d’Amsterdam vivent des nuits de violences
LE MONDE | 26.10.07 | 13h22 • Mis à jour le 26.10.07 | 14h35
AMSTERDAM ENVOYÉ SPÉCIAL
I
ci, la douce ambiance des canaux et la beauté des maisons à pignon d’Amsterdam semblent lointaines. A Slotervaart, les petits immeubles sont gris, les mines tristes, et les poubelles débordent de papiers. Dans ce quartier de 45 000 habitants, qui fait partie d’Amsterdam, une trentaine de véhicules ont brûlé ces derniers jours, dont celui d’un handicapé, le 23 octobre.
On distingue les traces des violences qui se déclenchent la nuit tombée, lorsque quelques dizaines de casseurs s’en prennent à la police, à des bâtiments publics ou à des voitures. Un jeune traîne, parka blanche, tee-shirt bleu ciel et pantalon « baggy ». Qu’a-t-il vu ? « Rien, un peu de bagarre. » Qu’en pense-t-il ? « C’est marrant, non ?… » La cause ? « Un gars du coin, abattu par des bâtards de flics… »
L’anonyme tourne les talons, craignant d’avoir affaire à l’un de ceux qui traquent l’absentéisme scolaire. Dans le quartier, peuplé à 50 % d’étrangers, un tiers des adolescents sont en décrochage.
Le « gars du coin », Bilal B., 22 ans, est entré, dimanche 14 octobre, dans le commissariat de la place August-Allebé. Il a blessé deux agents avec un couteau avant d’être abattu. Le jeune homme souffrait de troubles psychiques. Connu pour divers actes criminels depuis 1998, il avait lui-même réclamé son internement quelques jours plus tôt. Il effectuait une promenade avec son éducateur mais a échappé à sa surveillance.
La nouvelle de la mort du jeune d’origine marocaine s’est vite répandue. Ahmed Marcouch, le responsable travailliste de la mairie de quartier, les travailleurs sociaux, la mosquée, le comité des mères : tout le monde s’est immédiatement mobilisé. La situation semblait sous contrôle jusqu’à ce que quelques dizaines de jeunes descendent dans la rue. Depuis, les échauffourées se sont étendues à des quartiers voisins, faisant surgir le spectre d’émeutes « à la française ».
Lodewijk Asscher, adjoint au maire travailliste d’Amsterdam, réfute la comparaison : « Les jeunes des banlieues françaises sont sans perspectives. Chez nous, la situation est moins dramatique, le chômage moins répandu. Nous investissons 100 millions d’euros dans la restructuration sociale et physique de nos quartiers, 70 millions pour l’éducation et la prévention. » Toutefois, confesse M. Asscher, « les talents de nombreux jeunes sont mal exploités et nous courons le risque d’une ville coupée en deux ».
Favorable à une « approche douce », la mairie préfère ne pas insister sur le facteur religieux, à savoir la question de l’islam, omniprésente dans le débat public néerlandais depuis l’assassinat en 2004 du cinéaste Theo Van Gogh par un jeune islamiste, originaire de Slotervaart. Depuis, une bonne partie de l’opinion a tendance à confondre immigration, insécurité et islamisme.
Les inquiétudes nées des événements de Slotervaart viennent du fait que Bilal B. connaissait des membres de la cellule terroriste Hofstad, et que tout le monde dit savoir que des recruteurs sont à l’oeuvre dans le quartier, où une trentaine d’associations quadrillent le terrain pour empêcher les jeunes d’être attirés dans les mosquées intégristes. Pendant longtemps, les autorités ont toléré des prêches où l’on évoquait la lapidation des femmes, la punition des homosexuels et la haine des juifs. La mosquée Al-Tawhid, rue Jan-Hanzen, a été l’un de ces lieux. L’assassin de Van Gogh est passé par là.
A la mairie, M. Marcouch, fils d’un immigrant marocain et ex-policier, expérimente quotidiennement les effets de la radicalisation. Un jour, un gamin de 11 ans l’a traité, en arabe, de « traître ». L’homme ne dévie pas de sa ligne dure : « intolérance contre l’intolérance », responsabilisation des parents de casseurs, avec pénalité financière à la clé s’il le faut.
La démarche est critiquée par des travailleurs sociaux. Lodewijk Asscher l’approuve, mais veut distinguer le phénomène de la violence de celui du radicalisme religieux : « Ceux qui cassent ne sont pas des radicaux. D’ailleurs, ces derniers sont plus difficiles à repérer. »
Jean-Pierre Stroobants/
Article paru dans l’édition du 27.10.07.
Manifestation festive contre les tensions communautaires à Amsterdam
RTL info
dimanche 28 oct
Près de 200 personnes ont manifesté de façon festive samedi à Slotervaart, un quartier à forte densité immigrée d’Amsterdam qui a traversé quelques jours de tensions, pour souligner la cohésion entre les habitants et les initiatives positives dans le quartier.
Cette manifestation, avec tambours et trompettes, à l’initiative de mères de famille habitant le quartier, intervient après quelques jours de tensions.
Début octobre, un lycéen de 16 ans était décédé après avoir été poignardé par un condisciple de 14 ans. Quelques jours plus tard, une policière avait abattu un homme qui avait grièvement blessé à l’aide d’un couteau deux policiers dans un commissariat du quartier. Ce dernier incident avait provoqué la colère de jeunes habitants, qui avaient brisé les fenêtres du commissariat et mis le feu à quelques voitures, de nuit, dans les jours qui avaient suivi l’incident.
Article hollandais sur la fête avec photos











